Sauvés par les œuvres ? (Paul Helm)

En Romains 2, l’apôtre Paul suggère que même s’il est possible d’obéir à la loi de Dieu en théorie, nul homme n’y parvient dans les faits. C’est ce qui explique que l’Évangile est de grâce. Il était nécessaire que Dieu accorde sa grâce parce que le salaire du péché est la mort et que tous les hommes ont péché et sont privés de la gloire de Dieu. C’est cette réalité qui rend le don de Dieu si surprenant.

Mais il existe d’autres passages dans la Bible qui (du moins à première vue) semblent enseigner que certains individus seront sauvés par leurs propres œuvres. Il est important de prendre en considération ces passages, à la fois pour dissiper d’éventuelles confusions et pour analyser l’enseignement biblique de manière plus détaillée.

Les passages qui semblent se prêter le plus à une telle interprétation sont les suivants :

« Car le Fils de l’homme doit venir dans la gloire de son Père, avec ses anges ; et alors il rendra à chacun selon ses œuvres » (Matthieu 16:27) ;

« Dieu…qui rendra à chacun selon ses œuvres » (Romains 2:6) ;

« Je frapperai de mort ses enfants ; et toutes les églises connaîtront que je suis celui qui sonde les reins et les cœurs, et je rendrai à chacun de vous selon ses œuvres » (Apocalypse 2:23).

Si ces textes enseignaient le salut par les œuvres, leur message serait porteur d’un désespoir profond compte tenu de ce que les Écritures affirment par ailleurs. En effet, nous avons déjà vu qu’elles enseignent que nul ne peut espérer se justifier par les œuvres de la loi. Si nous devions être justifiés devant Dieu par les œuvres de la loi, nous serions tous condamnés (Galates 3:10).

Y aurait-il donc une contradiction dans les Écritures, des passages où elles enseignent le salut par les œuvres et d’autres où c’est uniquement par grâce ? Pas du tout. Il existe une distinction fondamentale entre un jugement selon les œuvres et un jugement à cause des œuvres. Les Écritures n’enseignent nulle part qu’un individu obtient la justification par ses œuvres. En fait, elles affirment exactement le contraire. La justification s’obtient par la grâce divine et par la foi (Romains 4:16). Cette foi n’est pas une œuvre méritoire mais le moyen par lequel l’homme place sa confiance dans un Sauveur qui est entièrement suffisant. Personne n’est justifié à cause de ses œuvres, ni à cause de sa foi. Nous sommes justifiés par la foi et selon nos œuvres.

La justification comporte différentes étapes

Lorsqu’un homme convaincu de péché se repent et s’en remet pleinement à Christ pour être secouru, il est justifié. Un tel homme obtiendra la justification finale devant tous lorsque les « fruits » de la grâce (son obéissance à Dieu) manifesteront publiquement la réalité de sa justification. C’est dans ce sens-là qu’il est justifié par ses œuvres. Ses œuvres d’obéissance ne le justifient pas mais elles prouvent qu’il est justifié. 

2 catégories de personnes

Le Jugement dernier concerne deux catégories de personnes. Il y a ceux qui ne placent pas une confiance entière et sincère en Christ, mais qui se confient en quelque chose d’autre pour gagner l’acceptation de Dieu et être justifiés devant lui. Ces hommes seront jugés selon leurs œuvres et condamnés devant Dieu. Ils ont péché et sont privés de la gloire de Dieu, et ils refusent de s’approprier le remède auquel Dieu a pourvu dans sa grâce. Ils ne sont pas sauvés par les œuvres, mais ils sont immanquablement jugés selon leurs œuvres.

La deuxième catégorie regroupe ceux qui placent leur confiance dans la miséricorde de Dieu et se reposent explicitement (du moins à l’ère du Nouveau Testament) dans le sang et la justice de Christ. Ce sont les membres de l’Église universelle de Christ. Le jugement sera pour eux un test où la réalité de leur foi en Christ sera passée au crible et fera l’objet d’un examen public devant le tribunal. Comment la foi d’une personne peut-elle être publiquement déclarée ? En la jugeant selon ses œuvres bien sûr, les actions qui accompagnent la foi qui sauve et sans lesquelles la foi est « morte en elle-même » (Jacques 2:17). Il en est de même pour ceux dont la profession de foi en Christ est une imposture. Le test public de la réalité de leur foi à travers leurs œuvres révèlera leur hypocrisie. Lorsque les auteurs bibliques décrivent le jugement public de ceux qui se disent chrétiens, il n’est donc pas surprenant qu’ils évoquent un jugement selon les œuvres, puisque l’enjeu est la réalité de leur foi et que la foi se manifeste au moyen des œuvres. 

Certains passages expriment cette réalité de manière particulièrement frappante, comme Matthieu 7:21 : « Ceux qui me disent : Seigneur, Seigneur ! n’entreront pas tous dans le royaume des cieux, mais seulement celui qui fait la volonté de mon Père qui est dans les cieux. » Cette affirmation pourrait donner à penser que le salut s’obtient en faisant la volonté du Père. Mais Christ décrit ici le jugement de l’Église qui professe la foi chrétienne, la mise à l’épreuve finale de la réalité de la profession de foi de ces gens.

Qu’ils professent ou non la foi en Christ, les hommes seront donc jugés selon leurs œuvres. Cela ne vient pas de ce que le salut s’obtient par les œuvres, mais parce que le Jugement dernier s’exerce soit envers ceux qui nourrissent l’espoir tragique d’être sauvés par leurs œuvres, soit envers ceux qui professent la foi en Christ et dont la profession est aussi mise à l’épreuve.

Il est important de souligner que d’après la Bible, le Jugement dernier est un événement public qui sera rendu par Jésus désormais au ciel et glorifié (Jean 5:22). Tout genou fléchira devant lui et toute langue confessera qu’il est Seigneur (Philippiens 2:10). Dieu a tout mis sous ses pieds (Éphésiens 1:22) ; il siège à la droite du Père, la place d’autorité suprême. C’est Jésus qui prononcera la sentence et déclarera les hommes maudits ou bénis (Matthieu 25:34).

Il est tout à fait juste qu’il en soit ainsi, car le Seigneur Jésus a subi la colère du jugement divin à la place des pécheurs et il en a triomphé par la résurrection. Il s’est substitué à eux et a enduré ce qu’ils auraient dû subir. Tous ceux qui sont unis à lui en sa mort et sa résurrection par la foi (Romains 6:4) seront glorifiés avec lui, tandis que ceux qui ne sont pas en Christ subiront le jugement divin réservé à ses ennemis.


Cet article est tiré du livre : Les choses dernières de Paul Helm