Prier pour notre famille en utilisant les pronoms au pluriel (John Onwuchekwa)

Quand Jésus a enseigné aux disciples comment prier, il voulait qu’ils se souviennent des besoins des autres, pas seulement des leurs. Il continue donc à utiliser les pronoms au pluriel : « donne-nous… pardonne-nous… ne nous induis pas… ». Cela s’applique évidemment à la prière en public. Quand vous priez en groupe, impliquez les autres en utilisant des termes comme « nous ».

Même quand nous prions seuls, nous devrions aussi penser à nos proches. Nous devrions être préoccupés par la manière dont nous pouvons les aimer. Si nous croyons réellement que Jésus est assez bon pour nous donner quelque chose, nous devons croire qu’il est assez bon pour le donner aux autres. Utiliser les pronoms pluriels dans la prière, comme Jésus nous l’a enseigné, est l’une des meilleures façons d’aimer les autres, parce que, même quand nous ne pouvons les voir, ils ne devraient jamais quitter nos pensées.

Quand vous priez pour de bonnes choses, comme la nourriture, le pardon ou la protection, qui avez-vous en tête quand vous prononcez ce « nous » ? Je suppose qu’il s’agit des personnes que vous appréciez ou que vous aimez.

Mais est-ce que vous priez aussi pour que Dieu accorde la nourriture, le pardon et la protection aux personnes qui vous contrarient et vous agacent ? Combien de fois priez-vous pour eux ? Est-ce que vous rayez certaines personnes de votre liste de prière tant qu’elles ne se sont pas améliorées ? Il est difficile d’inclure nos ennemis dans ce « nous ». Nous ne prions peut-être pas pour leur destruction ou leur ruine, mais nous ne prions pas vraiment non plus pour leur prospérité, n’est-ce pas ? Nous prions Dieu pour qu’il nous aide à interagir avec eux, mais c’est différent que de prier pour leur bien-être.

Prier en détail

Quand nous prions en utilisant la première personne du pluriel (nous), il est possible qu’aucune personne en particulier ne nous vienne à l’esprit et que l’on pense simplement à un ensemble de silhouettes. De vagues prières pour des silhouettes n’aident cependant pas nos frères et sœurs. C’est plutôt un signe de négligence. Cela n’aide personne, et Dieu n’est pas honoré. J. C. Ryle écrit :

« Il ne suffit pas de confesser que nous sommes pécheurs ; nous devrions nommer les péchés pour lesquels nous nous sentons le plus coupables. Il ne suffit pas de demander la sainteté ; nous devrions citer les grâces qui nous font le plus défaut. Il ne suffit pas de dire au Seigneur que nous rencontrons des problèmes ; nous devrions décrire nos difficultés en détail […].

Que penserions-nous d’un malade qui se contenterait de dire à son docteur qu’il est malade, sans entrer dans les détails ? Que penserions-nous si une femme disait à son mari qu’elle est malheureuse, sans en préciser la cause ? Que penserions-nous d’un enfant qui dirait à son père qu’il a des soucis, sans rien ajouter de plus ? Christ est le véritable époux de l’âme, le vrai médecin du cœur, le véritable père de son peuple. Prouvons donc que nous en sommes conscients en étant sans réserve dans nos conversations avec lui [1]. »

Prier spécifiquement

La sagesse de Ryle ne s’applique pas simplement à nous individuellement, mais aussi collectivement. Nous sommes à court de sujets de prière quand nous faisons de vagues prières pour des personnes indéfinies. Il est facile de parer à toute éventualité nous concernant et de quitter la présence de Dieu en étant aussi blasés et indifférents que nous l’étions en entrant dans sa présence. Par contre, si nos prières commencent à abonder en demandes précises pour des personnes précises, nous échappons au danger des silhouettes. Nous commençons à saisir le bonheur qu’il y a à prier pour les besoins réels de personnes réelles.

Luttons contre l’égoïsme

J. C. Ryle poursuit :

« Nous sommes tous égoïstes par nature, et notre égoïsme a le don de se coller à nous, même après notre conversion. Il y a en nous une tendance à ne nous préoccuper que de notre âme, de nos propres luttes spirituelles, de nos propres progrès dans la foi, et à oublier les autres. Nous devons tous être vigilants et lutter contre cette tendance, particulièrement dans nos prières. Nous devons nous entraîner à développer un esprit de communauté. Nous devrions nous inciter à nommer d’autres personnes que nous-mêmes devant le trône de grâce. Nous devons tenter de porter dans nos cœurs le monde entier : les païens, les Juifs, les catholiques romains, le corps des vrais chrétiens, les Églises protestantes professantes, le pays dans lequel nous vivons, l’assemblée à laquelle nous appartenons, la famille avec laquelle nous habitons, les amis et les parents avec qui nous sommes en lien.

Nous devons prier pour chacun et pour tous. C’est là le plus haut degré de l’amour, car celui qui m’aime en prière est celui qui m’aime le mieux. Il en va de la santé de notre âme, car agir ainsi accroit notre compassion et élargit nos cœurs. C’est pour le bien de l’Église, car la prière met en mouvement tous les rouages de la propagation de l’Évangile. Ceux qui intercèdent, comme Moise sur la montagne, font autant avancer la cause du Seigneur que ceux qui, comme Josué, sont au cœur de la bataille. C’est être comme Christ qui, en tant que souverain sacrificateur, porte auprès du Père le nom de ceux qui le suivent. Quel privilège d’être comme Jésus ! C’est ainsi que l’on vient en aide aux pasteurs. Si j’avais à choisir une assemblée, je demanderais à Dieu de m’en donner une qui prie [2]. »

L’Église locale

Ryle ne se satisfaisait pas d’un « nous » indéfini, et nous ne devrions pas nous en satisfaire non plus. L’Église locale est comme un gant qui épouse parfaitement les contours de la prière collective. Il existe bien sûr d’autres manières de prier ensemble et d’obéir à l’esprit de ce commandement sans l’Église locale. Je crois néanmoins que l’Église locale permet le mieux de définir le « nous » dans nos prières. Elle est comme la serre dans laquelle nos prières s’épanouissent. Elle crée l’environnement idéal pour maximiser les bienfaits de la prière tout en limitant les dangers de l’égoïsme et de l’orgueil cités plus haut.

Tous les chrétiens devraient pouvoir bénéficier du fait d’être membre d’une Église locale. L’Église locale accomplit, à sa manière, la parole de Genèse 2.18 :

« Il n’est pas bon que l’homme soit seul. »

Il se peut qu’un chrétien n’ait pas de famille terrestre et qu’il soit orphelin dans le monde ; qu’il n’ait pas d’épouse, ou qu’il perde l’épouse qu’il aimait ; qu’il soit rejeté par la culture à cause de sa foi ; qu’il soit entouré de personnes venant d’une culture complètement différente. Toutefois, un chrétien engagé dans une Église locale n’est jamais seul. Tant que l’Église subsiste (c’est-à-dire éternellement), le chrétien fait toujours partie d’un « nous ». L’Église locale prend la théorie du christianisme et la rend tangible — dans l’amour, en actes, et surtout dans la prière.


[1] J. C. Ryle, A Call to Prayer: With Study Guide [Priez-vous ? Question pour le moment présent], trad. libre, Chapel Library, Pensacola, Flor., 1998, p. 34.
[2] Ibid, p. 34-35

Cet article est tiré du livre : La prière de John Onwuchekwa