5 tentations liées à la prière dans l’Église locale (John Onwuchekwa)

La première étape dans la lutte contre ces tentations est de les révéler et de les nommer. Je tenterai donc d’être concis et sincère. L’étape suivante implique de revenir dans le droit chemin. Je tenterai donc de vous indiquer où il se trouve. Faisons donc la lumière sur notre ennemi invisible afin que nous ne soyons pas aveugles. Nous n’ignorons pas ses manigances. Exposons-les donc au grand jour pour ce qu’elles sont.

Tentation no 1 : Annuler une réunion de prière.

Quelque chose surviendra. Il y a toujours quelque chose d’autre à faire. Dieu nous donne la possibilité de communiquer avec lui partout et en tout temps. On pourrait croire que ce genre d’accessibilité nous rend zélés dans la prière, mais ce n’est pas le cas. Cela nous rend flexibles dans un mauvais sens : nous pensons toujours que nous pourrons trouver le temps de prier plus tard. S’il y a une chose que j’ai apprise, en plus de vingt ans passés sur les bancs d’école comme professionnel de la procrastination, c’est que « plus tard » ne vient jamais aussi tôt que vous le pensiez.

Le droit chemin

Ne remettez pas à plus tard la priorité qu’est la prière. Dans la mesure du possible, considérez les temps de prière collective comme coulés dans le béton. Si vous annulez ou manquez une réunion de prière une fois, ce n’est pas bien grave. Par contre, si cela se répète, cela en dit long sur la priorité donnée à la prière dans votre vie d’Église.

Nous n’avons pas reçu la liberté de communiquer avec Dieu afin de pouvoir l’insérer à notre guise dans nos emplois du temps. Dieu nous offre cet accès libre et fréquent à sa présence parce que nous en avons toujours besoin. C’est pourquoi nous devrions toujours prier (voir 1 Th 5.17).

Par votre persévérance dans la prière et votre présence aux réunions, vous contribuez à renforcer cette vérité dans la vie de votre Église. Je ne pense pas que beaucoup d’entre nous luttent avec le fait de prier trop, ou que d’autres priorités soient mises de côté dans nos vies parce que nous assistons à trop de réunions de prière. Je m’arrêterai donc là. Amis pasteurs, n’annulez pas les réunions de prière. Amis chrétiens, ne les manquez pas.

Tentation no 2 : Façonner votre théologie sur la prière en fonction de la façon dont Dieu a répondu à votre dernière prière.

Combien de fois avons-nous été découragés en entendant Dieu nous répondre « non » ? C’est souvent là que l’abandon de la prière commence. Pourquoi se donner la peine de prier si la prière ne fonctionne pas ? « J’ai prié de tout cœur, fidèlement et régulièrement, pour la guérison d’un être cher, et il est décédé malgré tout. J’en ai fini avec la prière. »

Le droit chemin

Gardez une trace des choses pour lesquelles vous avez prié. Chacune d’entre elles. Amis pasteurs, c’est ainsi que vous pouvez aider votre Église à persévérer. Amis chrétiens, c’est ainsi que vous pouvez aider votre Église à demeurer fidèle. Le fait de consulter régulièrement la liste des choses pour lesquelles vous avez prié peut vous aider à voir à quel point Dieu a été fidèle, parfois d’une manière que vous aviez complètement oubliée. En agissant ainsi, vous laissez un fil d’Ariane que votre Église peut suivre pour se souvenir de la fidélité de Dieu quand elle a l’impression d’être dans un désert.

Parfois, dans la vie de l’Église, les prières non exaucées sont tout aussi utiles que celles qui l’ont été. Elles nous rappellent que nous n’imposons pas notre volonté à Dieu. C’est lui qui dirige toutes choses. Nous faisons nos demandes, mais il s’agit bien de demandes, et non d’exigences. Son point de vue est meilleur que le nôtre, alors nous le remercions rétrospectivement pour toute prière exaucée ou non. Prier, c’est laisser la direction de nos vies dans les mains de Dieu. Neuf années de prière pour avoir un enfant ont rendu l’adoption de notre fille d’autant plus belle, surtout quand nous avons partagé avec d’autres ce que Dieu avait fait. À travers cette expérience, nous avons vu des centaines (sinon des milliers) de personnes, qui nous avaient accompagnés durant toutes ces années, se réjouir de la fidélité de Dieu.

En 2015, le dimanche soir de la création de notre Église, au sein d’une des périodes les plus sombres que nous ayons vécu ensemble, nous avons commencé notre temps de prière en lisant la liste des vingt-cinq choses pour lesquelles nous avions prié sans cesse au cours des huit derniers mois pour le succès de l’Église et l’établissement d’un témoignage évangélique dans l’ouest d’Atlanta. Nous avons ensuite lu de quelle manière Dieu avait dépassé nos espérances en réponse à ces vingt-cinq requêtes. Le but n’était pas d’enseigner que Dieu nous donne tout ce que nous lui demandons, si nous les demandons avec assez d’ardeur. Le but était de mettre l’accent sur la fidélité de Dieu dans les temps de souffrance, parce que c’est si facile de l’oublier. C’est comme la pièce de monnaie qui éclipse le soleil parce qu’elle est trop près de notre œil. Gardez une trace de la fidélité de Dieu, et aidez votre Église à éloigner la pièce de son œil de temps en temps.

Tentation no 3 : Individualiser ce que Dieu a destiné à être collectif.

Ce n’est pas parce que nous pouvons prier en privé que nous devons prier uniquement en privé. Bien que la prière soit souvent une action individuelle, nous devrions régulièrement impliquer les autres. Si nous avons du mal à prier, notre tendance sera de nous cacher.

Le droit chemin

N’ayez pas peur d’utiliser les pronoms pluriels dans vos prières, surtout dans les réunions d’Église. Le fait d’utiliser des pronoms pluriels dans nos réunions rappelle à l’Église que, quand nous nous rassemblons, nous sommes des participants et non simplement des spectateurs. L’utilisation des pronoms pluriels dans nos prières individuelles nous aide à nous souvenir que nous ne sommes pas que des individus isolés ; nous faisons partie d’une famille. Quand nous pensons à « nous », ce sont des noms, des visages et des sourires qui devraient nous venir à l’esprit, et non de simples silhouettes. C’est là l’intérêt de rejoindre une Église locale. Les silhouettes sont remplacées par de réelles personnes ayant des besoins spécifiques.

Prier ensemble, même quand nous confessons nos péchés, est la recette divine pour vivre la liberté. Cela nous rend humbles. C’est pourquoi Jacques écrit que nous devons confesser nos péchés les uns aux autres et prier les uns pour les autres afin que nous soyons guéris (voir Ja 5.16). Mon ami John Henderson dit que Dieu nous invite à confesser nos péchés les uns aux autres parce que ce qui nous empêche de confesser notre péché est exactement ce qui nous maintient prisonniers de ce péché, à savoir l’orgueil, l’ego et la peur du regard de l’autre. Ce sont ces pêches qui gisent sous la surface. Impliquer les autres dans nos prières, surtout dans nos prières de confession, est le merveilleux don de liberté que Dieu nous fait.

Tentation no 4 : Partir du principe que les gens savent ce qu’est la prière et comment la pratiquer.

C’est mon cheval de bataille dans cet article. Le simple fait que la prière soit nécessaire ne signifie pas que cela nous vienne naturellement.

Le droit chemin

Ne manquez pas une occasion d’enseigner aux autres à prier. Peut-être que vous avez de la facilité à prier et que vous n’avez pas besoin de beaucoup de préparation avant de conduire une réunion de prière, mais sachez que les prières improvisées ne fournissent pas forcement le meilleur exemple a suivre. Je ne vous dis pas d’écrire des prières et de les mettre en scène ensuite. Ce que je vous dis, c’est de vous préparer pour que le reste de l’Église soit édifié et que votre prière devienne un exemple pour eux.

Quand il s’agit de chanter, tout le monde veut une chanson composée. Pourtant, quand il s’agit de la prière, beaucoup insistent sur l’improvisation. La préparation des prières n’est pas l’ennemie de l’authenticité. Elle est une alliée de la clarté et une expression d’amour pour Dieu et pour les autres. Écrire des prières à l’avance et les offrir à Dieu en présence de son peuple n’est pas moins authentique que d’écrire une lettre à votre femme et la lui donner le lendemain. Le contenu de la lettre est sincère. Votre femme appréciera peut-être le fait que vous ayez pris le temps de clarifier votre pensée et de l’écrire. La préparation est un bon moyen de bien communiquer votre ressenti.

Nous n’instruisons pas seulement les autres en théorie, mais aussi en pratique. Apprenez à utiliser la question « comment puis-je prier pour toi ? » chaque fois que vous entendez parler d’un problème ou d’une préoccupation. Que les problèmes, les préoccupations, voire les froncements de sourcils, deviennent pour vous un déclic pour poser cette question. Étant donné que nous pouvons prier Dieu n’importe quand, ne remettez pas à plus tard une demande de prière. Faites-le immédiatement, et vous aiderez ainsi les autres à découvrir l’utilité de la prière.

Les enfants n’apprennent pas ce qu’est un chien en cherchant le mot « chien » dans un dictionnaire, mais à l’aide de quelqu’un qui leur en montre un qui passe dans la rue. Ils apprennent dans le contexte de la vraie vie. Il en est de même pour la prière. Lire un livre sur la prière est une bonne chose. Toutefois, c’est encore mieux de partager vos fardeaux les uns aux autres et de les présenter ensemble à Dieu.

Tentation no 5 : Évaluer l’efficacité de votre réunion de prière au nombre de personnes qui y assistent.

Cette tentation est l’une des plus difficiles à surmonter, surtout dans notre culture orientée sur les résultats. Si vous avez de la difficulté à réunir quelques personnes pour les réunions de prière, pendant des mois ou des années, il est facile de penser que vous vous y prenez mal. Vous serez tentés de penser qu’il vous faut innover.

Le droit chemin

Pensez à l’intentionnalité, non à l’innovation. La meilleure façon que je connaisse d’être intentionnel est de prier pour toute chose. Que la tentation de vous inquiéter serve de signal d’alarme divin pour vous rappeler qu’il est temps de prier. Cela se présentera à de nombreuses reprises dans la journée. N’attendez pas la réunion de prière pour prier avec les autres. Ce sont parfois les prières constantes, passionnées et répétées en dehors des réunions qui servent de combustible pour réchauffer suffisamment nos cœurs froids et les amener à prier avec les autres.

Préparez-vous aussi à être déçu. Il y aura probablement peu de personnes présentes à la réunion, du moins au début. Mais continuez à vous battre. Si une seule autre personne se joint à vous, c’est une réunion de prière. N’abandonnez pas trop vite, et ne pensez pas trop vite qu’il faut changer quelque chose. Peut-être que quelque chose doit changer, mais peut-être qu’il vous faut juste rester fidèle. Obéissez à ce que Dieu nous a appelés à faire en tant qu’Église, et semez ces graines. Dieu les fera croitre en son temps.

Cultiver la prière dans la vie de l’Église est un marathon, pas un sprint. Cela s’apparente au processus qui amène le gland à devenir un chêne. Cela nécessite beaucoup de temps et un travail de tous les jours qui n’est pas reconnu. Beaucoup de facteurs externes œuvrent contre la croissance de la prière dans la vie de l’Église ; aucun n’est plus apparent que la prospérité.

La prière s’épanouit souvent là où existe la persécution. L’absence de difficultés cultive un sentiment d’autosuffisance qui nous amène à croire que nous possédons tout ce dont nous avons besoin. N’abandonnez pas. Rappelez à l’Église à quel point elle a désespérément besoin de Dieu, et faites ensuite tout ce qui est en votre pouvoir pour l’amener devant lui par la prière. Préparez-vous à avoir peu d’adeptes au début. Acceptez cela. La puissance de nos prières ne se trouve pas dans le nombre de personnes qui prient, mais dans la volonté de celui que nous prions.


Cet article est tiré du livre : La prière de John Onwuchekwa