Les racines de la grâce dans l’exode (John Piper)

Dieu se souvient de son alliance

Sans aucun doute, Dieu s’est souvenu de son alliance avec Abraham quand il a sauvé Israël de l’Égypte (Ex 2.24 ; 6.5). Or, cette alliance a été accomplie aussi librement et gratuitement que la grâce accordée au moment de l’exode :

Voici, à l’Éternel, ton Dieu, appartiennent les cieux et les cieux des cieux, la terre et tout ce qu’elle renferme. Et c’est à tes pères seulement que l’Éternel s’est attaché pour les aimer ; et, après eux, c’est leur postérité, c’est vous qu’il a choisis d’entre tous les peuples, comme vous le voyez aujourd’hui (De 10.14,15).

Tous les peuples lui apartiennent

L’élection d’Abraham, au tout début de l’histoire d’Israël, n’est pas liée à une quelconque contrainte venant de l’extérieur que Dieu aurait subie. Il n’était pas dans l’obligation de choisir Israël et il aurait pu aisément sélectionner une autre nation, comme il aurait pu n’en prendre aucune. Voilà ce qu’il faut comprendre à la lecture de ce verset : « À l’Éternel, ton Dieu, appartiennent les cieux et les cieux des cieux, la terre et tout ce qu’elle renferme » (De 10.14). Tous les peuples lui appartiennent, et il peut choisir qui il veut. Clairement, l’élection des enfants d’Israël s’est faite en toute liberté. Dieu se réjouit simplement de les aimer ; ce n’est pas à cause de la supériorité de leur confiance en lui ou de leur droiture. La foi n’est pas ce qui motive le choix de Dieu, elle en est plutôt la réponse (Ge 15.6).

Donc, au moment de l’exode, quand Dieu choisit de sauver Israël et non l’Égypte, bien que tous deux sont rebelles (Né 9.10 ; Ps 106.7), sa décision est un prolongement du don de grâce qu’il avait offert au tout début, quand il a élu Abraham parmi tous les peuples du monde. L’alliance de Dieu ne l’oblige pas au salut d’une quelconque génération d’israélites incrédules.

Dieu peut susciter des enfants à Abraham

Toute génération qui prendrait pour acquis les bienfaits de l’alliance, supposant qu’on ne pourrait la condamner, devrait écouter attentivement la réponse que fait Jean le Baptiste à ceux qui affirment présomptueusement qu’ils ont Abraham pour père : « je vous déclare que de ces pierres-ci, Dieu peut susciter des enfants à Abraham » (Mt 3.9). Autrement dit, la souveraineté de Dieu le libère de toute pression ou manipulation induites par sa propre alliance.

On le voit en Égypte, au moment de la sortie d’Israël, tout comme on le constate, plus tard, à Jérusalem, lors de la première venue de Christ. L’exode est une œuvre de grâce, libre de toute contrainte, qui a pour objectif de faire un nom à Yahvé, ou, comme Paul l’exprimera plus tard, de « célébrer la gloire de la grâce de Dieu » (Ép 1.6).Le nom que Dieu se fait pour lui-même, durant cette période, plonge ses racines dans le nom qu’il révèle : « Je suis celui qui suis ».

Dieu est libre

Ce nom signifie « liberté », comme si Dieu affirmait : « Je ne suis lié par rien en dehors de moi-même. Je suis celui que mon propre sage conseil détermine que je serai (voir Ép 1.11). Je suis libre. » Lors de l’exode, le Seigneur se fait un nom pour lui-même en agissant comme le Dieu de la grâce, une grâce offerte totalement librement. C’est ainsi qu’il manifeste sa puissance salvatrice à un peuple (Israël) qui ne mérite pas plus d’être sauvé que les Égyptiens. Il est qui il est et il sauve qui il veut – il s’agit là de la liberté de la grâce. Sous le nom qu’il se fait pour lui-même se trouve le nom qu’il est en lui-même : « Je suis celui qui suis. »


Cet article est tiré du livre : « La providence de Dieu » de John Piper