Si Dieu est souverain, pourquoi son monde est-il plein de souffrances ? (John Piper)

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Nous ouvrons la semaine avec un e-mail assez brut provenant d’un homme qui souffre, un père qui souffre. Il est triste de constater que le monde est brisé. Et cette tristesse le touche de près. Voici son histoire, envoyée sous forme d’un e-mail anonyme.

Cher Pasteur John, pour être tout à fait franc et honnête avec vous, j’ai du mal à croire que le Seigneur dirige complètement son monde aujourd’hui. C’est impossible à croire simplement à cause de l’état du monde aujourd’hui – ou, je devrais dire, de son monde aujourd’hui. Non seulement notre nation s’est engagée sur la voie glissante de l’autodestruction immorale, mais notre économie vacille. La dette nationale monte en flèche. Les enfants à naître sont massacrés quotidiennement. Le nombre de meurtres en Amérique augmente. À Chicago, le taux de criminalité a atteint un tel niveau que je commence à croire qu’on est plus en sécurité en Irak ou en Afghanistan que dans le South Side. La plupart des enfants dorment sous leur lit de peur d’être victimes de violence armée.

Les luttes ont fait mouche pour nous aussi, une famille de quatre personnes. Nous avons un fils qui est né avec un TDAH, et cela a créé une vie de pure frustration, de douleur, de chagrin, et parfois même de désespoir. Un soir, alors qu’il essayait de faire ses devoirs sur la table de la cuisine, il m’a dit : « Papa, je déteste aller à l’école. Même les professeurs se moquent de moi. Je déteste le TDAH et ces médicaments qui me donnent la nausée. » Pasteur John, si Dieu est aux commandes, pourquoi y a-t-il tant de souffrance autour de nous ?

Eh bien, la chose la plus affligeante que ce cher homme dit est « c’est impossible à croire ». Et donc j’ai prié – je prie maintenant – pour que Dieu puisse peut-être utiliser quelque chose que je dis pour rendre cela possible à nouveau. Nous avons essayé d’aborder cette question à plusieurs reprises à Desiring God et dans Pastor John vous répond. Mais quand j’ai vu la question, je me suis dit que je voulais vraiment aborder cette question à nouveau.

Un monde de douleurs

Je ressens la pression déchirante du problème, non seulement à cause de la façon dont cet homme l’a si bien exprimé, mais aussi parce qu’il y a quelque temps, Noël et moi avons regardé un documentaire en trois parties intitulé « Pain, Pus, and Poison » (trad. « Douleur, pus et poison »). Dans le deuxième épisode, qui traite de l’histoire qui a précédé la découverte de la pénicilline et l’apparition des antibiotiques au XXe siècle, j’ai été presque submergé par l’idée que, pendant des milliers d’années, le monde a souffert des maladies les plus horribles sans aucune défense médicale – et en fait, avec des procédures médicales qui ont souvent aggravé la situation.

Par exemple, la nuit précédant la mort de George Washington, on lui a fait une saignée de quatre litres de sang. Quatre bouteilles. C’est presque 40 % de son sang. Ce deuxième épisode montrait des images de personnes mourant d’horribles infections ouvertes et de petits enfants couverts de plaies de variole, tandis que je regardais leurs mères éventer les mouches en attendant que leurs enfants meurent. Quand je les ai vues, ma femme a détourné le regard. Elle ne pouvait pas voir ça. Et je me suis mis à dire, haletant : « Non ! Et si j’étais là ? Et si j’étais le parent qui éventait cet enfant horriblement déformé, hideusement couvert de plaies de variole, et qui n’attendait qu’une mort misérable ? » Et cela s’est produit des millions de fois dans l’histoire du monde.

La plupart d’entre nous, en Occident, avons été épargnés de tout contact immédiat avec les formes les plus horribles, les plus épouvantables, les plus répugnantes d’infection, de défiguration et de douleur tordante. Et j’ai ressenti la force de la question : « Dieu, qu’est-ce que cela implique à ton sujet ? Que fais-tu ? Qu’est-ce que tu dis ? »

Et je sais, grâce à la question de cet homme et à des milliers d’autres, que de telles expériences de souffrance inimaginable et de défiguration hideuse ont confirmé d’innombrables personnes dans leur incrédulité. Ils diraient, comme lui : « C’est impossible, Piper. C’est tout simplement impossible de croire encore, simplement à cause de l’état du monde d’aujourd’hui. » C’est sa citation – seulement je dis que le problème est pire. Il est horriblement pire, car entre 1900 et 1977, 300 millions de personnes sont mortes de la variole. Puis, grâce à un effort massif de vaccination mondiale en 1977, elle a disparu – et aujourd’hui, plus personne. Pensez-y : de 300 millions à personne. Personne n’a la variole. Personne n’attrape la polio.

Le problème de la souffrance n’est pas que le monde a empiré. Oh oui, il va très mal, et il a documenté sa méchanceté. Le mal ne manque pas. Mais le problème le plus grave, c’est que pendant des milliers d’années, le monde était bien pire qu’aujourd’hui en termes d’horribles souffrances. Alors comment moi, John Piper, je reste croyant quand le peu de souffrance auquel j’ai été exposé, directement et indirectement, me coupe le souffle ? Voici mon témoignage. Je pense que j’ai trois pensées ici.

L’Écriture n’est pas naïve

La première chose qui me saisit, c’est le réalisme absolu de la Bible. J’ai passé plusieurs années à écrire un livre sur la providence et, mois après mois, j’ai été stupéfait de voir à quel point la Bible est franche, ouverte, directe et même sanglante lorsqu’elle présente les jugements de Dieu sur le monde, en particulier sur son propre peuple. Voici un petit aperçu de Deutéronome 28 :

L’Éternel te frappera de dépérissement, de fièvre, d’inflammation, de chaleur brûlante, de dessèchement, de rouille et de nielle. . . . Tu seras un objet d’effroi pour tous les royaumes de la terre. Ton cadavre servira de nourriture à tous les oiseaux du ciel et aux bêtes de la terre . . . L’Éternel te frappera de l’ulcère qui a frappé les Égyptiens, d’hémorroïdes, de gale et de teigne, et tu ne pourras pas en guérir. L’Éternel te frappera de délire, d’aveuglement, d’affolement . . . parce que tu n’auras pas obéi à l’Éternel, ton Dieu . . . pour n’avoir pas, au milieu de l’abondance générale, servi l’Éternel, ton Dieu, avec joie et de bon cœur.

(Deutéronome 28.22, 25–28, 45, 47)

Or, mon argument ici est simplement que nos objections aux voies de Dieu ne sont pas dues au fait que nous avons vu les choses plus clairement ou plus honnêtement que la Bible ne les voit. La Bible ne recule devant aucune horreur ou injustice dans ce monde. C’est mon premier pas. Je ne peux pas rejeter la Bible parce qu’elle est naïve ou trompeuse ou qu’elle blanchit les misères que Dieu lui-même ordonne.

Les souffrances témoignent du péché

Voici ma deuxième étape : je dirais que les horreurs physiques du monde ne peuvent avoir de sens pour nous et avoir une signification et une résolution juste éventuelle que si nous parvenons à embrasser la réalité biblique selon laquelle le péché contre un Dieu infiniment sage, juste et bon est un outrage moral plus grand que l’outrage physique de siècles de souffrance mondiale. Permettez-moi de le répéter, car c’est le cœur du problème, et il est très difficile pour les personnes qui n’ont pas bénéficié de l’action massive du Saint-Esprit de l’accepter : les horreurs physiques de la souffrance dans ce monde ne peuvent avoir un sens pour nous et avoir une signification et une résolution juste éventuelle que si nous venons à embrasser la réalité biblique que le péché contre un Dieu infiniment sage, juste et bon est un outrage moral plus grand que l’outrage physique de siècles de souffrance mondiale.

Je ne dis pas que chaque expérience de la souffrance correspond aux péchés particuliers de chaque personne. Si c’était vrai, nous serions tous en enfer. À ma connaissance, et d’après la Bible, il n’y a pas de corrélation claire entre l’étendue de la souffrance d’un individu dans ce monde et l’étendue de sa culpabilité. Ce à quoi je fais référence, c’est ce que Paul veut dire dans Romains 8.20-23, quand il dit :

En effet, la création a été soumise à l’inconsistance, non de son propre gré, mais à cause de celui qui l’y a soumise. Toutefois, elle a l’espérance d’être elle aussi libérée de l’esclavage de la corruption pour prendre part à la glorieuse liberté des enfants de Dieu. Or nous savons que, jusqu’à maintenant, la création tout entière soupire et souffre les douleurs de l’accouchement. Et ce n’est pas elle seule qui soupire, mais nous aussi, qui avons pourtant dans l’Esprit un avant-goût de cet avenir, nous soupirons en nous-mêmes en attendant l’adoption, la libération de notre corps.

Le gémissement universel de la création, l’agonie de toute la création dans la souffrance, est dû à ce que le verset 20 appelle « la soumission », la soumission de la création, et ce que le verset 21 appelle « l’esclavage de la corruption ». Et cette soumission et cette corruption sont dues à celui qui l’y a soumise – à savoir, Dieu. « Toutefois, elle a une espérance ».

C’est à cela que je fais référence quand je dis que le péché qui est entré dans le monde par Adam et qui s’est propagé à tous les hommes est un outrage moral plus grand que l’outrage physique de la souffrance, ce qui signifie que voir et croire la bonté et la justice de Dieu suppose une révolution copernicienne de notre esprit et de notre cœur. Si nous voulons voir Dieu comme bon, juste et sage, nous devons subir une révolution copernicienne mentale et spirituelle de l’esprit et du cœur si profonde que Dieu cesse d’être une planète tournant autour du soleil de l’humanité et devient le soleil massif, flamboyant et glorieux au centre du système solaire de toutes choses. Dieu devient la réalité suprême. Son être devient la valeur et le trésor suprêmes de l’univers.

Ce n’est que de cette manière que l’outrage moral du péché sera considéré comme pire que l’outrage physique de la souffrance, ce qui signifie très concrètement que lorsque je suis choqué par les images hideuses du documentaire et que je me retrouve inévitablement à dire « Oh Dieu, oh Dieu, qu’est-ce que cela signifie ? », la réponse que j’entends est la suivante : « Toute souffrance humaine est un témoignage criant de la plus grande horreur qu’est le péché humain. »

Christ est mort pour des pécheurs

Enfin, la troisième chose qui me permet de continuer à croire, c’est que Dieu a envoyé son Fils dans ce monde, qu’il a envoyé sa propre personne, pour subir un outrage moral plus grand que l’outrage fait à son Père par tout son peuple dans son péché. Pour le Fils de Dieu, infiniment pur, bon, sage, fort et saint, descendre jusqu’à la dégradation et la torture d’une crucifixion romaine, il y a assez de souffrance, assez d’indignité, pour couvrir l’outrage de tous les péchés de tous ceux qui croient.

Par conséquent, tous ceux qui croient auront la vie éternelle ; tous ceux qui croient auront la joie éternelle. « Voici comment Dieu prouve son amour envers nous : alors que nous étions encore des pécheurs, Christ est mort pour nous » (Romains 5.8). Je ne prétends donc pas qu’une telle foi soit simple ou facile. C’est un don, et je témoigne simplement de la manière grâce à laquelle je suis encore chrétien.


Cet article est une traduction de l’article anglais « If God Is Sovereign, Why Is His World Full of Suffering? » du ministère Desiring God par Timothée Davi.


Pasteur John Piper vous répond présente les réponses que le pasteur John Piper donne à des questions théologiques et pastorales difficiles. Ce podcast, créé en partenariat avec Desiring God, vous est offert par Revenir à l’Évangile, un blog et un ministère de Publications Chrétiennes. Pasteur John répondra à deux questions chaque semaine. Vous pourrez entendre ses réponses sur notre blog, Facebook, Youtube, Apple Itunes Store et sur l’appareil que vous utilisez pour écouter des podcasts