Les 3 demandes du « Notre Père » (John Onwuchekwa)

Dieu a autant de compassion que de pouvoir

« Notre Père qui est aux cieux » sert de toile de fond à nos prières (Matthieu 6.9). Ces six premiers mots nous invitent à prier parce qu’ils nous enseignent que Dieu a autant de compassion que de pouvoir. Il peut tout faire. Et comme la mort sacrificielle de Jésus fait des chrétiens des membres de sa famille, nous savons qu’il écoute et qu’il est disposé à répondre favorablement à ce que nous demandons. Aucune cour d’appel ne peut revenir sur les décisions qu’il prend. L’être le plus puissant de l’univers nous écoute. Il voit tout, sait tout, dirige tout.

La question devient donc : si l’être le plus puissant de l’univers vous écoutait et vous était favorable, que demanderiez-vous ? Une plus grande réduction d’impôts à la fin de l’année ? Un bon bilan lors de votre prochaine visite chez le médecin ? Le fait de savoir que l’être le plus puissant dans le monde est disposé à me répondre favorablement m’enthousiasme, et je suis sûr que c’est le cas pour vous aussi. Je ne vous connais pas, mais je suis certain que vos requêtes ne seraient pas exactement les mêmes que les miennes. Nous sommes des créatures complexes, dont les préoccupations et les problèmes sont complexes. Il y a peut-être quelque chose qui vous accable en ce moment. Ce que vous demandez à Dieu cette semaine peut influencer la semaine prochaine.

Ce que ça change

Comment la connaissance de la puissance et de la compassion de Dieu devrait-elle affecter notre prière ? En premier lieu, cela devrait nous donner de l’assurance. A. W. Tozer l’exprime ainsi :

« La prière unit Dieu et la personne qui prie, et elle dit : Dieu est omnipotent, et celui qui prie est omnipotent (pendant ce moment) parce qu’il est en contact avec l’omnipotence. [1] »

Est-ce que vous comprenez que ce genre de puissance est à votre disposition dans la prière ? Jésus veut que nous sachions cela.

Ensuite, cela devrait nous rendre humbles. L’auteur d’Ecclésiaste enseigne ceci :

« Ne te presse pas d’ouvrir la bouche, et que ton cœur ne se hâte pas d’exprimer une parole devant Dieu ; car Dieu est au ciel, et toi sur la terre : que tes paroles soient donc peu nombreuses » (5.1).

Dieu n’est pas là simplement pour exaucer nos vœux. Il n’est pas là pour alimenter l’idolâtrie. Dieu s’occupe de nous, mais il vit pour sa gloire. Nous vivons pour lui, et non l’inverse. Dans la prière, nous adoptons la bonne attitude : désirer sa gloire avant sa provision.

La présence de Dieu prime sur sa provision

Dans le Notre Père (Matthieu 6.9-13), Jésus nous aide à comprendre où nos demandes devraient commencer. Après avoir établi que Dieu, notre Père, est aussi compatissant que puissant, Jésus nous rappelle que la puissance de Dieu vise à faire avancer son plan et non le nôtre. Il nous montre que la prière chrétienne commence par un désir pour la présence de Dieu plutôt que pour sa provision.

Toutes les requêtes qui se trouvent au début du Notre Père ont Dieu pour objet. Regardez :

Notre Père qui est aux cieux ! Que ton nom soit sanctifié ; que ton règne vienne ; que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel (Matthieu 6.9.10)

L’homme n’est visiblement pas le centre de l’attention. Nos besoins et nos désirs sont supplantés, ce qui nous rappelle que le plus important dans la prière n’est pas ce que Dieu nous donne en biens matériels, mais ce qu’il nous donne à travers sa présence. Dans toute la Bible, ceux qui obtiennent la paix et la sécurité dans cette vie sont ceux qui désirent la présence de Dieu plus que ses biens. C’est ce que Jésus nous enseigne dans ces trois premières demandes.

Première demande : l’honneur de Dieu

« Que ton nom soit sanctifié » (Matthieu 6.9) pourrait se traduire en langage plus courant par « Je prie pour que ton nom soit honoré ». Dans l’Ancien Testament, quand des personnes s’opposaient à la volonté et au dessein de Dieu, on disait que leurs mauvaises actions profanaient le nom de Dieu. Prier « que ton nom soit sanctifié » signifie que l’on est plus soucieux de l’avancement de la renommée de Dieu dans le monde que de la nôtre. Cela signifie que l’on prie Dieu pour que lui-même protège son nom pour qu’il ne soit ni diffamé ni obscurci, afin que les gens n’acceptent pas une mauvaise image de lui ou qu’ils rejettent toute vision déformée de lui. Le nom de Dieu est saint. Rien ne peut changer cette réalité. Nous lui demandons simplement d’œuvrer dans le monde afin que son nom soit traité comme tel.

La gloire de Dieu est venue dans le monde en la personne de Jésus. « Que ton nom soit sanctifié » signifie donc que nous prions pour que chacun réponde à Jésus de manière appropriée. Le monde dans lequel nous vivons est aussi impressionné par Dieu qu’une personne qui reste assise quand la mariée entre dans l’église. Il est aveugle et ne peut voir la gloire de Dieu révélée en Jésus (voir 2 Co 4.3-6). Nous commençons donc notre prière en implorant que la gloire de Dieu manifestée en la personne de Jésus soit perçue par le monde et qu’il s’y soumette. La beauté de cette demande réside dans le fait que l’on demande à Dieu de faire ce qu’il souhaite déjà faire.

Cette demande donne le ton pour le reste de la prière. Tout ce que nous demandons à Dieu doit jaillir de ce désir ardent.

Deuxième demande : que le règne de Dieu vienne

« Que ton règne vienne » (Mt 6.10) est une prière pour le succès de l’Évangile dans le monde. Nous savons que l’Évangile nous a transformés. Nous prions donc pour que le règne de Dieu s’étende, par l’Évangile, jusqu’aux confins de la terre. 

Nous sommes las du monde dans lequel nous vivons, et nous avons soif de quelque chose de meilleur. Nous voulons vivre la plénitude des béatitudes. Nous désirons ardemment nous trouver là où le règne de Dieu est reconnu et révéré. Dieu a promis que cela arriverait, et sa promesse attise notre désir. Quand un père promet à sa fille qu’il l’emmènera à Disneyland, l’enfant sait que la question n’est pas de savoir si ce voyage aura lieu, mais quand. Pleine d’enthousiasme à l’idée de recevoir l’accomplissement de la promesse paternelle, elle demande constamment : « Quand est-ce qu’on y va ? Tu as promis ! » Voilà à quoi ressemble pour nous le fait de prier « que ton règne vienne ».

Nous ne pouvons servir deux maîtres. De même, deux rois — nous et Dieu — ne peuvent coexister. Le règne et les ambitions de l’un doivent mourir. En tant que chrétiens, nos plans sont bel et bien morts. Et c’est une chose glorieuse, parce qu’ils nous auraient tués (Ga 2.20). Le fait de prier « que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel » nous unit, parce que cela nous aide à désirer ardemment son royaume. Cela nous garde de la médisance, de toute rivalité et du désir d’établir nos propres petits royaumes.

Troisième demande : Que ta volonté soit faite

« Que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel » (Mt 6.10) développe un peu plus la deuxième demande que le règne de Dieu vienne. Nous avons hâte de voir Dieu régner ici sur terre comme il règne déjà dans le ciel. Nous ne voulons pas que les gens se soumettent à contrecœur au règne de Dieu. Nous voulons qu’ils se soumettent joyeusement parce qu’ils sont convaincus que Dieu est bon. Nous prions que la volonté de Dieu s’accomplisse sur terre comme bon lui semblera, même si cela implique pour nous la souffrance, le sacrifice et la mort.

Établir le royaume de Dieu sur terre signifie supplanter les royaumes inférieurs ; c’est ce que font les Églises à travers leur œuvre d’évangélisation. Après tout, les Églises locales sont les avant-postes du royaume de Dieu. Prier pour que sa volonté soit faite signifie prier pour que Dieu continue à établir son œuvre d’évangélisation à travers les Églises locales.

Cette prière pour que la présence de Dieu soit vue et appréciée est très surprenante aux yeux du monde, qui préfère que Dieu soit un Père absent qui envoie seulement un gros chèque de pension alimentaire tous les mois. Comme nous sommes pécheurs, nous préférerions que Dieu nous accorde ce que nous lui demandons sans rien demander en retour. Nous aimons établir nos propres plans. Ici, Jésus nous enseigne que la présence de Dieu précède sa provision. Son plan est bien meilleur que les nôtres.

Quand nos Églises locales prient et vivent à la lumière de ces trois premières demandes, le monde qui observe est attiré, parce que nous proposons une autre image de Dieu. Cela montre au monde combien ses royaumes sont inefficaces. Cela renforce notre témoignage.

[1] A. W. Tozer, Prayer [La prière], trad. libre, Moody, Chicago, 2016, p. 175.

Cet article est tiré du livre : La prière de John Onwuchekwa