Le problème des miracles (Greg Gilbert)

Voici un ennui auquel nous nous heurtons dans la Bible. Bien sûr qu’elle raconte des histoires d’armées qui traversent des rivières, mais il y est dit qu’elles ne les traversent qu’après que Dieu a ouvert la rivière en deux pour qu’elles puissent la traverser à sec ! La Bible nous parle également d’un homme qui a changé instantanément de l’eau en vin, qui a marché sur l’eau, qui a guéri des gens en prononçant une simple parole et qui est même revenu à la vie trois jours après avoir été exécuté. 

Que devons‑nous donc croire dans tout cela ? Eh bien, pour être francs, disons que lorsqu’une source historique – même une que nous avons jugée tout à fait fiable – commence à rapporter des choses comme celles‑là, nous n’accueillons pas ses dires avec autant d’indifférence que nous le ferions du rapport selon lequel une armée aurait traversé une rivière. Nous avons tendance à nous montrer sceptiques : « Allons donc ! Vous n’êtes pas sérieux ! » 

Les gens enclins à envisager les miracles avec scepticisme sont ceux‑là mêmes qui n’en ont pas vécu

Pourquoi réagissons‑nous ainsi ? Probablement que notre scepticisme naturel à l’égard des histoires de miracles tient à quelques faits, mais dont le plus évident est, à mon avis, également le plus important. Les gens enclins à envisager les miracles avec scepticisme sont ceux‑là mêmes qui n’en ont pas vécu. Or, il n’y a rien d’étonnant à cela, car il nous est naturellement difficile de croire des choses tout à fait étrangères à notre vécu. 

Voici un exemple souvent proposé : Imaginez un homme ayant vécu toute sa vie – il y a longtemps, avant la découverte de l’électricité et de toutes les technologies modernes – sur une île tropicale à proximité de l’équateur. Un jour, un navire arrive et des marins disent à cet homme qu’ils viennent d’un pays très lointain là‑bas, au nord. Puis ils se mettent à lui parler d’une substance fantastique appelée glace, faite d’une eau s’étant changée en genre de pierre par temps très froid.

Comme notre ami des tropiques n’a jamais fait la moindre expérience de la glace, ni même (probablement) du degré de froid qu’exige sa confection, il aura sans doute beaucoup de mal à croire que « cette eau se soit réellement changée en pierre très froide ». Il se peut même qu’il déclare la chose impossible et accuse les marins de s’être fait duper ou de mentir. La glace est tout à fait étrangère à son vécu, si bien qu’il n’y croit pas. Et pourtant, la glace existe bel et bien. 

Vous ne pouvez pas déclarer que les miracles sont invraisemblables en vous fondant sur votre seule expérience ou inexpérience

En matière de miracles, je crois que nous sommes nombreux à les envisager comme cet homme des tropiques envisage la glace. Nous n’avons jamais vu quelqu’un marcher sur l’eau ni changer d’eau en vin, ni ressusciter d’entre les morts, si bien que nous envisageons d’abord ces choses selon l’hypothèse qu’elles ne se produisent pas – et ne le peuvent même pas. Reste que, même si nous n’en avons jamais fait l’expérience, elles n’en existent pas moins pour autant, au même titre qu’il serait ridicule de prétendre que la glace n’existe pas sous prétexte que l’insulaire en question n’en a jamais vu. 

En fait, pour quelqu’un ayant vécu des miracles – et des millions de gens du monde entier disent en avoir vu –, toute cette question de la plausibilité (encore bien moins de la possibilité) des miracles semble plutôt insensée. « Bien sûr qu’ils sont vraisemblables, vous diront‑ils, j’en ai moi‑même vu. » Or, vous pouvez faire comme l’insulaire et insister pour dire que tous ces gens se sont fait berner ou mentent, mais ils vous répondront simplement, en secouant la tête et en souriant : « J’espère qu’un jour, mon ami, vous aurez le plaisir de faire l’expérience de la glace au chocolat. » 

Vous voyez ? Tout cela pour dire que vous ne pouvez pas déclarer que les miracles – et donc la Bible – sont invraisemblables en vous fondant sur votre seule expérience ou inexpérience. D’autres gens ont eu un vécu différent du vôtre, et de dire que tout vécu divergeant du vôtre est nécessairement sans valeur serait le comble de l’arrogance. Par conséquent, si vous déclarez que les miracles sont absolument invraisemblables, il vous faudra trouver une raison valable pour appuyer vos dires. 


Cet article est tiré du livre : Pourquoi croire la Bible ? de Greg Gilbert