Pourquoi l’enseignement de Jésus était-il si étonnant ? (Greg Gilbert)

La façon dont Jésus a répondu

Qu’y avait-il de si inhabituel et de si passionnant dans l’enseignement de Jésus ? L’une des raisons pourrait être la suivante : aussitôt que les gens commençaient à le mettre au défi et à lui poser des questions, Jésus se révélait comme un joueur d’échecs redoutable. Il refusait simplement de se laisser prendre dans des pièges verbaux ou intellectuels et réussissait toujours à retourner la situation en sa faveur. Et même alors, il le faisait d’une façon qui ne lui permettait pas seulement d’avoir le dernier mot, mais aussi de lancer un défi spirituel à tous ceux qui l’écoutaient. Laissez-moi vous donner un exemple.

Matthieu 22 raconte que Jésus est en train d’enseigner dans le temple de Jérusalem lorsqu’il est approché par un groupe de chefs religieux qui veulent le mettre à l’épreuve. Il ne s’agit pas d’une rencontre fortuite. Ces chefs ont tout planifié. D’ailleurs, le récit commence en disant que les pharisiens « allèrent se consulter sur les moyens de surprendre Jésus par ses propres paroles ». Ils veulent aussi accomplir cela publiquement. Pour ce faire, ils surgissent dans le temple alors que Jésus est en train d’enseigner, se frayent un chemin à travers la foule, puis l’interrompent.

Ils commencent par le flatter : « Maître », susurrent-ils, « nous savons que tu es vrai et que tu enseignes la voie de Dieu selon la vérité, sans t’inquiéter de personne, car tu ne regardes pas à l’apparence des hommes ». On peut deviner ce qu’ils sont en train de faire ici : tenter de forcer Jésus à répondre à leur question en insinuant que s’il ne le fait pas, cela veut dire qu’il est un charlatan et un imposteur.

Alors, une fois la mise en scène prête, ils lui posent cette question : « Dis-nous donc ce qu’il t’en semble : est-il permis, ou non, de payer le tribut à César[1] ? » Cette question a dû demander du temps et de la réflexion pour être formulée, car elle est d’une précision remarquable. Elle est conçue pour critiquer Jésus, pour mettre un terme à son influence d’une manière ou d’une autre, et peut-être même pour le faire arrêter. Voici pourquoi…  À cette époque, l’opinion dominante parmi les pharisiens[2] – celle qu’ils enseignaient aussi au peuple – était celle-ci : honorer un gouvernement étranger, même en lui payant un impôt, est un péché. Faire cela, pensent-ils, équivaut à déshonorer Dieu lui-même. Alors, pensez-y : comment les pharisiens veulent-ils que Jésus réponde à leur question ? En reconnaissant publiquement avec eux que payer des impôts est contraire à la Loi et intrinsèquement déshonorant à l’égard de Dieu ? Pensez-vous qu’ils attendent ce genre de réponse ?

La vérité est qu’ils se fichent pas mal de la réponse. Quelle qu’elle soit, ils pensent que Jésus est piégé. D’un côté, si Jésus dit : « Oui, il est compatible avec la Loi de payer des impôts », la foule sera furieuse, et son influence sera anéantie. Mais d’un autre côté, s’il dit : « Non, ne payez pas les impôts », il risque la colère des Romains pour incitation à la sédition, ce qui conduira à son arrestation et mettra aussi un terme à son influence. Il est piégé des deux côtés, et c’est exactement ce que les pharisiens veulent, parce que ce sera la fin de Jésus en tant que force culturelle. Mais Jésus évite le piège, renverse la question et les laisse stupéfaits encore une fois.

« Montrez-moi la monnaie avec laquelle on paie le tribut », dit-il. Alors ils lui tendent une pièce. Jésus la regarde et la montre à la foule. « De qui porte-t-elle l’effigie et l’inscription ? », demande-t-il. C’est une question facile. « De César », répondent-ils. Et ils ont raison. Juste là, sur la pièce, il y a le profil et le nom de l’empereur Tibère. C’est lui qui en est le propriétaire. Elle lui appartient. Son profil est imprimé dessus. Elle sort de ses ateliers, et le peuple juif est apparemment content d’utiliser ces pièces à son propre profit. Par conséquent, pourquoi ne devraient-ils pas redonner à César ce qui lui revient de droit ? C’est pourquoi Jésus leur dit : « Rendez donc à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu[3]. »

Voilà une réponse extrêmement simple, n’est-ce pas ? Cette pièce appartient à César, donc payez l’impôt. Et pourtant, la Bible dit que les gens, après l’avoir entendu, sont émerveillés. Pourquoi ? En premier lieu, Jésus vient juste de redéfinir la manière dont le peuple juif doit envisager sa relation avec les Romains, ce qui a sapé l’enseignement des pharisiens à ce sujet. De quelque façon qu’on l’envisage, il n’est en aucune manière déshonorant à l’égard de Dieu de donner à César ce qui lui appartient de façon si évidente et si légitime.


Vous avez été créé à son image et à sa ressemblance, vous lui appartenez donc et vous êtes responsable devant lui.


Mais les paroles de Jésus peuvent aussi être interprétées sous un aspect plus profond, et c’est ce qui laisse les gens bouche bée de stupéfaction. Pensez à la question de Jésus quand il a montré la pièce à la foule. « De qui est-ce l’effigie ? », a-t-il dit, et quand ils ont répondu que c’était celle de César, Jésus a considéré cela comme une preuve, une marque de propriété. C’était l’image de César sur la pièce ; elle lui appartenait donc. Alors, on devait rendre à César ce qui lui appartenait.

Rendre à Dieu ce qui est à Dieu,

Mais – et là est le point délicat – il a dit aussi qu’on devait rendre à Dieu ce qui est à Dieu, c’est-à-dire qu’on devrait rendre à Dieu les choses qui portent son image. Et quelles sont ces choses exactement ?

Tout le monde dans la foule comprend immédiatement le sens de ces paroles. Jésus fait référence à Genèse 1.6, où Dieu annonce son intention de créer l’homme en disant : « Faisons l’homme à notre image selon notre ressemblance […] Ainsi Dieu créa l’homme à son image : il le créa à l’image de Dieu. » Comprenez-vous ? Jésus parle aux gens de quelque chose de plus profond que la politique et la philosophie… Il dit que tout comme l’image de César est imprimée sur la pièce, celle de Dieu est imprimée au plus profond de notre être. Donc, nous lui appartenons ! Oui, il y a une certaine forme d’honneur qui est rendue à César quand on reconnaît son image sur la pièce et qu’on la lui redonne. Cependant, un honneur infiniment plus grand est rendu à Dieu lorsqu’on reconnaît son image en soi et que l’on se donne soi-même à lui – cœur, âme, esprit et force.

J’espère que vous comprenez ce que Jésus disait à ses auditeurs. La question de la relation de tout être humain avec Dieu est bien plus importante que toute discussion à propos de philosophie politique ou de relations entre nations. Jésus enseigne que nous sommes tous créés par Dieu, que vous êtes vous-même créé par Dieu. Vous êtes créé à son image et à sa ressemblance, donc vous lui appartenez et vous êtes responsable devant lui. En conséquence, comme le dit Jésus, vous devriez rendre à Dieu ce qui lui appartient légitimement, c’est-à-dire rien de moins que votre être tout entier.

Notes :

[1]Mt 22.15-17

[2]Un pharisien est un membre d’un groupe religieux juif insistant sur une observance minutieuse de la Loi et sur la pureté rituelle.

[3]Mt 22.19-21


Cet article est adapté du livre : « Qui est Jésus ? » de Greg Gilbert