Le Messie ressuscitera d’entre les morts (Greg Gilbert)

Pour les chrétiens, la résurrection signifie bien des choses importantes. Elle signifie que ceux d’entre nous qui sont unis à Christ par la foi ressusciteront exactement comme lui. Elle signifie que Dieu a pleinement accepté le sacrifice que Jésus a offert sur la croix pour expier nos péchés et que ce sacrifice a suffi infiniment plus qu’à éponger notre dette morale. Elle signifie que Jésus vit maintenant pour diriger son peuple ici‑bas, régner sur lui, le protéger, intercéder en sa faveur et le bénir. Elle signifie également que Dieu a ratifié, justifié et confirmé toutes les déclarations que Jésus a faites quant à son identité et à son autorité.

La résurrection de Christ reliée à son identité

Cette réalité se comprend facilement. Comme c’est le cas de tous les autres miracles que Jésus a accomplis, sa résurrection ne constitue pas un ajout superficiel à son histoire, qu’une simple fioriture visant à la faire finir sur une bonne note. Lorsque Jésus en a parlé, il l’a toujours reliée à ses déclarations identitaires. Matthieu, par exemple, nous dit que Jésus a prédit sa mort et sa résurrection trois fois vers la fin de son ministère, en les présentant chaque fois comme l’aboutissement nécessaire et confirmatif de son identité messianique. Examinons maintenant cette triple prédiction.

La première fois, Jésus a demandé à ses disciples qui ils pensaient qu’il était, ce à quoi Pierre a répondu : 

« Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant » (Mt 16.16). 

Jésus le Roi

Or, cette expression est d’une connotation extrêmement riche, mais Pierre tenait surtout à affirmer par elle que Jésus était le Messie (c’est‑à‑dire « l’Oint », et donc le Roi) d’Israël, promis et prophétisé depuis longtemps, tant attendu, ainsi que le Fils de Dieu (ce qui revient à dire qu’il était Dieu). Ravi de la réponse de Pierre, Jésus l’a dit béni de ce que Dieu le Père le lui avait révélé. Puis Jésus s’est mis à agir en sa qualité de Roi que Pierre venait de reconnaître en lui. Jésus a établi son Église – son ambassade royale dans le monde –, en promettant de lui accorder la protection et la puissance nécessaires à l’accomplissement de sa mission.

Il a donné à cette ambassade l’autorité requise pour parler en son nom, puis, en ces instants cruciaux, il a commencé à enseigner à ses disciples ce que signifiait concrètement le fait qu’il était le Roi, le Messie, le Christ. C’est alors que Matthieu (n’oubliez pas qu’il était là !) nous dit ce qui suit :

Dès lors Jésus commença à faire connaître à ses disciples qu’il fallait qu’il aille à Jérusalem, qu’il souffre beaucoup de la part des anciens, des principaux sacrificateurs et des scribes, qu’il soit mis à mort, et qu’il ressuscite le troisième jour (Mt 16.21).

Remarquez d’abord la façon dont Matthieu présente les choses : « Dès lors Jésus commença à faire connaître à ses disciples. » Il semblerait donc que ce n’était pas ici une conversation ponctuelle de cinq minutes, mais un élément de base des enseignements que Jésus leur apporterait à compter de ce moment‑là. Par ailleurs, remarquez l’emploi du mot « fallait ». Il « fallait » que Jésus aille à Jérusalem, qu’il y souffre et y soit mis à mort, et il « fallait » qu’il ressuscite d’entre les morts le troisième jour. 

La destinée du Messie définie dans l’Ancien Testament

Remarquez maintenant l’emploi du syntagme « faire connaître » (c’est d’ailleurs par le verbe « montrer » que la Bible Tob rend ce syntagme). Que veut dire le fait qu’il a ainsi commencé à leur « montrer » que tout cela devait se produire ? Le leur montrer à l’aide de quoi ? La logique ? La raison ? Non, cela indique qu’il le leur a montré par les Écritures, et donc par l’Ancien Testament. Vous me suivez ? Le rôle, la mission et donc la destinée du Messie ne restaient pas à « être déterminés » ; tout cela était déjà bien défini dans l’Ancien Testament, leur a expliqué Jésus, et l’une des choses que le véritable Messie allait faire était de ressusciter. Jésus leur disait donc : « Le Messie ressuscitera d’entre les morts. Si je ne ressuscite pas d’entre les morts, c’est que je ne suis pas le Messie. Mais je ressusciterai bel et bien. Et par conséquent… » – voilà, vous pigez.

Jésus a prédit sa mort une deuxième fois quelques jours plus tard, la reliant cette fois à une autre prophétie de l’Ancien Testament au sujet du Messie. Voici comment Matthieu nous rapporte les faits :

Pendant qu’ils parcouraient la Galilée, Jésus leur dit : Le Fils de l’homme doit être livré entre les mains des hommes ; ils le feront mourir, et le troisième jour il ressuscitera. Ils furent profondément attristés (Mt 17.21,22).

Jésus le Fils de l’homme

Il semblerait que Jésus ait particulièrement aimé parler de son identité en employant l’expression Fils de l’homme. Elle n’évoque toutefois pas simplement « le fils d’un homme », ce qui s’appliquerait à beaucoup d’entre nous. Il a plutôt tiré ce titre du livre vétérotestamentaire du prophète Daniel, qui avait reçu une vision de ce qu’il décrivait comme « quelqu’un de semblable à un fils de l’homme ». Or, cette expression signifie en gros que celui que Daniel avait vu ressemblait à un être humain. Remarquez cependant ce que Daniel dit avoir vu faire à ce « quelqu’un de semblable à un fils de l’homme » :

Je regardai pendant mes visions nocturnes, et voici, sur les nuées des cieux arriva quelqu’un de semblable à un fils de l’homme ; il s’avança vers l’Ancien des jours, et on le fit approcher de lui. On lui donna la domination, la gloire et le règne ; et tous les peuples, les nations, et les hommes de toutes langues le servirent. Sa domination est une domination éternelle qui ne passera point, et son règne ne sera jamais détruit (Da 7.13,14).

C’est précisément ce à quoi Jésus faisait d’ailleurs allusion en disant être le Fils de l’homme. Ce titre chargé de sens évoque non seulement l’autorité royale, mais aussi la divinité en soi. Par contre, le plus important ici est de remarquer que Jésus a relié spécifiquement toutes ces allusions à la Résurrection dans le passage de Matthieu 17.21,22. Il est vrai qu’il n’utilise pas le verbe fallait, mais l’effet demeure le même. Il veut dire : « Comme l’Ancien Testament l’a prophétisé, le Fils de l’homme est sur le point d’être exécuté et de revenir à la vie trois jours plus tard. Si cela ne se produit pas, c’est dire que je ne suis pas le Fils de l’homme. Mais puisque je suis le Fils de l’homme, tout cela est à deux doigts de se concrétiser. »

La troisième fois où Jésus a prédit sa résurrection dans l’Évangile selon Matthieu, c’était juste avant de monter à Jérusalem, à peine quelques jours antérieurement à sa crucifixion. Voici comment Matthieu rapporte les paroles de Jésus :

Pendant que Jésus montait à Jérusalem, il prit à part les douze disciples, et il leur dit en chemin : Voici, nous montons à Jérusalem, et le Fils de l’homme sera livré aux principaux sacrificateurs et aux scribes. Ils le condamneront à mort, et ils le livreront aux païens, pour qu’ils se moquent de lui, le battent de verges, et le crucifient ; et le troisième jour il ressuscitera (Mt 20.17‑19).

Nous n’apprenons donc pas grand‑chose de nouveau, car Jésus fait ici la même remarque pertinente que dans sa prédiction antérieure : « Puisque je suis le Fils de l’homme, cela est sur le point de se produire. »

Vous voyez ? Jésus a toujours relié sa résurrection à son identité. S’il est ressuscité, c’est dire qu’il était le Messie, le Christ, le Roi, le Fils de l’homme. S’il n’est pas ressuscité… qu’importe. 


Cet article est tiré du livre : Pourquoi croire la Bible ? de Greg Gilbert