Le message que Paul a donné (Steven J. Lawson)

Paul affirme : « Car je n’ai pas eu la pensée de savoir parmi vous autre chose que Jésus-Christ, et Jésus-Christ crucifié. » Par cette déclaration, Paul soutient qu’il est fermement résolu à être centré sur Christ dans sa prédication. On ne pouvait pas le détourner vers un sujet moins important. Il ne se souciait pas de ce que son auditoire désirait. Quels que soient leurs caprices, Paul leur donnait Christ.

Paul ne se préoccupait pas de l’accueil qu’on lui réservait dans les différentes villes lors de ses voyages missionnaires. Il ne se souciait pas non plus des opinions populaires ou de la perception des autres. Devant les voix dissidentes, l’apôtre restait inébranlable et déterminé à prêcher Christ crucifié.

Une pensée unique

L’unique préoccupation de Paul se traduit par ce seul mot : « décidé ». En effet, il dit : « Car j’avais décidé de ne connaître parmi vous rien d’autre que Jésus-Christ, et Jésus-Christ crucifié » (1 Co 2.2 ; S21). Le verbe « décider » (krino en grec) signifie « juger de manière solennelle, à la manière d’un juge ». Il comporte l’idée de « rendre un verdict » ou de « prononcer une sentence ». Dans ce contexte, « décidé » signifie que Paul a rendu le verdict final de demeurer sur cette voie. Il était fermement résolu et solidement ancré. Il s’était fixé l’objectif de prêcher Christ. Nul ne pouvait le détourner de ce message.

Quand Paul dit « rien d’autre », il entend par là qu’il ne prêchait rien excepté Jésus-Christ et la centralité de sa croix. L’essence de sa prédication parmi les Corinthiens était Jésus-Christ et Jésus-Christ crucifié. À coup sûr, Paul a prêché « tout le conseil de Dieu » (Ac 20.27), dévoilant toutes les doctrines que Dieu lui avait révélées. Pourtant, il dit n’avoir connu parmi les Corinthiens autre chose que Christ et Christ crucifié. Chaque domaine de la vérité divine qui lui a été révélée était enraciné et fondé sur la primauté du Christ crucifié.

Cette déclaration laisse entendre que Paul ne savait rien de la sagesse humaine des philosophes grecs. Il n’imitait pas le mantra de la philosophie humaniste. Il n’a jamais prêché la psychologie humaine ou la sociologie humaine. Il n’a pas non plus prêché l’humanisme séculier ou les religions comparées. Il ne savait rien de la pensée positive ni des conférences motivationnelles. Paul était déterminé à ne rien connaître d’autre que Jésus-Christ et Jésus-Christ crucifié.

Une focalisation unique dans la prédication

Avec une détermination inflexible, Paul est venu à Corinthe dans le seul but de faire connaître le Fils de Dieu crucifié, Jésus-Christ. Il énonce succinctement son message principal dans le premier chapitre de 1 Corinthiens lorsqu’il dit : « Nous prêchons Christ crucifié » (1.23). Sans aucune gêne, il annonce que le centre de gravité de sa prédication est la mort salvatrice de Jésus-Christ. Bien que ce message soit offensant pour les non-croyants, il est glorieux pour tous ceux qui croient. Même si elle est insensée pour les Corinthiens, la croix est la puissance de Dieu pour le salut de tous ceux qui consacrent leur vie à Christ.

Prêcher Christ et Christ crucifié signifie de proclamer la personne de Christ et la puissance de sa mort. Une telle déclaration magnifie la suffisance de sa mort substitutive pour sauver les pécheurs. Dans la prédication, on ne devrait permettre à aucun autre sujet de détourner l’attention de cette vérité première, à savoir que Jésus a accompli le salut par son sacrifice pour les pécheurs. Par sa mort expiatoire, Jésus a racheté tous ceux qui mettent leur confiance en lui.

Par sa mort substitutive, Jésus n’a pas seulement rendu le salut hypothétiquement possible en se basant sur la réponse de l’homme. Il a vraiment sauvé un nombre précis de pécheurs. La véritable prédication déclare que la croix est la seule voie de salut. Ceux qui étaient asservis au péché ont été rachetés par le sang du Christ.

Une telle prédication dévoile constamment les attributs de Dieu dans la mort de Christ. Ce type de prédication exalte la souveraineté de Dieu dans la mort de son Fils. Toute prédication doit proclamer avec audace que le Dieu saint est réconcilié avec les hommes pécheurs par le sang de l’Agneau.

Le thème dominant

Martin Luther était engagé envers ce genre de prédication directe. Le point central de sa prédication était la vérité que le salut est solus Christus (en Christ seul). Il affirmait : « Je prêche comme si Christ avait été crucifié hier, qu’il était ressuscité des morts aujourd’hui et qu’il revient sur terre demain(8) ! » Il prêchait Christ sans relâche dans son exposition des Écritures.

Beaucoup de gens associent communément la prédication de Luther au livre de Romains et à la justification par la foi. Cependant, ce personnage marquant n’a prêché que 30 sermons sur cette épître. Ce que beaucoup de gens ignorent, c’est que ce champion de la foi a prêché plus de 1000 sermons sur les Évangiles synoptiques, et que ceux-ci sont centrés directement sur Christ. En outre, il en a prononcé des centaines d’autres, tirés de l’Évangile selon Jean. En fait, Luther a prêché davantage sur l’Évangile selon Jean en un an que sur Romains durant tout son ministère.

Qu’est-ce qui pourrait expliquer une insistance aussi forte sur Christ dans la prédication de Luther ?

Luther s’est rendu compte que les quatre Évangiles étaient un réservoir inépuisable de vérité révélant le Seigneur et Sauveur Jésus-Christ. Il a écrit : « Nous le prêchons toujours, lui, le vrai Dieu et homme qui est mort pour nos péchés et qui est ressuscité pour notre justification. Cela peut sembler un sujet limité et monotone, susceptible d’être bientôt épuisé, mais nous n’y parviendrons jamais(9). » Luther savait que prêcher Christ était un sujet inépuisable.

À une autre occasion, Luther a affirmé : « Les prédicateurs n’ont pas d’autre fonction que de prêcher clairement le Fils, Christ. Qu’ils prennent soin de prêcher ainsi ou qu’ils se taisent(10). » Par là, Luther révélait qu’il était fier de présenter Christ dans sa personne et son œuvre. Il n’avait rien à dire en dehors de Jésus-Christ. Tout sermon qui ne présentait pas Christ échouait lamentablement.

Si une nouvelle Réforme doit avoir lieu aujourd’hui, il doit y avoir une réforme de la chaire. Une telle restauration impliquera de redonner à Christ toute l’attention dans la chaire. Il doit y avoir un retour décisif pour faire de Christ le point focal de toute prédication.


Cet article est tiré du livre : La prédication bénie par Dieu de Steven J. Lawson


8. Martin Luther tel que cit. dans Roy B. Zuck, The Speaker’s Quote Book [Le livre de citations de l’orateur], Grand Rapids, Kregel Academic, 1997, p. 308.

9. Rev. John Ker, Lectures on the History of Preaching [Exposés sur l’histoire de la prédication], Londres, Hodder and Stoughton, 1888, p. 154-156.

10. Martin Luther, The Cambridge Companion to Martin Luther [Guide sur la vie et l’oeuvre de Martin Luther de l’Université de Cambridge], Donald K. McKim, éd., Cambridge, Royaume-Uni, Cambridge University Press, 2003, p. 138.