La providence de Dieu mise en action sur le mont Morija (John Piper)

Abraham offre son fils Isaac

Très intéressante est l’histoire biblique d’Abraham offrant son fils Isaac. Avant de gravir le mont Morija, Isaac demande à son père : « Où est l’agneau pour l’holocauste ? » (Ge 22.7.) Abraham lui répond : « Dieu se pourvoira lui-même de l’agneau pour l’holocauste » (Ge 22.8). Et lorsque Dieu montre à Abraham le bélier pris dans les ronces, « Abraham donna à ce lieu le nom de Yahvé-Jiré [l’Éternel pourvoira] » (22.14).

Dieu « pourvoit » et « voit »

Ce qui est frappant, c’est que chaque fois que le verbe « pourvoir » apparaît dans Genèse 22, l’équivalent hébreu est simplement, « voir ». Très naturellement, Abraham dit à Isaac : « L’Éternel verra pour lui-même de l’agneau » (יִרְאֶה־לּ֥וֹ הַשֶּׂ֛ה, Ge 22.8). De la même manière, au verset 14, il ajoute : « “L’Éternel pourvoira [l’Éternel verra, יְהוָ֣ה יִרְאֶ֑ה]” ; c’est pourquoi l’on dit aujourd’hui : “Sur le mont de l’Éternel il sera pourvu [il sera vu בְּהַ֥ר יְהוָ֖ה יֵרָאֶֽה]” ».

La traduction Nouvelle Édition de Genève 1979 (NEG) de la Bible conserve le sens littéral du verset 14 en transcrivant l’hébreu Yahvé-Jiré à la place d’une traduction en français : le Seigneur voit. Comme la NEG, la majorité des versions contemporaines traduisent voir par pourvoir. « Abraham donna à ce lieu le nom de Yahvé-Jiré, c’est pourquoi l’on dit aujourd’hui : “Sur le mont de l’Éternel il sera pourvu.” »

Pourquoi le texte renvoie-t-il à la providence de Dieu ?

En ce qui concerne la doctrine de la providence de Dieu, la question est la suivante : pourquoi le fait que Dieu « voit » dans Genèse 22 renvoie-t-il à sa providence ?

La réponse que je suggère, c’est que dans la pensée de Moïse, ainsi que chez d’autres auteurs bibliques, le Seigneur ne voit pas comme le ferait un spectateur passif. En tant que Dieu, il n’est jamais un simple observateur du monde, ni quelqu’un qui ne fait que prédire l’avenir. Où que ce soit qu’il regarde, il agit. En d’autres mots, il existe une profonde raison théologique pour laquelle sa providence ne peut simplement signifier voir ; c’est plutôt voir à ce que... Lorsque Dieu voit quelque chose, il y veille. Clairement, quand Moïse a écrit Genèse 22, l’engagement intentionnel de l’Éternel vis-à-vis d’Abraham était si évident que l’auteur pouvait simplement se référer à la vision parfaite de Dieu comme impliquant son action intentionnelle. Sa vision, c’était son action. Sa perception sous-entendait sa provision – sa providence.


Cet article est tiré du livre : « La providence de Dieu » de John Piper