La providence de Dieu dans l’histoire de l’Ancien Testament (John Piper)

Histoire du peuple juif et Jésus-Christ pour les nations

Le chapitre 12 du premier livre de la Bible présente le récit dans lequel Dieu choisit Abram (il y a maintenant 4 000 ans) pour qu’il soit le père d’une grande nation, qui deviendrait source de bénédictions pour tous les habitants de la terre. C’était le début de l’histoire d’Israël en tant que peuple choisi par Dieu, à travers lequel devait venir le Messie, Jésus-Christ, dont la mort et la résurrection allaient apporter les bénédictions d’Abraham au monde entier. Dieu avait prévu que son remède au problème universel du péché et de la souffrance viendrait à travers Israël et son Messie.

L’histoire d’Israël n’est pas une tentative avortée

Il est important de voir que l’élection d’Israël par Dieu et le fait qu’il en fasse le destinataire central de ses bénédictions de salut dans l’Ancien Testament ouvrent la voie, dans l’histoire du monde, à l’impact global de Jésus-Christ et de son œuvre salvatrice envers les nations. L’histoire d’Israël n’est pas une tentative avortée de son dessein de salut qu’il aurait prévu uniquement au moyen de ce peuple, pour ensuite l’abandonner et la remplacer par Jésus et par l’histoire du christianisme. Depuis le début, Dieu a prévu de faire en sorte que l’histoire d’Israël serve pour toutes les nations du monde à travers la venue du Messie. Il n’y a pas deux cheminements distincts, mais une seule et unique histoire de rédemption intégrée au grand scénario, qui vise un objectif global.

Avant de porter notre attention sur cet objectif dans l’histoire d’Israël, voyons tout d’abord le fondement biblique qui sous-tend cette affirmation, selon laquelle ce que Dieu prévoyait pour Israël et ce qu’il projetait quant à l’impact global du salut accompli par Jésus pour toutes les nations ne forment, en vérité, qu’un seul et même plan.

« Toutes les nations de la terre seront bénies en toi »

Dieu n’a pas choisi Abraham (au départ appelé Abram) pour sa qualité d’adorateur du Dieu véritable. Il était en fait un païen qui adorait d’autres dieux. Nous lisons ce récit dans le livre de Josué (24.2,3) :

Josué dit à tout le peuple : Ainsi parle l’Éternel, le Dieu d’Israël : Vos pères, Térach, père d’Abraham et père de Nachor, habitaient anciennement de l’autre côté du fleuve, et ils servaient d’autres dieux. Je pris votre père Abraham de l’autre côté du fleuve, et je lui fis parcourir tout le pays de Canaan ; je multipliai sa postérité, et je lui donnai Isaac.

L’Éternel a choisit Abraham

Bien qu’Abram ait servi d’autres dieux, l’Éternel l’a choisi et « lui [a donné] le nom d’Abraham » (Né 9.7). Au cours de cette première rencontre, Dieu lui dit ces paroles essentielles :

Je ferai de toi une grande nation, et je te bénirai ; je rendrai ton nom grand, et tu seras une source de bénédiction. Je bénirai ceux qui te béniront, et je maudirai ceux qui te maudiront ; et toutes les familles de la terre seront bénies en toi (Ge 12.2,3).

Ceux qui ont la foi sont fils d’Abraham

J’emploie les termes « paroles essentielles », car, dans le Nouveau Testament (Ga 3), Paul cite cette dernière affirmation (« et toutes les familles de la terre seront bénies en toi ») pour appuyer le fait que même les païens qui placent leur foi dans le Messie juif hériteront la bénédiction d’Abraham :

Comme Abraham crut à Dieu, et que cela lui fut imputé à justice, reconnaissez donc que ce sont ceux qui ont la foi qui sont fils d’Abraham. Aussi l’Écriture, prévoyant que Dieu justifierait les païens par la foi, a d’avance annoncé cette bonne nouvelle à Abraham : « Toutes les nations seront bénies en toi ! » [Ge 12.3.] Ainsi, ceux qui croient sont bénis avec Abraham le croyant (Ga 3.7‑9).

En d’autres mots, la mort du Messie juif pour les pécheurs qui placent leur foi en lui a abouti à l’accomplissement d’un incroyable mystère. « Ce mystère, c’est que les païens sont cohéritiers, forment un même corps, et participent à la même promesse en Jésus-Christ par l’Évangile » (Ép 3.6). Ou, comme Paul l’exprime plus tard dans les versets 13 et 14 de Galates 3 : « Christ nous a rachetés de la malédiction de la loi, étant devenu malédiction pour nous […] afin que la bénédiction d’Abraham ait pour les païens son accomplissement en Jésus-Christ ». L’objectif du salut pour Israël à travers le Messie devient le dessein de salut pour le monde – pour tous ceux qui « partagent la foi d’Abraham » (Ro 4.16).

Branches d’olivier sauvage greffées et rameaux naturels retranchés

Paul illustre tout cela à l’aide d’une image (Ro 11). Il compare Israël à un olivier avec une racine nourricière et vivifiante qui est l’alliance de la promesse faite avec Abraham (Ro 11.17). Il soutient que la participation à cette substantielle souche de salut est accordée, non par une simple connexion ethnique à l’arbre, mais par la foi. Les Juifs peuvent donc en être retranchés pour cause d’incrédulité et, au contraire, les païens peuvent y être greffés parce qu’ils croient. Paul dit donc aux païens :

Si quelques-unes des branches [certains Juifs] ont été retranchées, et si toi, qui étais un olivier sauvage [un païen], tu as été greffé à leur place, et rendu participant de la racine nourricière de l’olivier, ne te glorifie pas aux dépens de ces branches. Si tu te glorifies, sache que ce n’est pas toi qui portes la racine, mais que c’est la racine qui te porte (Ro 11.17,18).

Il y a un véritable Israël

Autrement dit, depuis le début de l’existence d’Israël, il y a toujours eu un véritable Israël (appelé ailleurs « Israël spirituel » ou juif « intérieurement », Ro 2.28,29) au même titre qu’un Israël national et culturel. Cet Israël véritable est caractérisé par la foi. Ainsi les païens qui ont la même foi qu’Abraham peuvent en faire partie :

C’est pourquoi les héritiers le sont par la foi, pour que ce soit par grâce, afin que la promesse soit assurée à toute la postérité, non seulement à celle qui est sous la loi, mais aussi à celle qui a la foi d’Abraham, notre père à tous (Ro 4.16).

On peut aussi en déduire que, parmi le peuple juif, ceux qui rejettent le Messie, Jésus, ne font pas partie du véritable Israël :

Ce n’est point à dire que la parole de Dieu soit restée sans effet. Car tous ceux qui descendent d’Israël ne sont pas Israël, et bien qu’ils soient la postérité d’Abraham, ils ne sont pas tous ses enfants ; mais il est dit : En Isaac tu auras une postérité appelée de ton nom, c’est-à-dire que ce ne sont pas les enfants de la chair qui sont enfants de Dieu, mais que ce sont les enfants de la promesse qui sont regardés comme la postérité (Ro 9.6‑8).

Par conséquent, être des « enfants de la chair » – de nationalité juive – ne fait pas d’un individu un enfant de Dieu. Ceux qui sont des descendants d’Abraham ne sont pas automatiquement des « enfants d’Abraham » au sens spirituel, en vue du salut. Tout Israël n’est pas, de fait, Israël. Mais certains païens peuvent être appelés « enfants de la promesse » par la foi dans le Messie. Ils appartiennent alors au véritable Israël.


Cet article est tiré du livre : « La providence de Dieu » de John Piper