La providence de Dieu avant la Création (John Piper)

Le but de Dieu dans la providence

Il est rare d’employer le terme « providence » en rapport avec l’action de Dieu avant la Création. Mais du fait que notre objectif, dans cet article, concerne le but de Dieu dans la providence, nous en obtiendrons une image plus complète et plus fidèle à condition d’écouter le témoignage biblique de son existence avant la Création. Les Écritures lèvent le voile sur l’éternité passée et révèlent un aperçu de l’activité de Dieu, avant qu’il ne crée le monde, dans le choix d’un peuple qui lui appartienne. Le but de Dieu est on ne peut plus limpide :

[Dieu] nous a choisis en [Christ] avant la fondation du monde, pour que nous soyons saints et irréprochables devant lui. Par amour, il nous a prédestinés à être ses enfants d’adoption par Jésus-Christ, selon le dessein de sa volonté, à la louange de la gloire de sa grâce (Ép 1.4‑6, italiques pour souligner, traduction personnelle).

Avant la fondation du monde

L’un des buts manifestes de Dieu dans son choix d’un peuple « avant [même] la fondation du monde » est que nous soyons « saints et sans tache devant lui » (1.4). Mais de quelle manière cette sainteté s’exprimera-t-elle ? Existe-t-il un but plus ultime à cela ? Absolument. Le fait que nous soyons choisis implique une destinée fixée par Dieu – une prédestination – planifiée avant la Création. On trouve cette notion dans les versets 5 et 6 : « Il nous a prédestinés dans son amour à être ses enfants d’adoption par Jésus-Christ, selon le bon plaisir de sa volonté, pour célébrer la gloire de sa grâce… »

Si l’on divise cette action de prédestination (1.5,6) en quatre parties que l’on relie les unes aux autres, depuis les plus profondes racines, jusqu’au fruit le plus terminal, la progression se déroule ainsi : (1) l’objectif de la volonté de Dieu donne naissance à (2) un plan qui, à travers Jésus-Christ, (3) permet l’adoption des élus en tant que fils (4) dans le but ultime que ces derniers célèbrent la gloire de la grâce de Dieu.

La visée finale de Dieu, en amorçant avant la Création le projet intégral du salut, était qu’il soit loué pour la gloire de sa grâce.

Non pas sa gloire seule, mais la célébration de sa gloire

Ce qui a captivé mon attention il y a maintenant cinquante ans, quand j’ai été confronté pour la première fois à cette déclaration sur le but ultime de Dieu pour notre salut, c’est non seulement sa limpidité parfaite (« à la célébration de la gloire de sa grâce »), mais aussi l’emploi de Paul, à deux reprises encore, de ces mêmes mots dans le premier chapitre de son épître aux Éphésiens.

Dans les versets 11 et 12 de ce passage, il affirme que nous avons été « prédestinés suivant le plan de celui qui opère toutes choses d’après le conseil de sa volonté, afin que nous servions à célébrer sa gloire ». Exister pour la louange de la gloire de Dieu ! Puis, deux versets plus loin, il atteste que le Saint-Esprit est « les arrhes de notre héritage, pour la rédemption de la possession acquise, à la louange de sa gloire » (1.14, DBY). Recevoir l’héritage pour la louange de la gloire de Dieu ! Remarquez que son but c’est que nous soyons, et que nous possédions. Être pour la louange de sa gloire ; posséder l’héritage à la louange de sa gloire. Ainsi, l’objectif de Dieu, avant même la Création, était que ce que nous sommes et ce que nous possédons engendrent la louange de sa gloire.

Choisit pour sa gloire

Nous voyons donc, dans le premier chapitre de l’épître aux Éphésiens, que Dieu nous choisit pour sa gloire (1.4), nous prédestine pour sa gloire (1.5), nous adopte pour sa gloire (1.5), nous destine à exister pour sa gloire (1.12) et scelle notre héritage pour sa gloire (1.14). Plus clairement et plus précisément, son but (qui est exprimé à trois reprises dans ce même passage) n’est pas simplement « la gloire de Dieu », mais « la louange de sa gloire » (v. 6,12,14).

Attirer l’attention sur le but dans la louange éclaire notre compréhension des propos de Jonathan Edwards dans l’extrait suivant : « le grand et ultime but des œuvres de Dieu […] est [appelé], à juste titre et de manière la plus absolue, “la gloire de Dieu”[1]. »  L’objectif de Dieu n’est pas seulement de faire briller la gloire de ses perfections, mais aussi d’amener l’être humain à estimer sa gloire comme digne de louanges.

La gloire de Dieu est d’une valeur infinie

Non, il ne s’agit pas seulement de l’estimer ainsi, mais aussi de ressentir qu’elle l’est – de sentir sa valeur – sinon cette adoration n’est qu’hypocrisie. Inlassablement, Dieu recherche la glorification de sa beauté dans le plaisir visible que prennent ses enfants à l’adorer. Le manque d’émotion dans ce domaine est intimement lié à l’absence d’une prise de conscience de la grande valeur de l’objet de la louange. Une adoration à demi vécue n’est qu’un bien pauvre éloge. Dieu n’a aucune intention de voir son objectif final imprégné d’une telle médiocrité ; sa gloire est d’une valeur infinie et sa beauté est sans égal. Dans toute sa gloire, Dieu prouvera donc qu’il s’avère celui qui peut, bien plus que n’importe quoi ou n’importe qui d’autre, combler le cœur humain.


[1] Jonathan Edwards, Ethical Writings, Paul Ramsey et John Smith, éd., vol. 8, The Works of Jonathan Edwards, New Haven, Conn., Yale University Press, 1989, p. 530.


Cet article est tiré du livre : « La providence de Dieu » de John Piper