La prière : ce qu’elle est et ce qu’elle n’est pas (John Onwuchekwa)

Qu’est la prière ? Certains ont dit que « les définitions doivent toujours être le point de départ […] quand deux personnes entament une discussion sérieuse [1] ». Nous savons que la prière est nécessaire, et nous savons qu’elle n’est pas innée. Tout comme les disciples, il faut qu’on nous enseigne comment prier. Toutefois, cela ne nous sert pas à grand-chose de parler de la prière et de la manière dont elle façonne l’Église si nous ne pouvons pas d’abord nous mettre d’accord sur ce qu’est la prière.

Vous pensez peut-être : « C’est une perte de temps. Tout le monde sait ce qu’est la prière. Pas la peine même d’être chrétien pour savoir ce qu’est la prière. » Mais n’allez pas trop vite. Parfois, les mots les plus courants sont les plus difficiles à définir.

Combien de fois avez-vous utilisé le mot donc ? Personne ne vous interrompt au milieu d’une phrase pour vous demander de clarifier votre usage de ce mot. Il semble ne pas avoir besoin d’être défini. Mais allez-y, essayez de le définir (sans l’aide d’un dictionnaire ou de Google).

Vous voyez ce que je veux dire ? C’est un mot qu’il est plus facile d’utiliser que de définir. Parfois, les mots les plus courants entraînent le plus de confusion, et le mot prière en fait partie.

Les définitions de la prière abondent. En voici quelques-unes :

Prier, c’est parler à Dieu

Il suffit de parler à Dieu comme à notre meilleur ami. On n’a pas besoin d’apprendre à parler à Dieu. Il suffit de le faire.

Prier, c’est demander quelque chose à Dieu.

Prier, c’est décréter et demander que Dieu fasse ce que nous voulons qu’il fasse. C’est lutter avec lui jusqu’à ce qu’il nous donne ce que nous voulons. Dieu se fait attendre pour voir à quel point nous désirons ce pour quoi nous prions. Nous devons revendiquer ce que nous voulons. Nous devons le nommer et le réclamer.

Prier, c’est aligner notre volonté sur celle de Dieu.

La prière ne consiste pas à obtenir quelque chose de Dieu ou à le pousser à agir. Il sait ce dont on a besoin et il a déjà décidé s’il nous le donnera. Prier, c’est tout simplement accorder notre volonté avec la sienne. On le fait plus pour nous que pour Dieu.

La prière ne consiste pas à obtenir quelque chose de Dieu ou à le pousser à agir. Il sait ce dont on a besoin et il a déjà décidé s’il nous le donnera. Prier, c’est tout simplement accorder notre volonté avec la sienne. On le fait plus pour nous que pour Dieu.

Prier, c’est orienter un vœu dans la direction de Dieu.

Lorsque nous prions, ce n’est rien de plus que souhaiter que tout aille mieux quand on entend parler d’une tragédie, ou encore souhaiter de bons résultats médicaux pour un ami malade.

Prier, c’est un peu de tout cela.

Qui a raison ? On ne peut pas se contenter de n’importe quelle définition. On a besoin de la bonne définition. Pourquoi ? Parce qu’une mauvaise compréhension conduit à une mauvaise mise en pratique.

Avez-vous déjà entendu l’histoire de l’homme qui a acheté un perroquet hors de prix à sa mère pour la fête des Mères ? Il a payé 10 000 euros pour un perroquet qui peut parler quarante langues et chanter quelques cantiques. Il a envoyé l’oiseau à sa mère et n’a pas reçu de réponse pendant plusieurs jours. Inquiet à l’idée qu’elle n’ait pas aimé le cadeau, il a appelé sa mère et lui a demandé : « Tu as aimé l’oiseau ? » Ce à quoi elle lui a répondu : « C’était super ! » Rempli de fierté, le fils lui a alors demandé : « Qu’est-ce qui t’a le plus plu ? » Elle lui a répondu : « Les cuisses. Elles étaient délicieuses. » 

Mauvaise compréhension, mauvaise mise en pratique.

Ce que la prière n’est pas

Nous n’avons pas le temps de discuter de chaque définition, mais parlons brièvement de certaines conceptions fréquentes au sujet de la prière.

Dans Exode 33.11, Moïse parlait avec Dieu face à face, comme un homme parle à son ami. Je pense qu’il est possible de fonder une théologie erronée de la prière si l’on se base sur un usage inapproprié de ce verset. Certes, parler avec Dieu comme on le ferait avec un ami constitue une partie de la prière, mais cette définition seule est simpliste.

Jésus était Dieu fait chair. Donc, chaque fois que les disciples parlaient avec Jésus, ils parlaient avec Dieu comme ils auraient parlé avec n’importe qui. Si prier signifie simplement parler à Dieu, et que Jésus était Dieu, alors ne devrions-nous pas considérer toute conversation qu’une personne aurait eue avec Jésus comme une prière ? Je ne pense pas que Jésus voyait les choses de cette façon.

Quand Philippe demande à Jésus de leur montrer le Père, Jésus répond :

« Celui qui m’a vu a vu le Père » (Jean 14.9).

Jésus semble dire : « Ne cherche pas plus loin. Si tu m’as vu, tu as vu Dieu » (voir Hébreux 1.3). Toutefois, quand les disciples demandent à Jésus de leur enseigner comment prier, il ne répond pas de la même manière. Il ne dit pas : « Eh bien, si vous m’avez parlé, vous avez parlé au Père. » Il leur donne plutôt des instructions. Il leur fournit un modèle sur la manière de s’adresser à une autre personne que celle qui se tient juste en face d’eux : « Notre Père » (Matthieu 6.9-15 ; voir aussi Luc 11.1-4).

La prière n’est pas un marchandage

Si la prière est plus qu’une conversation décontractée avec notre Créateur, elle est loin d’être une façon de lui tordre un bras pour obtenir ce que nous voulons. Dieu est tout-puissant. Nous ne pouvons pas le contraindre. Il est trop fort. On ne peut pas marchander avec lui, tout comme ma petite fille ne peut pas marchander avec moi — elle ne possède rien qui me soit nécessaire ou que je veuille. Nous ne pouvons rien exiger de Dieu parce qu’il est impossible de contraindre une personne qui n’a besoin de rien.

Vous voyez ce que je veux dire quand je mentionne la difficulté de comprendre ce qu’est la prière ? Ce n’est pas aussi clair et net que les définitions avec lesquelles nous avons grandi et que nous tenons pour acquises. 

[1] James R. Estep Jr., Michael J. Anthony et Gregg R. Allison, A Theology for Christian Education [Une théologie pour l’éducation chrétienne], trad. libre, B&H, Nashville, 2008, p. 6. 

Cet article est tiré du livre : La prière de John Onwuchekwa