La première lettre de Paul à Timothée : ni privée, ni optionnelle (Matt Smethurst)

La lettre que nous appelons « première épître à Timothée » n’est pas le message privé d’une correspondance entre deux amis. Paul écrit à Timothée personnellement, oui, mais pas de manière privée. L’apôtre conçoit sa lettre comme un document public qui servirait de guide pour l’ensemble des Églises, et pas seulement pour le troupeau de Timothée à Éphèse. Le fait que cette lettre soit ancrée dans une certaine culture ne signifie pas qu’elle ne s’applique qu’à celle-ci.

Le premier indice de cette applicabilité universelle se trouve dans la manière dont Paul introduit ses instructions pour le rassemblement du culte : « Je veux donc que les hommes prient en tout lieu » (1 Ti 2.8). En d’autres termes, « ce que je t’écris, Timothée, s’applique partout, pas seulement à Éphèse »[1]. Mais c’est dans le chapitre suivant que Paul énonce le plus clairement son objectif :

Je t’écris ces choses, avec l’espérance d’aller bientôt vers toi ; mais, si je tarde, tu sauras comment il faut se conduire dans la maison de Dieu, qui est l’Église du Dieu vivant, la colonne et l’appui de la vérité (1 Ti 3.14,15).

Si 1 Timothée contient une déclaration d’intention, c’est certainement celle-ci. Notez les trois points suivants :

  1. Dans cette lettre, les instructions de Paul s’adressent à Timothée mais sont destinées à tous. Remarquez qu’il se préoccupe de la manière dont « il faut se conduire » dans la maison de Dieu – c’est-à-dire la manière dont quiconque devrait diriger l’Église (la Semeur traduit « comment on doit se comporter »). Cela ne concerne pas uniquement Timothée.
  2. Dans ce passage, Paul ne donne pas des suggestions, des idées stratégiques, ou des bonnes astuces. Timothée tient entre ses mains une lettre de commandements inspirés par Dieu. Remarquez que Paul ne se contente pas de révéler comment on devrait ou pourrait se comporter dans l’Église. Il explique comment « il faut » se conduire, une expression débordante de force morale.
  3. Quelles sont « ces choses » censées marquer les pratiques de l’Église ? Je crois que Paul se réfère ici au contenu de l’épître dans sa totalité, mais quel est le contexte immédiat ? Quelles sont les « choses » moralement requises qu’il vient de mentionner ? Les qualifications des diacres.

Après avoir listé les critères d’éligibilité pour la position d’évêque[2] dans les versets 1 à 7, Paul porte son attention sur la position de diacre, ou de ministre, dans les versets 8 à 13 :

Les ministres [diakonos], pareillement, doivent être dignes, exempts de duplicité, d’excès de vin et de gains honteux ; ils doivent conserver le mystère de la foi dans une conscience pure. Qu’on les mette d’abord à l’épreuve et qu’ils exercent ensuite le ministère, s’ils sont sans reproche. Que les femmes [ou « leur femme »[3]], de même, soient dignes, non médisantes, sobres, dignes de confiance en tout. Les ministres doivent être hommes d’une seule femme et bien diriger leurs enfants et leur propre maison. Car ceux qui ont bien exercé le ministère s’acquièrent un beau rang et une grande assurance par la foi qui est en Jésus-Christ (NBS).

Lucas, Sabrina, Jean, Alex, ou Juan devraient-ils être nommés diacres dans leur Église ? Peut-être. La réponse, toutefois, ne repose pas sur les attributs listés précédemment, mais sur le fait que leur vie incarne ou non ce texte primordial.


[1] Ne passez pas non plus à côté de la manière dont Paul conclut son épître : « Que la grâce soit avec vous ! » (1 Ti 6.21.) Le « vous » est pluriel et indique que la lettre ne concerne pas uniquement Timothée.

[2] Ou « ancien » ou « pasteur ». Malgré des emphases légèrement différentes, les trois termes sont interchangeables dans le Nouveau Testament et se réfèrent à la même position au sein de l’Église locale (comparez Ac 20.17,28 ; Tit 1.5,7 ; 1 Pi 5.1,2).

[3] Voir l’appendice 1 (« Les femmes peuvent-elles servir dans le diaconat ? ») pour une discussion au sujet de ce verset.


Cet article est tiré du livre : « Les diacres » de Matt Smethurst