La prédiction d’Ésaïe pour le diaconat (Matt Smethurst)

Le rôle du diacre

Le rôle de diacre n’existait pas du temps de Jésus, et pourtant, sa vie reflète en tout point le diaconat. Pour bien saisir la portée de l’impact de Jésus sur le diaconat, néanmoins, il nous faut rembobiner l’histoire et examiner le sens que l’Ancien Testament donne au récit diaconal.

Le thème d’Israël comme le serviteur choisi par Dieu occupe une place prééminente dans le livre d’Ésaïe, rédigé sept cents ans avant la venue de Jésus sur Terre :

Mais toi, Israël, mon serviteur, Jacob, que j’ai choisi, race d’Abraham que j’ai aimé ! Toi, que j’ai pris aux extrémités de la terre, et que j’ai appelé d’une contrée lointaine, à qui j’ai dit : « Tu es mon serviteur, je te choisis, et ne te rejette point ! » (És 41.8,9 ; voir aussi 43.10 ; 44.1,2.)

Cependant, même ce statut élevé de serviteur choisi par Dieu n’était pas suffisant pour sauver la nation de la condamnation qui reposait sur elle à cause de son péché. Dieu, dans son immense miséricorde, lui a pourtant promis le pardon :

Souviens-toi de ces choses, ô Jacob ! Ô Israël ! car tu es mon serviteur ; je t’ai formé, tu es mon serviteur ; Israël, je ne t’oublierai pas. J’efface tes transgressions comme un nuage, et tes péchés comme une nuée ; reviens à moi, car je t’ai racheté (És 44.21,22 ; voir aussi 48.20.)

Ce don du pardon n’était jamais censé être limité au peuple d’Israël. Dès l’appel d’Abraham (Ge 12.3), l’intention de Dieu était que son peuple serviteur étende la bénédiction divine au reste du monde :

[L’Éternel] dit : C’est peu que tu sois mon serviteur pour relever les tribus de Jacob et pour ramener les restes d’Israël : je t’établis pour être la lumière des nations, pour porter mon salut jusqu’aux extrémités de la terre (És 49.6).

Le focus sur un individu en particulier

Si la focalisation est faite sur l’aspect « national », Ésaïe se concentre davantage encore sur un individu en particulier, quelqu’un qui représenterait la nation tout entière. Revenons légèrement en arrière au début du premier « chant du serviteur » :

Voici mon serviteur, que je soutiendrai, mon élu, en qui mon âme prend plaisir. J’ai mis mon Esprit sur lui ; il annoncera la justice aux nations (És 42.1).

Lorsque nous atteignons le dernier chant du serviteur dans le livre d’Ésaïe, il n’y a plus aucun doute : c’est le serviteur emblématique dont il est question. Il s’agit de l’un des passages les plus conséquents de toutes les Écritures hébraïques sur le plan prophétique. En quinze versets seulement, d’Ésaïe 52.13 à 53.12, Dieu annonce explicitement que l’exaltation de son serviteur sera étroitement liée à l’humiliation d’une mort qui porte le péché :

Voici, mon serviteur agira en toute sagesse, il sera haut placé, très élevé, grandement exalté […]

L’Éternel a voulu le briser par la souffrance. Si tu fais de sa vie un sacrifice de culpabilité, il verra une descendance et vivra longtemps, et la volonté de l’Éternel sera accomplie par son intermédiaire. Après tant de trouble, il verra la lumière et sera satisfait. Par sa connaissance, mon serviteur juste procurera la justice à beaucoup d’hommes ; c’est lui qui portera leurs fautes (És 52.13, BDS ; 53.10,11, S21).

Quel effet la mort et la résurrection du serviteur souffrant produisent-elles ? Des non-Juifs affluent dans la famille et deviennent des serviteurs du Dieu vivant :

Et les étrangers qui s’attacheront à l’Éternel pour le servir, pour aimer le nom de l’Éternel, pour être ses serviteurs, tous ceux qui garderont le sabbat, pour ne point le profaner, et qui persévéreront dans mon alliance, je les amènerai sur ma montagne sainte, et je les réjouirai dans ma maison de prière ; leurs holocaustes et leurs sacrifices seront agréés sur mon autel ; car ma maison sera appelée une maison de prière pour tous les peuples (És 56.6,7).

Si l’on prend un peu de recul sur l’ensemble du livre d’Ésaïe, nous découvrons une réalité à couper le souffle : le roi (chap. 1-37) est le serviteur (chap. 38-55) et le conquérant (chap. 56-66). Il s’agit d’une seule et même personne. En prenant encore davantage de recul, nous constatons qu’un nouveau lien apparaît dans ce récit biblique : le serviteur souffrant de Dieu n’est autre que le roi saint de Dieu (2 S 7.12,13) par lequel la bénédiction de Dieu se propagera (Ge 12.3) et à cause duquel l’ennemi de Dieu mourra (Ge 3.15).


Cet article est tiré du livre : « Les diacres » de Matt Smethurst