La parole de pardon (Arthur Pink)

« Jésus dit : Père, pardonne-leur, car ils ne savent ce qu’ils font. » (Luc 23:24)

L’homme s’est rendu coupable du pire. Celui qui a créé le monde est venu y habiter, mais le monde ne l’a pas connu. Le Seigneur de gloire a séjourné parmi les hommes, mais ceux-ci n’ont pas voulu de lui. Les yeux aveuglés par le péché n’ont vu en lui aucune beauté qui le rende désirable. À sa naissance, le manque de place à l’auberge annonce déjà ce qui attendait le Sauveur entre les mains des hommes. Peu après la venue au monde de Jésus, Hérode chercha à le faire mourir. Cela préfigurait l’hostilité qui se déclencherait contre sa personne, et annonçait la croix comme apogée de l’inimitié humaine. Ses ennemis tentèrent sans cesse de le supprimer. Et leurs désirs leur sont enfin accordés. Le Fils de Dieu s’est livré entre leurs mains. Au terme d’une parodie de procès, ses juges ne trouvent aucun motif d’accusation. Mais ils cédent aux vociférations insistantes de ses ennemis qui scandent : «Crucifie-le !»

Le tribunal a prononcé un verdict lâche, mais aucune mort normale ne contentera ses ennemis implacables. Ils font donc tout pour rendre celle de Jésus aussi douloureuse et ignoble que possible. Ils choisissent la croix comme instrument de torture et y clouent le Sauveur. Il y pend, silencieux. Mais voici que ses lèvres remuent. Va-t-il implorer la pitié de ses bourreaux ? Non. Est-il en train de maudire ceux qui le crucifient ? Non. Il prie, et qui plus est, il prie pour ses ennemis : «Père, pardonne-leur, car ils ne savent ce qu’ils font» (Luc 23:34).

La première des sept paroles de la croix présente le Seigneur en prière

Il avait débuté son ministère public par la prière (Luc 3:21), et il le termine de la même manière. Combien cela est significatif et instructif ! Il nous laisse là un exemple sublime. Ses mains ne pourront plus guérir les malades car elles sont clouées sur la croix ; ses pieds ne pourront plus le conduire vers ceux qui appellent au secours, car ils sont immobilisés sur le bois cruel ; il ne peut plus instruire ses apôtres, car ils l’ont abandonné et se sont enfuis ; à quoi peut-il encore bien se consacrer ? Au ministère de la prière ! Quelle leçon pour nous !

Le ministère de la prière

Il se peut, ami lecteur, que vous ne soyez plus en mesure de travailler activement dans l’œuvre du Seigneur en raison de votre âge ou de la maladie. Peut-être étiez-vous enseignant, prédicateur, moniteur d’école du dimanche, colporteur ; aujourd’hui vous êtes cloué au lit. Vous êtes cependant encore sur la terre ! Qui sait si Dieu ne vous laisse pas un peu plus longtemps ici-bas pour que vous vous engagiez dans le ministère de la prière, et que vous accomplissiez davantage par ce service que par toutes vos activités passées ? Si vous êtes tenté de dédaigner ce ministère, souvenez-vous de votre Sauveur. Il pria, il pria pour les autres, il pria pour des pécheurs jusqu’aux toutes dernières heures de sa vie.

Personne n’est hors d’atteinte de la prière

En priant pour ses ennemis, Christ ne donne pas seulement l’exemple parfait de l’attitude que nous devons adopter envers ceux qui nous font du tort et nous haïssent ; il enseigne aussi à ne jamais considérer qui que ce soit comme hors d’atteinte de la prière. Sa prière pour ses bourreaux nous encourage à prier pour le plus grand des pécheurs. Lecteur chrétien, ne perdez jamais espoir. Avez-vous l’impression de perdre votre temps en continuant de prier pour tel homme, telle femme, pour votre enfant égaré ? Leur cas vous semble-t-il chaque jour un peu plus désespéré ? Avez-vous le sentiment qu’ils sont hors d’atteinte de la compassion divine ? Celui pour qui vous priez depuis si longtemps est peut-être devenu la proie d’une secte satanique, ou il se conduit manifestement comme un infidèle, en un mot comme un ennemi déclaré de Christ. Souvenez-vous de la croix. Christ a prié pour ses ennemis. Apprenez donc à ne considérer personne comme hors d’atteinte de la prière.

L’efficacité de la prière

Cette prière de Christ montre aussi l’efficacité de la prière. Son intercession sur la croix en faveur de ses ennemis trouve une réponse claire et décisive dans la conversion des trois mille âmes le jour de la Pentecôte. J’appuie mon affirmation sur la parole de Pierre en Actes 3:17 : « Maintenant, frères, je sais que vous avez agi par ignorance, ainsi que vos chefs. » L’apôtre parle d’« ignorance », ce qui correspond au « ils ne savent ce qu’ils font » du Seigneur. Voilà qui explique la conversion de trois mille personnes au cours d’un seul sermon. L’éloquence de Pierre n’entraîna pas ces conversions, mais la prière du Sauveur. Ami chrétien, ce principe s’applique aussi pour nous. Christ a prié pour vous et moi longtemps avant que nous croyions en lui :

« Ce n’est pas pour eux seulement que je prie, mais encore pour ceux qui croiront en moi par leur parole » (Jean 17:20).

Tirons profit de cet exemple parfait. Intercédons, nous aussi, pour les ennemis de Dieu ; si nous le faisons avec foi, nous verrons l’efficacité de la prière en faveur du salut des pécheurs perdus.


Cet article est tiré du livre : Celui qui parle de la croix de Arthur Pink