La mort est inévitable (Paul Helm)

La mort est un jugement qui s’étend à toute l’humanité

La mort n’est pas seulement inévitable dans le sens où elle arrivera pour chacun d’entre nous, elle est inévitable aussi parce qu’elle doit se produire. Beaucoup de choses qui semblent inévitables ne le sont pas en réalité. Leur caractère inévitable est conditionnel, et ces conditions dépendent de nous ou des autres. Mais la mort est inévitable dans la mesure où elle repose sur des facteurs qui ne dépendent pas de nous mais totalement de Dieu, comme l’affirme le chrétien. Ils ne reposent pas sur Dieu parce que nous avons choisi de les lui déléguer mais parce que la mort est un jugement qui s’étend à toute l’humanité. 

Durant les vingt dernières années de ma vie, je me suis rendu sur la côte du Yorkshire pour mes congés annuels. Avec ceux qui me connaissent, je peux donc penser que la destination de mes prochaines vacances est inévitable. Mais ce n’est pas le cas, car il dépend de moi de choisir un autre lieu de vacances ou de ne pas prendre de congés du tout. Mais je ne peux pas choisir de ne pas mourir. Il existe différents moyens de prolonger la vie, tels que l’hygiène générale, un bon régime alimentaire et l’exercice. Pareillement, il y a divers moyens de la raccourcir, comme la cigarette et une conduite imprudente. Mais aucun de nous ne peut vivre indéfiniment. Tel est le « sort des fils de l’homme » (Ecclésiaste 3:19).

La vie est un don de Dieu

Reconnaître le caractère inévitable de la mort ne signifie pas qu’il ne faille pas chercher à prolonger sa propre vie et celle des autres. Bien au contraire. Dans la mesure où la vie est le don de Dieu, les tentatives de la prolonger sont le plus souvent l’expression de l’amour du prochain ou d’une saine estime de soi que les Écritures reconnaissent (Matthieu 5:43). Il ne devrait faire aucun doute que nous avons le devoir de sauver des vies, de répondre aux besoins de notre prochain et d’aider à soigner et à guérir. Le caractère inévitable de la mort ne devrait pas encourager le fatalisme ni l’argument du paresseux selon lequel « ce qui doit arriver arrivera. » Une telle attitude n’est pas naturelle. C’est le résultat d’une confusion entre la volonté révélée de Dieu et sa volonté secrète.

Sa volonté révélée est que nous pratiquions le bien envers tous et que nous apportions notre soutien aux organismes qui s’y emploient. Mais la plupart du temps, le moment de la mort d’un individu fait partie de la volonté secrète de Dieu. C’est lui qui choisit cette heure, et il est le seul à la connaître. Toutefois, même les meilleurs efforts ne parviennent qu’à prolonger la vie. Ils ne peuvent pas assurer l’immortalité. Il y a une profonde différence entre la réanimation et la résurrection.

Le caractère inévitable de la mort fait désormais partie de la structure physique de l’univers

L’Éternel n’a pas décrété la fin soudaine de la vie humaine alors que tout semblait indiquer qu’elle serait éternelle. Cela arrive parfois. Il se peut qu’une personne soit terrassée dans la force de l’âge par un accident ou une maladie soudaine. Mais tout comme la mort est une anomalie en regard de la création originelle, la mort soudaine est une double anomalie. À moins d’être victimes d’un accident ou d’un assassinat, nous mourons tous d’une lente dégénérescence physique. C’est notre fin à tous, car nous sommes soumis à des processus qui font partie de la structure physique de toute vie animée.

Les chrétiens devraient accorder à ce fait une plus grande importance qu’ils ne le font d’habitude. Les multiples processus à l’œuvre dans notre corps et dans la nature animée qui nous entoure sont normaux et naturels. Ils font partie de notre composition biologique et peuvent faire l’objet d’analyses scientifiques. Pour qu’un corps ne meure pas ou qu’un arbre ne pourrisse pas, il faudrait qu’il soit constitué de processus physiques très différents de ceux des corps et des arbres que nous voyons. La mort ne vient pas s’accoler à des corps par ailleurs permanents. Dès la naissance, notre corps n’est pas fait pour durer mais pour mourir, et les biologistes sont capables d’étudier les processus de mort et de décadence de la même manière qu’ils étudient d’autres processus physiques.

Que faut-il en conclure ?

Ces faits montrent entre autres que la malédiction de la mort dont parlent les Écritures (Galates 3:10,13) affecte la création physique à un niveau fondamental. Nous ne savons pas précisément ce qui se produisit quand Dieu maudit le sol pour qu’il produise des épines et des ronces (Genèse 3:18). Mais ce que nous savons, c’est que le « jugement créateur » de Dieu a fait dévier les processus physiques fondamentaux de la création. La création originelle de Dieu était l’expression de son amour et de sa bonté, et donc elle était intrinsèquement bonne (Genèse 1:31). Désormais, en conséquence de son juste jugement, elle est devenue mortelle. 

La malédiction de Dieu n’est pas simplement spirituelle, n’affectant que la relation entre l’âme et Dieu, et rien d’autre. Elle a un impact sur toute la création animée et elle se traduit par des processus physiques modifiés. Le jugement divin que rapporte la Genèse, « le sol sera maudit à cause de toi… il te produira des épines et des ronces… tu es poussière, et tu retourneras dans la poussière » (Genèse 3:17-19), a la même force et la même portée que les premières paroles créatrices : « Que la lumière soit. » C’est un jugement profond qui s’étend à toutes choses.

C’est pourquoi Paul écrit que « jusqu’à ce jour, la création tout entière soupire et souffre les douleurs de l’enfantement » et attend la rédemption du corps (Romains 8:22). Selon l’apôtre, toute la création physique se trouve sous le jugement, pas seulement l’âme de l’être humain, et ce jugement sera levé à la fin des temps lorsque l’œuvre de Christ culminera avec la résurrection générale. Christ n’est pas seulement mort pour le monde, l’humanité organisée en opposition avec lui. Il est mort pour le cosmos, toute la création physique placée sous la malédiction. 


Cet article est tiré du livre : Les choses dernières de Paul Helm