La foi d’Abraham (Edgar Andrews)

Comme Abraham crut à Dieu, et que cela lui fut imputé à justice, reconnaissez donc que ce sont ceux qui ont la foi qui sont fils d’Abraham. Aussi l’Écriture, prévoyant que Dieu justifierait les païens par la foi, a d’avance annoncé cette bonne nouvelle à Abraham : Toutes les nations seront bénies en toi ! ainsi, ceux qui croient sont bénis avec Abraham le croyant. (Galates 3:6-9)

Dès qu’il mentionne Abraham, Paul va droit au cœur de son sujet : « Abraham crut à Dieu, et… cela lui fut imputé à justice ». Il fait bien sûr référence ici à Genèse 15:4-6, où Dieu promit à Abraham que « celui qui sortira de tes entrailles… sera ton héritier. » En dépit de son âge avancé et du fait que sa femme avait passé l’âge d’enfanter, Abraham « ne douta point, par incrédulité, au sujet de la promesse de Dieu ; mais il fut fortifié par la foi, donnant gloire à Dieu, et ayant la pleine conviction que ce qu’il promet il peut aussi l’accomplir » (Romains 4:20-22). Tout le chapitre 4 de Romains est consacré à la foi d’Abraham.

En quoi Abraham a-t-il cru ? 

Une première question surgit : En quoi exactement Abraham a-t-il cru ? L’Évangile enseigne qu’il faut croire en Christ pour être compté comme juste. Mais comment Abraham a-t-il pu croire en un Messie qui n’était pas encore venu et en une expiation qui n’avait pas encore été accomplie ? Les croyants de l’Ancien Testament auraient-ils été justifiés par une confiance générale en Dieu, sans percevoir de contenu christologique précis ? 

Nous ne le pensons pas. Accepter une telle idée est une profonde méprise quant à la justice imputée et revient à transformer la foi en une œuvre. Soyons clairs. La seule justice que Dieu accepte est celle de Christ, car elle seule est parfaite. La justice imputée est celle seule de Christ, mise au compte du pécheur. Si l’action de croire était en soi-même un moyen de justification, nous serions alors justifiés par une œuvre. Ce n’est pas l’acte de croire qui justifie le pécheur, mais l’objet (Christ) en qui il place sa foi.

Romains 4:6-8 le montre de manière évidente : 

« De même David exprime le bonheur de l’homme à qui Dieu impute la justice sans les œuvres. » 

Puis, Paul cite le Psaume 32:1,2 : 

« Heureux ceux dont les iniquités sont pardonnées, et dont les péchés sont couverts ! Heureux l’homme à qui le Seigneur n’impute pas son péché ! » 

Or, il est évident que seul le sang de Christ peut couvrir les péchés des hommes. La Bible ne connaît pas d’autre moyen. Mais Dieu impute la justice à ceux dont les péchés sont ainsi couverts. Cette justice ne peut donc être imputée que sur la base de l’œuvre expiatoire de Christ. 

Bien qu’il soit vrai que les croyants de l’Ancien Testament ne voyaient pas toute la portée de l’Évangile (cf. Éphésiens 3:5), cet élément christologique nécessaire ne faisait jamais défaut à leur foi. Ainsi, à l’aube de l’histoire de l’homme, par la foi, Abel « offrit à Dieu un sacrifice plus excellent que celui de Caïn ; c’est par elle [sa foi, exprimée par la nature de son sacrifice] qu’il fut déclaré juste » (Hébreux 11:4). Quel était le sacrifice d’Abel ? Un agneau, qui préfigurait « l’Agneau de Dieu, qui ôte le péché du monde » (Jean 1:29). Dans le cas d’Abraham, nous avons déjà cité les paroles de Jésus : « Abraham, votre père, a tressailli de joie de ce qu’il verrait mon jour : il l’a vu, et il s’est réjoui. »

La foi d’Abraham était dans la venue de Christ

Lorsque Dieu promit à Abraham un fils par qui toutes les familles de la terre seraient bénies (Genèse 12:3), le patriarche ne perçut pas seulement la promesse qui allait s’accomplir en Isaac plus tard dans sa vie, mais aussi une promesse plus lointaine (cf. Hébreux 11:10,13). Cette promesse était Christ, dont Isaac servait d’illustration, de type (né de façon miraculeuse, sacrifié sur la montagne de Morija, ressuscité figurativement d’entre les morts – Hébreux 11:17-19). La foi d’Abraham n’était pas dans les promesses terrestres, mais dans la venue de Christ.


Cet article est tiré du livre : La liberté est en Christ de Edgar Andrews