Jésus-Christ : Prophète, Sacrificateur et Roi (Sinclair Ferguson)

Note de l’éditeur : Ceci est le quatrième article d’une série pascale. Pour lire le troisième article, c’est par ici.  

Le Christ ?

Ces questions sont au cœur de tout le récit, surtout si l’on se souvient d’une question qui a déjà été posée à Jésus :

« Si tu es le Christ, dis-le nous » (Luc 22:67).

À la question : « Es-tu le Fils de Dieu ? », Jésus répond : « Oui. » À la question : « Es-tu roi ? », Jésus répond aussi : « Oui. »

Mais la première question était : « Es-tu le Christ ? »

Le terme Christ ne fait pas partie du nom propre de Jésus. C’est un titre, la traduction grecque de l’hébreu traduit par Messie, « celui qui est oint ». Dans le cas présent, il s’agit de celui qui est oint par Dieu. « Jésus-Christ » signifie « Jésus le Messie », ou « Jésus, l’Oint de Dieu ».

Dans l’Ancien Testament, Dieu intervient à l’adresse de son peuple par des images et des illustrations de l’œuvre qu’il va accomplir en Jésus-Christ. Il suscite des prophètes pour communiquer sa Parole au peuple, des sacrificateurs qui, entre autres choses, offrent des sacrifices pour les péchés, et des rois pour le diriger en tant que nation dans les voies de l’Éternel. Tous ces hommes étaient oints avec de l’huile pour signifier que Dieu les appelait à un ministère particulier en faveur du peuple. 

Ce qui se passe réellement

Jésus est le Christ ; il remplit les trois fonctions. Le rôle ultime des prophètes, des sacrificateurs et des rois n’était pas simplement d’être au service de leurs contemporains, mais également de les orienter vers Christ qui sera la Parole même de Dieu incarnée, le sacrificateur qui va offrir le sacrifice suprême (lui-même) capable d’ôter le péché, et le monarque dont le règne ne prendra jamais fin.

L’Ancien Testament a annoncé la venue d’un tel personnage, à savoir un prophète plus grand que Moïse (Deutéronome 18:15-19), un sacrificateur selon l’ordre de Melchisédek (Psaume 110:4), un roi qui régnera à jamais en tant que Fils de David (Psaume 2:6). Jésus est le Messie promis, le Christ.

Tandis que Luc continue de tisser devant nos yeux les fils de sa tapisserie verbale décrivant la passion de Jésus, nous commençons à entrevoir ce qui se passe réellement. Contrairement à ce qu’ils pensent accomplir, ceux qui veulent détruire Jésus sont eux-mêmes intégrés dans le dessein de Dieu pour apporter le salut aux pécheurs par son Fils (Actes 2:23).

Jésus remplit son ministère messianique devant leurs yeux aveuglés

Prophète, Sacrificateur et Roi

Remarquons comment tout se met en place. Les hommes qui gardent Jésus commencent à se moquer de lui et à le frapper. Ils lui mettent un bandeau sur les yeux et lui disent :

« Devine (prophétise) qui t’a frappé » (Luc 22:64).

Ils jouent avec Jésus : « Prophète ! Prophète ! Si tu es prophète, prophétise ! »

Puis, dans le déroulement de la passion de Jésus, Hérode et ses soldats raillent, eux aussi, Jésus et se moquent de lui. Ils le revêtent d’une tunique royale élégante avant de le renvoyer à Pilate (23:6-12). C’est comme s’ils lui disait : « Si tu es roi, alors habille-toi comme un roi ! »

Enfin, tandis que la foule ricane et se moqua de Jésus pendant sa crucifixion, un des criminels crucifiés à ses côtés lui lance :

« N’es-tu pas le Christ ? Sauve-toi toi-même, et sauve-nous ! » (Luc 23:39)

C’est le rôle particulier du souverain sacrificateur, sa tâche spécifique et suprême à l’occasion du Yom Kippour, la fête annuelle de l’expiation. Le Souverain sacrificateur offre des sacrifices pour le pardon de ses propres péchés, puis il apporte le sang du sacrifice dans le lieu très saint, le Saint des saints, tellement saint qu’un seul homme peut y pénétrer, et cela une seule fois par an. À l’occasion de ce jour sacré entre tous, il prend le sang d’un animal sacrifié pour asperger le trône symbolique de Dieu sur terre et il implore le pardon divin sur le peuple. Ce jour-là, il entre dans la présence de Dieu pour « sauver les autres », quitte à mettre sa propre vie en danger en agissant ainsi (Exode 28:35).

Jésus est vraiment le Christ

Lorsque le malfaiteur mourant se tourne vers Jésus et lui dit : « Si tu es le Christ, alors sois le souverain sacrificateur — sauve-toi toi-même et sauve les autres », il ne se rend pas compte que Jésus est précisément en train de sauver les autres et, pour ce faire, il lui faut sacrifier sa propre vie.

Les brigands se moquent de lui comme s’il n’est pas un prophète authentique. Mais peu après, Jésus se tourne vers le malfaiteur qui lui dit :

« Seigneur, souviens-toi de moi, quand tu viendras dans ton règne » (Luc 23:42). Il lui parle avec la majesté et l’autorité du dernier et vrai Prophète : « Je te le dis en vérité, aujourd’hui tu seras avec moi dans le paradis. »

Il lui parle avec la majesté et l’autorité du dernier et vrai Prophète : « Je te le dis en vérité, aujourd’hui tu seras avec moi dans le paradis. »

Ce brigand à l’article de la mort voit ce que personne d’autre n’a vu. Il voit que Jésus est le Roi et que son règne va s’étendre au-delà de leur mort à tous les deux.

Jésus est vraiment le Christ.

Dans les dernières heures de sa vie, tout le pays est plongé dans l’obscurité. Les auteurs des évangiles signalent simplement ce fait extraordinaire sans commentaire ni explication. Il leur rappelle certainement plus d’un événement significatif du passé.

La fête annuelle des expiations en fait probablement partie. Ce jour-là, le souverain sacrificateur quittait le parvis extérieur du temple pour entrer dans l’obscurité de la pièce intérieure cachée, le lieu très saint. Il y offrait le sang du sacrifice et priait en faveur du peuple. Le soleil n’éclairait jamais cette pièce entièrement close. Le sacrifice suprême est offert à Dieu loin des regards indiscrets.

Une mission qui s’accomplit

Le jour de la crucifixion de Jésus, tout le pays se transforma en ce lieu très saint où Jésus le grand souverain sacrificateur n’offrit pas le sacrifice annuel pour les péchés, mais le sacrifice final pour les péchés du peuple. Le symbolisme fait place à la réalité. Le symbole n’est donc plus nécessaire ; le grand voile épais du temple se déchire soudain en deux — du haut jusqu’en bas (Luc 22:45). Le chemin d’accès à Dieu est désormais ouvert. De façon dramatique, Dieu lui-même ôte au temple son caractère sacré.

Jésus est réellement le Grand Souverain Sacrificateur. Tous les sacrificateurs antérieurs n’étaient que de simples illustrations, des acteurs d’un long drame faisant passer un message à ceux qui observaient, annonçant celui qui allait venir et le révélant à tous ceux qui avaient des yeux pour voir. Jésus est la réalité. Contrairement aux occasions sacrificielles antérieures, cette fois-ci, le Grand Souverain Sacrificateur entre dans la présence immédiate de Dieu. Il verse son propre sang sur l’autel du calvaire. Parce que c’est là le vrai sacrifice, Dieu indique qu’il lui est agréable en ouvrant tout grand l’accès au saint des saints, une manière céleste d’écarter le temple de son rôle sacré. C’est comme s’il disait : « Ce temple n’est désormais plus nécessaire. » Il détruit l’ordre ancien, car celui-ci a atteint son but.

Demain, nous verrons que le déroulement du drame réserve une autre surprise. 


Cet article est tiré du livre : Sola Gratia de Sinclair Ferguson