Certains obstacles à l’évangélisation des musulmans (Bassam Chedid)

S’il est vrai que seul le Saint-Esprit peut entrer dans le cœur, la vérité de l’Évangile passe toutefois par le raisonnement. Celui qui présente l’Évangile doit suivre un itinéraire pour le faire de manière convaincante et efficace. Nous allons donc examiner brièvement les questions suivantes :

« Que se passe-t-il dans l’esprit du musulman exposé à l’Évangile ?

Quelles sont les barrières et les objections qui font obstacle à la transmission de l’Évangile ? »

1. Les barrières religieuses

Dans l’islam, le mot « religion », Din, signifie fondamentalement « soumission absolue ». Dans la sourate 16:52, il est dit : « À lui [Allah] appartient perpétuellement le culte (Din)… une obéissance continuelle lui est due. » Les musulmans sont exhortés à n’accepter aucun autre système religieux que l’islam [3:83,85]. Un certain nombre de facteurs sont solidement ancrés dans leur esprit. Mentionnons-en quelques-uns :

L’islam est la révélation finale d’Allah

Soulignons une inconséquence de l’islam : tout en adoptant de nombreuses idées et vérités théologiques du judaïsme et du christianisme, les musulmans sont convaincus de n’avoir rien de commun avec les « gens du Livre » (chrétiens et Juifs) en dehors de ce qui est écrit les concernant dans le Coran. Dès le début de sa mission, Muhammad était convaincu de la totale fiabilité de la Torah et des évangiles [3:50 ; 5:68 ; 10:94]. C’est l’une des raisons pour lesquelles il croyait à tous les prophètes de la Bible [3: 3,4,84]. Pourtant, les musulmans affirment qu’il est le messager final, Rasul et le dernier prophète, Nabi.

L’affirmation de Muhammad d’être l’autorité finale [4:64] s’oppose directement à la déclaration selon laquelle « Dieu, dans ces derniers temps, nous a parlé par le Fils ; il l’a établi héritier de toutes choses ; par lui il a aussi créé l’univers » (Hébreux 1:2). Le Coran affirme cependant dans les termes les plus clairs que Jésus est le puissant messager de Dieu. Les musulmans le tiennent en très haute estime et le décrivent comme miraculeusement né d’une vierge, un faiseur de miracles et un être exempt de péché.

L’islam comme style de vie

C’est une religion qui englobe tous les aspects de la vie. Elle imprègne les systèmes religieux, sociaux, judiciaires et politiques de ses adeptes. Alors que le christianisme proclame la révélation d’un Sauveur divin, la personne de Jésus-Christ, l’islam, lui, proclame la révélation de la loi et de la volonté divines. Cette révélation englobe toutes les institutions de la société. Même s’il existe une tendance croissante dans certains États islamiques à prendre leurs marques par rapport à une stricte application de la loi islamique, le fait demeure que pour le musulman, accepter Christ, c’est reconstruire toute sa vie et adopter une toute nouvelle vision du monde. Cet ajustement radical n’est pas une tâche facile. Le refus de tenir compte du lien entre religion et État serait risqué dans une culture où chaque aspect de la vie est réglementé par des lois religieuses.

Saturation religieuse

L’instruction religieuse exerce une puissante influence sur les enfants dans le monde musulman. Mais cette tutelle religieuse se poursuit jusqu’à la maturité. Une fois que l’enfant a appris les pratiques islamiques fondamentales, on attend de lui qu’il soit loyal à sa religion et la défende de toutes ses forces. L’islam devient ainsi un style de vie ; l’être humain oublie tout sauf qu’il est musulman. L’islam décourage la réflexion personnelle. La remise en question de sa foi est presque inconcevable et perçue comme un acte de rébellion, non seulement contre la norme sociale, mais également contre la volonté d’Allah.

Simplicité de la confession de foi et de la foi elle-même

L’une des forces de l’islam réside dans le fait que c’est une religion dénuée de toute mythologie. Les musulmans déclarent que les enseignements du Coran sont très simples, intelligibles et logiques. C’est ce qui leur rend l’islam attrayant. Les articles de foi reflètent cette simplicité (cf. p.89-99). L’objectif de Muhammad était de créer une religion simple et séduisante, orientée vers un salut obtenu par les bonnes œuvres.

L’Évangile présente l’expiation comme un acte souverain de la grâce divine pour résoudre le problème fondamental de l’homme, à savoir son péché contre le Dieu saint, qui a brisé la relation entre le Créateur et sa création. Dieu accomplit l’œuvre de restauration par la mort de Christ. L’islam déclare, lui, que l’homme est créé bon par nature et est capable d’expier ses fautes et ses péchés en suivant la direction indiquée dans le Coran et en s’acquittant de certains devoirs, les « cinq piliers ». Il s’ensuit que le musulman est mal à l’aise en présence du concept, tout nouveau pour lui, d’un besoin de salut et de la voie pour l’obtenir.

La perception du christianisme comme une religion démodée

Le Coran explique que Muhammad est venu comme messager d’Allah pour rétablir toutes les religions dans leur état initial, c’est-à-dire l’islam. Celui-ci est donc la religion finale qui remplace toutes les révélations antérieures. Cet endoctrinement fait qu’il est tout naturel pour un musulman de mettre en doute la validité des autres religions, y compris l’enseignement de la Bible.

2. Les barrières sociales et familiales

L’examen antérieur de certains thèmes culturels a montré la force de ces facteurs contre l’Évangile. Dès leur plus jeune âge, on encourage les enfants à cultiver la plus grande loyauté vis-à-vis de leur famille immédiate. Celle-ci n’est pas une simple unité biologique et sociale, mais plus ou moins une communauté religieuse. C’est pourquoi cette forte affinité familiale exige une allégeance religieuse soudée. La communauté musulmane considère donc toute conversion de l’islam à la foi chrétienne comme une décision très grave qui donne souvent lieu à de terribles persécutions.

On ne sait pas toujours que les autochtones chrétiens, nés dans une famille chrétienne et appartenant à une Église régionale, qui remonte peut-être au début de l’ère chrétienne, ont le droit légal de vivre en chrétiens dans un État musulman. Muhammad les tolérait dans une certaine mesure comme « gens du Livre ». Mais il n’en est pas de même des convertis de l’islam, qui ne bénéficient d’aucune clémence. La charia, ou loi d’Allah, réclame leur punition. On leur offre la possibilité de se repentir et de revenir à l’islam sous la direction d’un chef religieux musulman. S’ils refusent, ils s’exposent à de graves sanctions pouvant même aller jusqu’à la peine capitale.

3. Les barrières linguistiques

Cette expression ne s’applique pas ici au processus de transmission et de réception de l’information, ni au codage et décodage de messages. Elle concerne l’affirmation islamique selon laquelle la langue arabe est d’essence divine et constitue le cœur vivant du nationalisme arabe. Pour les musulmans, la langue arabe du Coran est inséparable de la personnalité d’Allah. Elle prolonge ses attributs. C’est pourquoi on la considère elle-même comme céleste et sainte. Elle est la seule langue du Coran. La sourate 16:103 parle d’une révélation en langue arabe claire qui demande l’obéissance totale de tout le monde.

Cette prétendue supériorité se fonde avant tout sur l’affirmation d’une communication divine, littérale et mécanique de chaque mot du Coran. Toute critique du Coran est donc un crime impardonnable, selon la croyance islamique fondamentaliste. L’islam considère comme une faiblesse le fait que la Bible ait été écrite en plus d’une seule langue (hébreu, araméen et grec). Certains musulmans vont même plus loin et disent que la multiplicité des langues bibliques prouve que les chrétiens ont altéré sa forme et son contenu originels.

4. Les barrières théologiques

Mais la plus grande pierre d’achoppement à l’évangélisation des musulmans se trouve dans leurs objections théologiques à la plupart des vérités fondamentales de l’Écriture. Les doctrines concernant la Trinité, la nature de l’homme, le moyen d’expiation et l’autorité de la Bible se heurtent directement à la théologie islamique traditionnelle. Cela a causé beaucoup de soucis aux missionnaires et les a obligés à rechercher les directives divines pour savoir comment répondre aux objections musulmanes.


Cet article est tiré du livre : Islam – ce que tout chrétien devrait savoir de Bassam Chedid