Attaché à la croix – cet instrument de torture – pour moi (Greg Gilbert)

Parfois, dans notre vie chrétienne, on oublie combien la croix était une pratique horrible et humiliante ; ceci est dû à toutes ces représentations « romantiques » et artistiques que l’on peut voir tout autour de nous. La pratique romaine de la crucifixion restera en effet l’une des méthodes d’exécution les plus horribles, humiliantes et obscènes que le monde ait connue. En fait, elle était si horrible que les gens raffinés et cultivés de la société grecque et romaine ne prononçaient même pas le mot croix dans les cercles policés. C’était un mot infâme qui faisait référence à un type de mort encore plus infâme et détesté.

La crucifixion dans le monde romain n’était jamais un événement privé. Elle était toujours brutale, publique et volontairement humiliante. Son but principal était de terrifier les masses afin de les obliger à se soumettre aux autorités. Les Romains s’assuraient que les routes principales menant aux villes soient fréquemment bordées par des croix où étaient suspendus des agonisants complètement brisés et tordus par la douleur ou des cadavres en train de pourrir. Ils allaient même jusqu’à programmer des exécutions de masse coïncidant avec les fêtes religieuses et civiles dans le but de s’assurer qu’un maximum de gens assiste à cet horrible spectacle. Des meurtriers, des voleurs, des traîtres, et tout spécialement des esclaves révoltés étaient crucifiés brutalement, par milliers, partout dans l’Empire, et ce, toujours à la vue du public. Il était impossible d’échapper à l’horreur de la croix dans la vie romaine, et les autorités entendaient bien qu’il en soit ainsi.

Étant donné le nombre et la fréquence des crucifixions dans la société romaine, il est quelque peu surprenant que les récits de tels événements soient si rares. Mais, là encore, il est probable que personne n’ait eu envie d’écrire sur un tel sujet. Et pourquoi l’aurait‑on fait ? La croix était une opportunité légale – et même encouragée par le gouvernement – pour les exécuteurs de s’adonner à leurs pulsions les plus sadiques, les plus brutales, les plus vicieuses et inventives sur des condamnés. Aussi, sans surprise, les récits que nous en avons sont brefs, et leurs auteurs se contentent de faire allusion à l’horreur de la croix plutôt que de la décrire en détail. « Vous n’avez pas vraiment envie de savoir », semblent‑ils dire. De la chair déchiquetée sur du bois sans pitié, des clous en fer enfoncés dans les os et les nerfs meurtris, des articulations arrachées de leurs cavités par le simple poids du corps, l’humiliation publique sous les yeux des membres de la famille, des amis et du monde…, voilà la mort sur la croix, « le pieu infâme », comme l’appelaient les Romains, « le bois funeste », la maxima mala crux, ou le stauros, comme le nommaient les Grecs. Il n’est pas vraiment étonnant que personne n’ait voulu en parler. On ne devrait pas non plus s’étonner que les parents aient voulu cacher ce spectacle aux enfants. Le stauros était une chose répugnante, et celui qui mourrait dessus était lui aussi une chose répugnante, un vil criminel dont la seule utilité était de pendre là, à titre d’avertissement putride et pourrissant pour toute personne qui voudrait suivre son exemple.

C’est ainsi que Jésus est mort, sur une infâme croix. Lui, le Dieu créateur et glorieux, a choisi de mourir d’une façon si humiliante entre les mains de ses créatures afin de nous racheter et nous montrer la profondeur de son amour.

En effet, notre Sauveur était le serviteur souffrant, le roi des rois, le champion de l’humanité, Dieu avec nous. La croix représentait l’achèvement de son œuvre de salut envers nous. Par sa vie, il avait accompli la justice demandée. Par son sang, il avait payé la pénalité que son peuple méritait pour son péché. Il avait transformé la victoire de Satan en défaite. Il avait gagné le salut une fois pour toutes ! Trois jours après, il ressuscitait, plus grand miracle de l’Histoire !

Cet article est tiré du livre Qui est Jésus ? de Greg Gilbert.