Vous êtes insignifiant pour la gloire de Dieu (John MacArthur)

Être convaincu de sa propre insignifiance

En plus de sa confiance en la souveraineté de Dieu, Paul est resté fidèle en raison d’une forte conviction qu’il n’était rien en lui-même (1 Co 3.7 ; 2 Co 12.11). Paul ne se voyait pas comme quelqu’un d’extraordinaire. Il parlait de lui-même comme du premier des pécheurs (1 Ti 1.15) ; « le moindre des apôtres, je ne suis pas digne d’être appelé apôtre » (1 Co 15.9) ; et « le moindre de tous les saints » (Ép 3.8). Dans 2 Corinthiens, il écrit : « Nous portons ce trésor dans des vases de terre, afin que cette grande puissance soit attribuée à Dieu, et non pas à nous » (4.7).

Paul se considérait comme un récipient sans grande valeur contenant un trésor inestimable. Quel est ce trésor ? C’est « la connaissance de la gloire de Dieu sur la face de Christ » (v. 6). C’est une référence à l’Évangile. Paul se l’est vu confier, il a été appelé à le proclamer, et il le voyait comme le trésor suprême, infiniment plus précieux que tout autre trésor ou que tous les autres trésors combinés. Il se voyait en revanche comme un vase quelconque fait de terre. D’ailleurs, cette description ne s’applique pas seulement à Paul lui-même, mais à nous tous que Christ a mandatés pour porter l’Évangile jusqu’aux extrémités de la terre. Nous sommes en quelque sorte de la poterie fabriquée avec la poussière de la terre.


La puissance de l’évangile glorieux n’a rien à voir avec nous, si ce n’est que nous sommes les pots d’argile dans lesquels ce précieux trésor est caché.


C’est là un contraste étonnant : la gloire éternelle de Dieu sur la face de Christ révélée aux pécheurs, au moyen de l’Évangile. Ce dernier est porté à travers le monde par de faibles messagers, faillibles, disgracieux, fragiles : des « vases de terre ».

Des vases de terres imparfaits

Il ne faut pas oublier que ce passage fait partie de la réponse de Paul à ses détracteurs de Corinthe. Ils affirmaient qu’il n’était pas impressionnant. « Présent en personne, il est faible, et sa parole est méprisable » (2 Co 10.10). Nous voyons qu’il n’essaie pas de réfuter ce type d’accusations. Il leur concède ce point. Les critiques de ce genre ne le gênaient aucunement. Il se compare à un vulgaire pot fait d’argile cuite : cassable, remplaçable, ordinaire, laid, n’ayant pas de valeur intrinsèque, et dont l’utilité est entièrement sujette à la discrétion de son fabricant et de son maître.

Paul n’a pas usé d’hyperbole ; l’image est tout à fait appropriée. Comme tous les hommes, Paul était imparfait – et il ne s’en est jamais caché. En outre, ce que Paul a dit de lui-même est vrai à propos de tous les ouvriers. Comme l’a écrit A. T. Robertson : « Si Dieu ne pouvait pas utiliser de pauvres instruments et de faibles voix, il ne pourrait pas faire de la musique[1]. » Même les hommes exceptionnels sont fragiles et faillibles. Les héros de la foi mentionnés dans Hébreux 11 étaient tous des gens aux pieds d’argile, ou en fait, pour rester dans l’esprit de la métaphore de Paul, ils étaient des vases entièrement faits d’argile.

Les vases d’argile sont utiles seulement en raison de l’habileté du potier qui les fabrique. Une masse d’argile laissée à elle-même deviendrait une vulgaire motte dure comme de la roche. L’adjectif traduit par « de terre » est ostrakinos, qui signifie « terre cuite ». Il ne parle pas d’une fine porcelaine, mais bien d’un récipient d’argile ordinaire, simple et sans ornement.

Dans 2 Timothée 2.20, Paul écrit : « Dans une grande maison, il n’y a pas seulement des vases d’or et d’argent, mais il y en a aussi de bois et de terre ; les uns sont des vases d’honneur, et les autres sont d’un usage vil. » Les vases d’argile étaient les contenants les plus communs et les moins chers de la vaisselle d’une maison ; ils étaient carrément jetables. Ils étaient employés pour des usages très variés, des plus délicats aux plus vils.

À l’époque de Paul, il n’était pas rare pour les gens riches et les rois de cacher leur or et leurs autres biens précieux dans de simples vases d’argile. Ces derniers étaient alors enfouis dans la terre. Toutefois, ce type de vase était plus approprié pour un usage beaucoup moins honorable : éliminer les déchets de la maisonnée.

Sir Thomas More est vu par les catholiques comme un saint. Pourtant, le langage qu’il a utilisé pour décrire Martin Luther était souvent trop grossier pour être cité ici. Entre autres choses, il l’a qualifié de « petit moine pouilleux, amas de squames, bouffon pestilentiel, menteur malhonnête[2]. » Son insulte favorite consistait à comparer Martin Luther à un pot de chambre. Voici ce qu’il a dit :

[Luther] n’a rien d’autre dans la bouche que des saletés, des immondices et des excréments, avec lesquels il fait le bouffon d’une manière plus ignoble et impure que n’importe quel bouffon ; jamais il ne s’est trouvé un être aussi stupide et méprisable que celui-ci, qui met dans sa bouche le fumier que n’importe qui cracherait dans une cuvette […] Il s’est entièrement consacré à l’enfer […] S’il avalait ses saletés et s’il léchait le fumier avec lequel il a honteusement souillé sa langue et sa plume, il serait possible de discuter de sujets sérieux de façon sérieuse. Mais s’il continue à faire le bouffon de la manière dont il a commencé et à délirer comme un imbécile, s’il continue à calomnier avec rage, à dire des sottises grotesques, à agir comme un fou enragé, à faire le pitre, et à ne faire sortir de sa bouche rien d’autre que de l’eau de cale, des égouts, des déchets, de la boue et du fumier, alors que les autres fassent ce qu’ils veulent, mais nous déciderons ensemble si nous voulons […] laisser ce petit moine fou, ce vaurien à la tête pleine de crotte à ses crises de délire avec sa pourriture et son fumier[3].

Thomas More a souvent fait référence à Luther en tant que « Père Poivrot[4] ». Dans ses meilleurs moments, Luther, tout comme Paul, admettait librement la question de son indignité. Il était à bien des égards un homme plein de défauts et très conscient de ce fait. Aussi insultants que ses adversaires pussent être, Luther était lui-même capable de se flageller en pensant à son indignité. Il savait très bien qu’il était un vase de terre. Il a dit : « Nous sommes tous poussière, cela est incontestable[5]. »

Dans le même esprit, Ésaïe a déclaré : « [Je] suis un homme dont les lèvres sont impures, j’habite au milieu d’un peuple dont les lèvres sont impures » (És 6.5). Voilà une lamentation qui nous rappelle aussi celle de Paul : « Misérable que je suis ! Qui me délivrera de ce corps de mort ? » (Ro 7.24.) Dans 1 Corinthiens 4.13, Paul dit encore : « nous sommes devenus comme les balayures du monde, le rebut de tous ». Il emploie deux noms grecs qui désignent des rebuts infects, la saleté qui reste au fond d’une poubelle qui vient d’être vidée. Paul n’avait certes pas une vision pompeuse de sa propre importance.

La puissance de l’Évangile de gloire n’a rien à voir avec nous, sauf par le fait que nous sommes les vases d’argile dans lesquels ce précieux trésor est caché. Nous sommes faibles. Nous sommes ordinaires, simples, fragiles, remplaçables et vils. Pourtant, notre faiblesse ne diminue en rien le pouvoir de l’Évangile. « C’est la puissance de Dieu pour le salut de quiconque croit » (Ro 1.16).

Notes :

[1] A. T. Robertson, The Glory of the Ministry: Paul’s Exultation in Preaching, Londres, Revell, 1911, p. 147, trad. libre.

[2] Cité dans Peter Ackroyd, The Life of Thomas More, Londres, Anchor, 1998, p. 226, trad. libre.

[3] Thomas More, The Complete Works of St.Thomas More, vol. 5, Responsio ad Lutherum, John M. Headley, éd., Elizabeth F. Rogers, trad. anglaise, New Haven, Conn., Yale University Press, 1969, p. 683, trad. libre.

[4] Ibid., p. 315, 317, 351, trad. libre.

[5] Martin Luther, Table Talk, vol. 54, Luther’s Works, Theodore G. Tappert et Helmut T. Lehmann, éd., Philadelphie, Fortress, 1967, p. 277, trad. libre.


Cet article est adapté du livre : « Fidèle à son appel  » de John MacArthur