La mort de Christ – Actes 2.22-23 (John MacArthur)

Hommes Israélites, écoutez ces paroles! Jésus de Nazareth, cet homme à qui Dieu a rendu témoignage devant vous par les miracles, les prodiges et les signes qu’il a opérés par lui au milieu de vous, comme vous le savez vous-mêmes; cet homme, livré selon le dessein arrêté et selon la prescience de Dieu, vous l’avez crucifié, vous l’avez fait mourir par la main des impies. (Actes 2.22-23)

En utilisant encore une fois l’expression cet homme, Pierre fait ressortir le contraste marqué qui existe entre la perception que ses auditeurs ont de Jésus et celle de Dieu. Ils ont rejeté et crucifié celui-là même que Dieu a honoré comme Messie.

Dans ce verset, Pierre répond à une objection qui pourrait venir à l’esprit de ses auditeurs : Si Jésus était le Messie, pourquoi est-il mort en victime ? Pourquoi n’a-t-il pas utilisé sa puissance pour éviter la croix ? La réponse de Pierre à cette objection non formulée est que Jésus n’était pas une victime (Jn 10.17,18 ; 19.10,11). Il a plutôt été livré selon le dessein arrêté et selon la prescience de Dieu.

Le terme ekdotos (livré) n’apparaît qu’ici dans le Nouveau Testament et décrit ceux qui sont livrés à leurs ennemis ou trahis. Dieu a donné son Fils comme Sauveur du monde, et cela supposait qu’il soit livré à ses ennemis. Selon le dessein de Dieu, Jésus a été livré par Judas aux mains des chefs juifs, qui l’ont remis aux Romains pour qu’il soit exécuté.

Le mot arrêté rend horizô, dont vient notre mot français « horizon ». Ce mot signifie « délimiter par une frontière » ou « déterminer ». Le mot dessein rend boulomai et désigne la volonté, le plan ou le but de Dieu. Pris ensemble, ces mots indiquent que Jésus-Christ a été livré à la mort, parce que Dieu l’avait planifié et décrété (Ac 4.27,28 ; 13.27-29) de toute éternité (2 Ti 1.9 ; Ap 13.8).

La prescience de Dieu

Le mot prescience rend prognôsis, un mot important et souvent mal compris du Nouveau Testament, qui signifie bien plus que le fait de connaître à l’avance ce qui va arriver. Il est intéressant de souligner qu’ici ce mot est un datif instrumental. Cela montre que c’est le moyen par lequel Christ a été livré à ses ennemis. La simple connaissance ne peut toutefois pas accomplir une telle chose. Un décret arrêté peut agir, par contre, et c’est là le sens du mot prognôsis du Nouveau Testament :

Dans le Nouveau Testament, proginoskein et prognôsis […] ne désignent pas la simple connaissance intellectuelle ou prescience, le simple fait de connaître une chose avant qu’elle ne se produise, mais plutôt une connaissance sélective qui accorde sa faveur à quelqu’un et en fait l’objet de son amour, et s’approchent donc de l’idée d’un décret arrêté (Ac 2.23 ; 4.28 ; Ro 8.29 ; 11.2 ; 1 Pi 1.2). Ces passages perdent tout simplement leur signification, si on estime que ces mots signifient simplement connaître quelqu’un d’avance, car Dieu connaît tous les hommes dans ce sens. Même les Araméens se sentent obligés de donner à ces mots une signification plus précise, à savoir, connaître d’avance et avec une assurance absolue l’état particulier de quelqu’un. Cela inclut la certitude absolue de cet état futur et est, pour cette raison, très proche de l’idée de prédestination (L. Berkhof, Systematic Theology, Grand Rapids : Eerdmans, 1976, p. 112).

L’idée selon laquelle Dieu savait d’avance qu’Israël rejetterait et crucifierait Christ et qu’il ferait concourir tout cela à son plan éternel est un rejet implicite de sa souveraineté et de son omniscience (voir Berkhof, Systematic Theology, p. 68).

Pierre insiste fortement sur le fait que Jésus a été livré à la mort par le dessein éternel de Dieu. Compte tenu de cela, sa mort ne contredit aucunement son caractère messianique.

Toutefois, le fait que Jésus-Christ ait été livré à la mort par le dessein arrêté de Dieu n’absout pas ceux qui l’ont mis à mort. Pierre poursuit en les accusant d’avoir crucifié Jésus et de l’avoir fait mourir. Ils ont été les instigateurs de son exécution, mise en œuvre par la main des impies (littéralement, « hors la loi ») romains.

Dieu utilise des impies pour son dessein

Dieu a utilisé des hommes impies pour accomplir son dessein, sans jamais pour autant violer leur volonté ou nier leur culpabilité. Pierre présente donc la souveraineté absolue de Dieu avec la responsabilité totale de l’homme. Cette vérité apparemment paradoxale est affirmée dans toute l’Écriture. En parlant de celui qui allait le trahir, notre Seigneur a dit : « Le Fils de l’homme s’en va selon ce qui est déterminé. Mais malheur à l’homme par qui il est livré ! » (Lu 22.22.) Les hommes sont responsables non des desseins de Dieu mais de leurs propres péchés.

Le péché haineux du rejet de Jésus-Christ correspond au moment le plus sombre de l’histoire d’Israël. Par contre, loin de jeter le doute sur ses prétentions messianiques, cette trahison faisait partie du plan éternel de Dieu. Bien que Pierre ne développe pas cette idée ici, l’Ancien Testament enseigne clairement que le Messie devait mourir (voir Ps 22 ; És 53). La mort de Jésus-Christ confirme, non moins que sa vie, qu’il était le Messie.


Cet article est tiré du livre : Actes, 1-12 – John MacArthur de John MacArthur