Sur l’intercession du Christ, partie 3 (Thomas Goodwin)

Cet article fait parti de la série « sur l’intercession du Christ » de Thomas Goodwin

La partie 1 est disponible ici

La partie 2 est disponible ici

L’intercession du Christ dans son rôle de sacrificateur

Nous remarquerons que Jésus n’aurait pas été un sacrificateur parfait s’il n’avait pas rempli l’office d’intercesseur (Hé 8.4). Paul ne dit pas que, si le Christ avait offert un sacrifice sur la terre, il ne serait point sacrificateur ; mais plutôt que si, après l’avoir offert, il était resté ici-bas, son sacerdoce aurait été imparfait, puisqu’il lui imposait la loi, non seulement de se porter du parvis au sanctuaire, mais aussi d’offrir dans ce dernier le sang et l’encens, à l’image du souverain sacrificateur lévitique qui en avait le mandat spécial comme médiateur entre Dieu et le peuple d’Israël.

Même l’apôtre observe que, sans cette entrée du Christ dans les lieux saints qui ne sont pas de cette structure, pour y faire le service d’intercession et y présenter son propre sang, le sacerdoce lévitique serait encore en vigueur, et il n’y aurait rien à redire à l’alliance mosaïque (Hé 8.4-7). Christ accédant au sanctuaire céleste, offrant continuellement à la justice de Dieu sa chair ressuscitée après être morte pour le péché et réclamant ainsi pour son corps la réalisation de toutes les promesses qui sont déjà « oui » et « amen » en lui (2 Co 1.20) sont les seuls faits capables d’accomplir réellement la vérité de ce dont les cérémonies légales étaient les préfigurations ; et l’image devait tenir ferme jusqu’à ce que paisse le corps qui la rendrait inutile (Col 2.17).

La fonction de sacrificateur

Établie par l’ordre de Dieu, la fonction de sacrificateur lévitique ne pouvait être abrogée que par une fonction plus excellente, relative à des avantages spirituels et exercée dans les lieux célestes ; sans cela, Dieu se serait en quelque sorte renié lui-même. Et si Christ s’était borné à répandre son propre sang ici-bas – lui qui était d’une tribu étrangère au sacerdoce (Hé 7.11-14) – et n’était monté dans les cieux que pour y régner, non pour y officier comme sacrificateur intercédant, les fils d’Aaron auraient été autorisés à officier sur la terre comme auparavant, jusqu’à ce qu’entre un sacrificateur dans les tabernacles éternels avec l’encensoir et le sang de la propitiation.

Les mêmes vérités nous sont encore présentées sous un autre jour dans Hébreux 9.8. Le tabernacle devait subsister jusqu’à ce que le Souverain Sacrificateur des biens à venir ne s’avance dans le sanctuaire céleste ; et, avec le tabernacle, une sacrificature ayant toujours le pas sur celle de Christ, même ravissant en quelque sorte au Seigneur le fruit de ses souffrances sur la terre.

L’acte par excellence

En dernier lieu, l’intercession de Jésus est, des deux parties de son sacerdoce, l’acte le plus éminent, voire l’acte par excellence. Nous en avons la preuve dans la sacrificature d’Aaron et de Melchisédek, qui étaient des préfigurations remarquables – peut- être même les plus remarquables – de Christ comme Sacrificateur.

Le ministère le plus excellent qu’il y eût dans la famille d’Aaron était effectivement, non pas de répandre dans le parvis le sang des holocaustes, puisque tous les membres de cette famille jouis- saient de ce privilège, mais d’entrer dans le lieu très saint avec le sang, et là de faire propitiation pour le péché. C’était la tâche qui constituait la dignité de la souveraine fonction de sacrificateur, et la différence entre celui qui l’exerçait et les autres fils d’Aaron qui servaient au tabernacle : personne d’autre que lui ne pouvait passer au-delà du voile, et encore n’avait-il ce privilège qu’une fois l’année (voir Hé 9.6,7).

Christ, le grand souverain sacrificateur

Aussi, quoique Jésus seul ait offert le sacrifice qui ôte le péché – ainsi que Paul le prouve (Hé 10) –, et qu’en cela il ait sur sa préfiguration une supériorité infinie, son excellence comme sacrificateur ne réside pas tant en cette oblation parfaite que dans le fait qu’il soit « entré dans le ciel même, afin de comparaître maintenant pour nous devant la face de Dieu » (Hé 9.24). Voilà pourquoi il est appelé « un grand souverain sacrificateur » (Hé 4.14) et pourquoi les croyants sont en conséquence exhortés à tenir ferme leur profession.

Quant à Melchisédek, dont Paul prouve la supériorité de son sacerdoce sur celui d’Aaron (Hé 7.4-10), il était aussi une préfiguration de Jésus, intercédant sur le trône, puisque c’est en y faisant asseoir Jésus que le Père lui a juré en ces termes : « Tu es sacrificateur pour toujours, selon l’ordre de Melchisédek » (Hé 5.6). Mais comment ce roi de Salem a-t-il été une préfiguration du Christ intercesseur ? L’apôtre nous répond que c’est parce qu’il « demeure sacrificateur à perpétuité » (Hé 7.3, voir aussi v. 23,24).

Une fonction parpétuelle

La fonction de sacrificateur de Jésus est perpétuelle, parce qu’il intercède nuit et jour pour le peuple qu’il s’est acquis. Ainsi, le rapport qui existe entre son sacerdoce et celui de Melchisédek, tout comme la supériorité incontestable de ce dernier sur celui d’Aaron, nous montrent quelle importance nous devons attacher à l’intercession de Christ. Aussi Paul parle-t-il avec une sorte d’emphase de cette partie du ministère de Jésus (voir Hé 8.1) – la présentant comme « le point capital de ce qui vient d’être dit », ou de cette belle dissertation dans laquelle il est entré au chapitre 7 sur le sacerdoce du Messie –, qu’il présente quelques versets plus loin comme un « ministère […] supérieur » (Hé 8.6) à celui de Moïse.

En résumé, la fonction de sacrificateur de Jésus dans les cieux est le complément nécessaire de son sacrifice sur la terre ; elle est l’oméga de ce dont celui-ci était l’alpha, et sans elle notre salut ne serait pas complet. Comme victime, Jésus a offert une oblation parfaite, c’est le thème de notre apôtre dans la première moitié de Hébreux 10. Cependant, Paul prend bien soin de rappeler également que Jésus est maintenant assis dans les lieux célestes (9.12), et qu’il n’est devenu l’auteur du salut éternel pour ceux qui lui obéissent qu’après avoir été consacré, étant appelé de Dieu à être sacrificateur à la façon de Melchisédek (5.9,10). Son sacrifice devait être présenté et agréé dans le lieu très saint, pour que Son sacerdoce fût réellement parfait, et que son peuple lui-même à la perfection pût jouir d’une consolation ferme et solide.


Cet article est tiré du livre : « Le triomphe de la foi justifiante » de Thomas Goodwin