Sur l’intercession du Christ, partie 1 (Thomas Goodwin)

Cet article fait parti de la série « sur l’intercession du Christ » de Thomas Goodwin

La partie 2 est disponible ici

La partie 3 est disponible ici

Christ, le garant de la nouvelle alliance

En tant que garant de la nouvelle alliance, Christ nous offre deux grands sujets de joie par la place qu’il occupe maintenant au ciel.

D’abord, il y est assis, en opposition à sa situation sur terre, où il avait déclaré : « j’agis » (Jn 5.17). Il est aussi écrit : « Car celui qui entre dans le repos de Dieu se repose de ses œuvres, comme Dieu s’est reposé des siennes » (Hé 4.10) ; c’est là ce que Jésus a fait, il « s’est assis », comme le déclare Paul dans sa belle argumentation (Hé 10.11-13) sur la perfection à laquelle l’offrande unique de Christ a amené pour toujours les croyants.

Tandis que les sacrificateurs lévitiques (et cette fonction existait encore quand Paul écrivait) s’affairaient tous les jours à offrir des sacrifices qui ne pouvaient nullement ôter le péché, Christ est entré dans le repos comme Dieu, sachant que son travail était achevé et qu’il n’y avait rien de plus à faire pour purifier la conscience des croyants, puisque Dieu accorderait un plein pardon à tous ceux qui seraient unis par la foi au Souverain Sacrificateur des biens à venir.

Cela était très bon

Or, lorsque Jésus, après avoir activement travaillé à son œuvre de réconciliation, a quitté la terre pour venir s’asseoir dans les cieux, ce fut pour le monde comme s’il avait déclaré la même chose que Dieu lorsqu’il a considéré son œuvre créatrice : « [J’ai vu] tout ce qu’il [a] fait et voici, cela était très bon » (Ge 1.31). Ainsi, puisque Christ se repose et se réjouit en contemplant la perfection du travail de son amour, l’âme fidèle qui accède à cette perfection par la foi peut-elle légitimement n’y puiser ni joie ni repos ? Serions-nous meilleurs juges que Jésus lui-même du mérite de son œuvre ? Oh ! que notre pauvre cœur est encore faible et incrédule. Et puis, remarquons-le bien, Christ ne s’est point ici glorifié lui-même ; c’est d’après le commandement du Père qu’il s’est assis comme nous l’avons vu. Dieu, le faisant asseoir à sa droite (Ép 1.20), a déclaré que lui-même avait trouvé un repos dans l’œuvre de son Oint, repos parfait, comme Paul le montre (Hé 10.15-18).

Les entrailles de ses miséricordes, si l’on peut ou ose ainsi parler, ne sont plus comprimées par les droits d’une justice et d’une sainteté rigoureuses et inflexibles en elles-mêmes. Maintenant, les eaux vives de la grâce qui bouillonnaient en son sein peuvent se répandre comme un fleuve de paix sur la terre, afin d’aller arroser les lieux déserts, désaltérer abondamment l’âme altérée, ainsi que laver et blanchir les pécheurs de leurs souillures. En effet, rien ne les retient plus, la justice éternelle ayant tendu la main à celui qui a vaincu la mort et l’ayant elle-même fait asseoir sur le trône du ciel. Puisse l’âme du lecteur savourer tout ce que cette pensée a de fortifiant et de calmant pour le cœur !

Le salaire du Christ

Ajoutons que c’est à la droite du Père et sur le trône du Père que Jésus goûte le repos qui fait partie de son salaire. Ce degré de plus ajouté à sa gloire démontre toute la valeur que le Père a attachée à son obéissance, le plaisir qu’il y a pris, et l’infinie satisfaction qu’il en a retirée. Un serviteur que l’on récompense, un serviteur qu’on élève aussi haut qu’on l’est soi-même n’a pas seulement obéi, mais parfaitement obéi. Ainsi Joseph, l’une des plus belles préfigurations de Jésus, fut tiré de prison pour être élevé sur le trône de l’Égypte. Il avait plu à Pharaon, et Pharaon commanda : « [Tout] mon peuple obéira à tes ordres […] Et sans toi personne ne lèvera la main ni le pied dans tout le pays d’Égypte » (Ge 41.40-44).

Le grand ambassadeur de l’amour de Dieu auprès des pécheurs, celui qui s’était rendu responsable du salut de l’Église devant le Père, a réalisé d’une façon si accomplie tous les desseins de la sagesse et de la miséricorde divines que, non seulement il a cessé de souffrir et n’attend plus que le moment de recueillir, dans la soumission du monde entier, les derniers fruits de ses travaux (Hé 10.11) ; mais encore qu’il a été honoré en présence des habitants du ciel, d’une prééminence qui sera manifestée aux yeux de tout l’univers à sa seconde venue.

Raconter toute la gloire du Fils de l’homme sur le trône du Père nous conduirait trop loin de notre sujet, et d’ailleurs c’est au-delà de la capacité du langage de l’homme comme de l’ange, mais nous ne saurions nous dispenser d’en faire remarquer quelques caractères qui sont bien propres à lever toutes les incertitudes des âmes fidèles au sujet de la pleine justification des croyants.

Le juge sur le trône

Christ est assis au-dessus des anges, que l’Écriture appelle les principautés et les puissances, qu’il s’agisse des anges bons ou des anges mauvais. Ainsi, il a une réponse puissante dans la bouche contre les accusations de Satan. Comment ce subtil accusateur des frères pourrait-il calomnier devant la justice de Dieu ceux qui ont à présenter à cette dernière un garant qu’elle a elle-même reçu et couronné ? Christ est assis sur le trône comme juge ; serait-ce pour condamner ceux dont il s’est déclaré le Sauveur, qu’il a promis d’amener à la gloire, et qui sont le salaire du travail de son âme ? Ne serait-ce pas se condamner et se renier lui-même ?

Enfin, il a reçu puissance sur toutes choses (Jn 17.3 ; Mt 28.18 ; Hé 2.7-9), il tient les clefs du sépulcre et de la mort (Ap 1.18), qu’il a ravies à celui qui en était le prince (Hé 2.14) ; serait-ce pour laisser périr les brebis qui lui ont coûté la vie et souffrir que la mort et le sépulcre remportent sur elles une victoire qui leur imprimerait un sceau de condamnation ?


Cet article est tiré du livre : « Le triomphe de la foi justifiante » de Thomas Goodwin