Soyez les bergers de tous les rachetés (Brian Croft)

Quand il est nécessaire de se lancer dans un travail de revitalisation, bon nombre d’Églises mourantes parviennent à la conclusion qu’elles ont besoin d’un pasteur, mais pas n’importe lequel. Pour cette tâche, elles considèrent souvent deux types d’hommes. Certaines Églises se mettent à la recherche de la nouvelle vedette parmi les jeunes pasteurs, espérant que son charisme suffira à réinsuffler la vie dans l’Église. Le problème avec cette approche n’est pas seulement le nombre limité de prétendues « vedettes » parmi les pasteurs, mais aussi que la Bible ne fait pas la promotion de tels traits de personnalité chez les hommes qui dirigent l’Église. D’autres Églises se mettent à la recherche d’un évangéliste zélé qui pourrait s’impliquer dans la communauté et gagner de nombreuses âmes pour Jésus. Tout cela est censé aider l’Église à grandir et, en conséquence, lui apporter un nouveau souffle de vie. Cependant, aucune de ces deux solutions n’est indispensable pour revitaliser une Église qui fait face à des difficultés.

Alors, comment reconnaître ce qui est indispensable ? Peut-on savoir ce que Dieu veut ? Il veut simplement des bergers fidèles. Dieu veut des hommes pieux avec certaines qualifications et un caractère dévoué (1 Ti 3.1-7 ; Tit 1.5-9). Dieu veut des hommes humbles et passionnés, appelés à être les bergers du troupeau de Dieu, au nom du souverain berger (1 Pi 5.1-4). Dieu veut que les pasteurs comprennent quel est leur appel : prendre soin d’eux-mêmes et du troupeau que Christ a racheté par son propre sang (Ac 20.28). Dieu veut des serviteurs fidèles qui ne sont pas caractérisés par leur intelligence ou leur charisme, mais par leur appel divin de prendre soin des âmes pour lesquelles ils devront rendre compte à Jésus (Hé 13.17).

De nombreuses approches en matière de revitalisation d’Église mettent au défi les congrégations mourantes et figées dans leurs habitudes de se tourner vers l’extérieur pour se renouveler. Je ne suis pas en train de décourager ceux qui font des efforts d’évangélisation, mais si Dieu a déjà placé des brebis dans une Église locale, nous devrions peut-être déjà commencer par là, et ne pas penser qu’il est urgent de chercher à les remplacer. Trop souvent, le déclin des Églises locales résulte d’une succession de bergers négligents ou infidèles. Après plusieurs décennies de négligence pastorale, la vie spirituelle des brebis d’une Église ne deviendra qu’une simple braise. Cependant, il y a toujours une vie spirituelle là où se trouvent les vrais disciples de Jésus, peu importe à quel point ils culpabilisent ou sont découragés. Christ vit toujours en eux et œuvre afin d’accomplir parfaitement ce qu’il a commencé (Ph 1.6).

Dieu désire que des bergers fidèles prennent soin du troupeau. Il insuffle la vie dans l’Église lorsque ses brebis reçoivent de bons soins. Les pasteurs qui s’occupent de leurs assemblées ont de nombreuses responsabilités. Toutefois, si nous voulons être les bergers de toutes les âmes rachetées de l’Église, et si nous voulons souffler sur les braises dans les cœurs des personnes présentes, nous devrions nous concentrer sur certaines priorités soulevées par le ministère de la Parole et la prière :

  • Rendre visite aux malades et aux mourants.
  • Réconforter ceux qui sont dans le deuil.
  • Prendre soin des veufs et des veuves.
  • Faire face au péché.
  • Encourager les plus faibles.

Lorsqu’un pasteur concentre premièrement ses soins sur ceux qui font déjà partie de son troupeau, Dieu suscite en ses brebis une nouvelle vie rafraîchissante, et cette vie spirituelle attire ceux de l’extérieur qui veulent y prendre part.

Voici une dernière vérité que vous devez savoir pour prendre soin de chaque âme rachetée dans une Église en difficulté. Quand un pasteur entreprend de devenir le berger d’une Église qui a besoin de revitalisation, il doit être conscient du fait que les échecs des pasteurs précédents sont toujours ressentis par la congrégation. La douleur et la souffrance causées par un prédécesseur ne s’évaporent pas dès l’arrivée d’un nouveau pasteur. Et voici la douloureuse vérité : en tant que nouveau pasteur, vous devriez vous attendre à souffrir à cause d’elles. Vous allez payer pour les échecs de vos prédécesseurs. Ce sera un fardeau à porter. Ce n’est ni juste ni normal, mais c’est la réalité.

Alors, qu’est-ce que cela signifie pour vous ? Vous devez être les bergers de tous, et pas seulement de ceux qui vous aiment et qui soutiennent votre ministère dès le début. Vous devez être les bergers de toutes les brebis que Dieu vous confie, celles qui sont difficiles à aimer ainsi que celles qui n’apprécient pas votre manière de prêcher ou votre approche du ministère. Un pasteur va aussi être confronté à des loups déguisés en agneaux, c’est-à-dire à des non-croyants au sein même de son Église. C’est un autre problème dont l’Écriture parle clairement. Faites toutefois attention de ne pas voir toute opposition comme un signe d’incrédulité. L’opposition peut venir de brebis blessées qui ont tout simplement du mal à faire confiance à un nouveau berger. Soyez patients avec ces membres. Plus que n’importe quels autres, ils ont besoin d’un berger fidèle qui leur prodiguera des soins avec patience et amour. Commencez avec les brebis qui sont là. Sinon, quel genre d’Église les nouveaux venus trouveront-ils ?

Les Églises qui désirent expérimenter une véritable vie spirituelle communautaire doivent la chercher en Dieu. À travers sa Parole, Dieu nous a révélé d’où viennent cette vie et sa puissance. C’est Dieu qui nous donne cette vie quand nous crions vers lui, quand nous le prions d’agir et quand nous proclamons sa Parole divine, la seule qui peut insuffler la vie dans l’Église. Cette transformation se produit quand l’Évangile n’est pas seulement prêché et annoncé, mais quand ces vérités inondent et imprègnent chaque recoin de l’Église. Elle ne vient pas par le ministère d’un pasteur talentueux, mais par celui d’un pasteur fidèle qui sait qu’il devra rendre compte pour des âmes précises, et non pour de jolis bâtiments ou de grandes foules. Dieu est capable d’insuffler la vie dans une Église mourante ou divisée. La question est plutôt de savoir si cette église croit que Dieu est assez puissant pour le faire à sa manière, et si elle est prête à suivre ses plans divins.