Qui détient l’autorité dans l’Église ? (Brian Croft)

Ce fut par un froid mercredi soir que j’entrai dans les locaux de cette Église en difficulté. Enthousiaste, un jeune pasteur me salua à la porte de la salle de réunion et me présenta au comité que je devais rencontrer. C’était un groupe amical mais timide. La plupart d’entre eux étaient de véritables piliers dans leur Église. Ils étaient tous de race blanche. Leur comité avait été formé parce que l’Église s’était rendu compte que quelque chose n’allait pas. Certains membres avaient vu la nécessité de procéder à des changements, mais ils n’étaient pas certains de savoir par où commencer. Ils savaient que leur Église n’allait pas bien, mais ils ne savaient pas comment y remédier. C’est pourquoi j’ai été invité à ce qui allait devenir la première d’une longue série de réunions du comité de revitalisation de cette Église. Mon rôle était d’aider le comité à se préparer pour traverser tout ce que le processus de revitalisation impliquerait.

La première chose dont les membres de ce groupe avaient besoin était d’évaluer honnêtement l’état actuel de leur Église, au lieu de se concentrer sur ce qu’elle avait été ou sur ce qu’ils auraient voulu qu’elle soit. Ils devaient faire une estimation réaliste et exacte de l’état dans lequel se trouvait leur Église à ce moment précis et trouver comment elle en était arrivée là. Je leur ai présenté cinq domaines pour les aider à bien naviguer dans ce processus d’évaluation. Pour bien piloter le processus de revitalisation, il est crucial pour toute assemblée d’évaluer ces cinq domaines. 

Cet article aborde le plus important de ces cinq domaines : l’autorité. La première question que je pose lorsque je suis invité à participer à ce type de comité est : « Qui est le responsable ? » Permettez-moi de clarifier cette question. Je ne demande pas qui est le responsable selon un règlement intérieur. Je ne demande pas non plus qui préside lors des réunions des anciens et des diacres. Je veux savoir qui a la plus grande influence dans l’Église. Vers qui les membres de l’Église se tournent-ils lorsqu’il faut prendre des décisions ? Qui les membres de l’Église écoutent-ils le plus ? Le seul fait qu’un pasteur soit payé à plein temps et qu’il prêche toutes les semaines ne fait pas de lui le principal responsable de l’Église. Vous devez d’abord déterminer où réside réellement l’autorité dans votre Église. Après cela, vous serez en mesure de comparer votre réponse à celle que donnent les Écritures.

Il existe un passage clé dans le Nouveau Testament qui révèle d’importants aspects de la structure d’autorité d’une Église. Il se trouve dans la première épître de Pierre. L’apôtre y exhorte les pasteurs à être fidèles dans la tâche que Dieu leur a confiée :

J’exhorte les anciens qui sont parmi vous, moi qui suis ancien avec eux et témoin des souffrances de Christ, qui aussi ai part à la gloire qui va être révélée : paissez le troupeau de Dieu qui est avec vous, le surveillant, non point par contrainte, mais volontairement, ni pour un gain honteux, mais de bon gré, comme dominant sur des héritages, mais en étant les modèles du troupeau ; et quand le souverain pasteur sera manifesté, vous recevrez la couronne inflétrissable de gloire (1 Pi 5.1-4, Darby).

La Bible est claire quant à celui qui est responsable : Jésus-Christ. Pierre l’appelle le « souverain berger » (1 Pi 5.4). Son autorité nous est communiquée à travers sa Parole. Si une Église se soumet volontairement à l’autorité de Christ, il ne peut pas y avoir de confusion quant à celui qui a le dernier mot.  

Pierre apporte aussi un éclaircissement au sujet de ceux à qui l’autorité est donnée. Les pasteurs (anciens) sont exhortés à être les bergers du troupeau en exerçant leur rôle de surveillant de l’Église (v. 2). Les pasteurs accomplissent cela par l’autorité de Christ à travers sa Parole écrite. Ils surveillent l’Église de façon pieuse et humble pour le compte du souverain Berger jusqu’à ce que celui-ci revienne pour son peuple. Les comités, les diacres, les conseils d’administration et ceux qui dirigent les études bibliques jouent tous un rôle important dans une Église locale. Toutefois, ce ne sont pas eux qui sont appelés à surveiller le troupeau ou à rendre des comptes au souverain Berger (Hé 13.17). Seuls les pasteurs ont reçu cette charge. À la lumière de ce modèle que Pierre nous donne, la structure de base de l’autorité dans une Église locale est claire :

Dieu

L’autorité commence et s’arrête avec le Créateur de l’univers (Ge 1 – 2), le Dieu parfaitement sage et omniscient (Ro 11.33-36). Paul le décrit à Timothée comme le seul Dieu, le Roi éternel, immortel et invisible (1 Ti 1.17). Dieu le Père règne au ciel et n’a de comptes à rendre à personne. C’est lui qui est l’autorité suprême et le seul gouverneur de l’univers. Toutes les structures d’autorité doivent commencer et s’arrêter avec le Dieu très-haut, en particulier son Église qui est composée de son peuple racheté.

Jésus-Christ

Il est le Fils de Dieu (1 Jn 1.3), le souverain Berger (1 Pi 5.4), notre souverain sacrificateur (Hé 9.11), le sacrifice suffisant pour nos péchés (Hé 10.10), et celui à qui le Père et roi de l’univers a donné toute autorité (Mt 28.18-20). Jésus règne désormais à la droite du Père, et son règne s’étend sur l’Église, son épouse. La vie parfaite, la mort expiatoire et la glorieuse résurrection de Jésus qui ont apporté le salut au peuple de Dieu l’ont qualifié de façon unique pour régner sur l’humanité et sur toutes les nations de la terre.

La Parole de Dieu

La personne et l’œuvre de Jésus-Christ ainsi que son autorité sont désormais connues et révélées à travers sa Parole infaillible, la Bible. C’est grâce à la Parole de Dieu que nous pouvons reconnaître l’autorité de Jésus sur toutes choses. C’est elle qui équipe les pasteurs de tout le nécessaire pour communiquer la puissance et la grâce de l’Évangile à l’Église et au monde. La Parole de Dieu est vivante et efficace (Hé 4.12), inspirée par Dieu et utile pour enseigner, convaincre, corriger et instruire dans la justice (2 Ti 3.16), et doit être prêchée en toute occasion, favorable ou non, dans la présence de Dieu et de Jésus-Christ (2 Ti 4.1,2).

Les pasteurs

Les pasteurs sont des dirigeants bibliquement qualifiés (1 Ti 3.1-7 ; Tit 1.5-9), désignés par Dieu pour être des bergers subordonnés au souverain Berger (1 Pi 5.1,2). Ils sont des ministres de l’Évangile pour le peuple racheté de Dieu et pour eux-mêmes (1 Ti 4.16). Ils protègent le troupeau (Ac 20.28) et accomplissent toutes leurs tâches avec patience, grâce et humilité (1 Pi 5.2,3), sachant qu’ils devront rendre compte au souverain Berger de la manière dont ils ont pris soin de ceux qui sont sous leur garde (Hé 13.17). Les pasteurs n’ont aucune autorité en eux-mêmes. Ils ne possèdent que celle qui est donnée par Dieu à travers sa Parole, au nom du souverain Berger.

L’assemblée

Le congrégationalisme est sans doute la marque la plus singulière des Églises baptistes du Sud et de leur structure administrative. Ces Églises s’appuient sur les preuves bibliques qui défendent l’autorité de l’assemblée pour discipliner et restaurer leurs membres. Dans les Écritures, Jésus établit un processus pour traiter le péché dans l’Église. La dernière étape avant l’excommunication consiste à exposer le péché d’un membre devant l’assemblée (Mt 18.15-17). Paul reproche aux membres de l’Église de Corinthe de ne pas avoir expulsé de leur communauté certains d’entre eux qui étaient impliqués dans des péchés flagrants et publics (1 Co 5.2). L’appui biblique le plus clair en faveur d’un processus de vote en assemblée vient de l’instruction de Paul à l’Église de Corinthe au sujet de quelqu’un qui avait été écarté de l’Église par une décision du « plus grand nombre » (2 Co 2.6). L’autorité finale, en ce qui a trait à la vie de l’Église locale, s’exerce dans le cadre d’une soumission volontaire à l’autorité des pasteurs, à la Parole de Dieu et, en définitive, à Dieu le Père et à son Fils, Jésus-Christ. 

La plupart des Églises ont d’autres rôles supplémentaires auxquels on donne une certaine forme d’autorité : le personnel, les diacres, les comités, le conseil d’administration, ceux qui travaillent avec les enfants, etc. À la lumière de cela, une Église locale doit évaluer sa structure d’autorité pour déterminer si une personne ou un groupe dans l’Église a reçu une autorité qui n’est pas justifiée par les Écritures.

Par exemple, les Églises qui ont connu une dévitalisation ou une division ont souvent eu des pasteurs qui ont abusé de leur autorité ou qui ont décidé de s’appuyer sur la sagesse de ce monde au lieu de la vérité de la Parole de Dieu. Avec le temps, en l’absence d’une saine direction pastorale, ces Églises ont fini par laisser les commandes à d’autres dirigeants moins qualifiés qui n’ont pas appliqué correctement l’autorité donnée par le souverain Berger. C’est ainsi que plusieurs assemblées ont perdu de vue le fait que l’autorité qui vient d’en haut est donnée pour la pureté du corps de Christ, et non pas pour que chacun puisse avoir son mot à dire sur toutes les affaires de l’Église. 

Toute Église ayant besoin d’être revitalisée peut supposer qu’elle a perdu de vue ce modèle d’autorité biblique à un moment ou à un autre de son existence. Elle doit cependant y revenir si elle veut traiter tout autre dysfonctionnement et assurer une direction saine à l’avenir. La question de l’autorité est importante. Qui est responsable de votre Église ? Jésus est l’Époux de son Épouse. C’est lui qui est aux commandes. Il est celui à qui l’Église doit se soumettre pour expérimenter la vie et l’unité qu’il a acquises au prix de sa propre vie (Ép 2.11-15).