Qu’est-ce que l’orientation future de la sainte cène ? (R.C. Sproul)

Dans l’Évangile selon Luc, nous lisons : 

« Vous, vous êtes ceux qui avez persévéré avec moi dans mes épreuves ; c’est pourquoi je dispose du royaume en votre faveur, comme mon Père en a disposé en ma faveur, afin que vous mangiez et buviez à ma table dans mon royaume, et que vous soyez assis sur des trônes, pour juger les douze tribus d’Israël » (Lu 22.28-30).

Jésus s’est concentré ici sur l’orientation future de la consommation de son royaume. Il est l’Oint que le Père a choisi pour être Roi des rois et Seigneur des seigneurs. Il a fait savoir à ses disciples que son Père lui a accordé un royaume, et de la même manière il leur a accordé le royaume de Dieu et leur a promis qu’un jour viendrait où il s’assiérait à nouveau avec eux à sa table. Par cette déclaration, Jésus a annoncé la promesse à venir de la célébration des noces de l’Agneau, cette grande cérémonie entre le Christ et son Église, qui aura lieu au ciel (Ap 19.6-10).

La consommation du royaume dans la sainte cène

Pour comprendre la consommation du royaume dans la sainte cène, nous devons lire la parabole du festin des noces dans Matthieu 22.1-14 :

Jésus, prenant la parole, leur parla de nouveau en parabole, et il dit : Le royaume des cieux est semblable à un roi qui fit des noces pour son fils. Il envoya ses serviteurs appeler ceux qui étaient invités aux noces ; mais ils ne voulurent pas venir. Il envoya encore d’autres serviteurs, en disant : Dites aux conviés : Voici, j’ai préparé mon festin ; mes bœufs et mes bêtes grasses sont tués, tout est prêt, venez aux noces. Mais, sans s’inquiéter de l’invitation, ils s’en allèrent, celui-ci à son champ, celui-là à son trafic ; et les autres se saisirent des serviteurs, les outragèrent et les tuèrent. Le roi fut irrité ; il envoya ses troupes, fit périr ces meurtriers, et brûla leur ville. Alors il dit à ses serviteurs : Les noces sont prêtes ; mais les conviés n’en étaient pas dignes. Allez donc dans les carrefours, et appelez aux noces tous ceux que vous trouverez. Ces serviteurs allèrent dans les chemins, rassemblèrent tous ceux qu’ils trouvèrent, méchants et bons, et la salle de noces fut pleine de convives. Le roi entra pour voir ceux qui étaient à table, et il aperçut là un homme qui n’avait pas revêtu un habit de noces. Il lui dit : Mon ami, comment es-tu entré ici sans avoir un habit de noces ? Cet homme eut la bouche fermée. Alors le roi dit aux serviteurs : Liez-lui les pieds et les mains, et jetez-le dans les ténèbres du dehors, où il y aura des pleurs et des grincements de dents. Car il y a beaucoup d’appelés, mais peu d’élus.

Cette parabole nous montre à la fois un élément de jugement effrayant et la formidable promesse d’une indicible bénédiction. Sachez que lorsque Christ est venu, son entrée dans le monde a été définie par le mot grec krisis, à partir duquel nous obtenons le mot français crise. Sa venue a apporté la division suprême – entre ceux qui allaient l’accepter et ceux qui le rejetteraient. Jean 1.11 nous dit que Jésus est venu vers les siens, c’est-à-dire vers le peuple juif, mais que son propre peuple ne l’a pas reçu. Cette parabole racontée par Jésus est en un sens un résumé de l’histoire d’Israël, que Dieu a invité à être son épouse. 

Cependant, le peuple a refusé de venir au festin des noces. Les Juifs n’étaient pas intéressés, ils avaient mieux à faire. Alors ils sont repartis chez eux. Ils ont fait ce qu’ils avaient à faire, mais ne se sont pas donné la peine de répondre à l’invitation au festin de noces organisé par leur Seigneur Dieu. Quand les serviteurs sont sortis pour les inviter à nouveau, ils les ont assassinés. Qui étaient ces serviteurs ? De toute évidence, il s’agit des prophètes d’Israël qui ont été assassinés par le peuple élu de Dieu. C’est pour cette raison qu’à la fin, Dieu a dit : « Mon Fils va se marier, il va recevoir un royaume, et il y aura bel et bien un mariage avec une multitude d’invités. » Il a donc envoyé ses serviteurs sur les routes et les chemins pour trouver des gens qui ne faisaient pas partie des premiers conviés. Ces lignes font bien évidemment référence aux païens accueillis par Dieu, alors même qu’ils n’appartenaient pas au peuple élu et étaient étrangers à l’alliance divine avec Israël. Mais Dieu les a conviés aux noces de son Fils avec sa fiancée.

Dans le livre de l’Apocalypse, nous trouvons également des références au festin des noces de l’Agneau. Au chapitre 19.1-10, nous y lisons : 

Après cela, j’entendis dans le ciel comme la voix forte d’une foule nombreuse qui disait : Alléluia ! Le salut, la gloire, et la puissance sont à notre Dieu, parce que ses jugements sont véritables et justes ; car il a jugé la grande prostituée qui corrompait la terre par sa débauche, et il a vengé le sang de ses serviteurs en le redemandant de sa main. Et ils dirent une seconde fois : Alléluia !… Et sa fumée monte aux siècles des siècles. Et les vingt-quatre vieillards et les quatre êtres vivants se prosternèrent et adorèrent Dieu assis sur le trône, en disant : Amen ! Alléluia ! Et une voix sortit du trône, disant : Louez notre Dieu, vous tous ses serviteurs, vous qui le craignez, petits et grands ! Et j’entendis comme la voix d’une foule nombreuse, comme un bruit de grosses eaux, et comme un bruit de forts coups de tonnerre, disant : Alléluia ! Car le Seigneur, notre Dieu tout-puissant, est entré dans son règne. Réjouissons-nous, soyons dans l’allégresse, et donnons-lui gloire ; car les noces de l’Agneau sont venues, son épouse s’est préparée, et il lui a été donné de se revêtir d’un fin lin, éclatant, pur ; car le fin lin, ce sont les œuvres justes des saints. L’ange me dit : Écris : Heureux ceux qui sont appelés au festin des noces de l’Agneau ! Puis il me dit : Ces paroles sont les véritables paroles de Dieu. Je tombai à ses pieds pour l’adorer ; mais il me dit : Garde-toi de le faire ! Je suis ton compagnon de service, et celui de tes frères qui ont le témoignage de Jésus. Adore Dieu. Car le témoignage de Jésus est l’esprit de la prophétie.

Dans ce dernier livre du Nouveau Testament, nous avons la possibilité d’avoir un aperçu de l’avenir. Jean y voit le festin des noces de l’Agneau, prêt à accueillir son épouse, l’Église. Un jour viendra où tous ceux qui sont fidèles au Christ seront réunis au ciel pour célébrer avec joie ce mariage ultime au Christ, union qui sera marquée par des noces dépassant de loin tout ce que nous pouvons imaginer en ce bas monde.

Un avant-goût du ciel

N’étant pas ignorants de cette promesse à venir qui apparaît tout au long de l’enseignement du Nouveau Testament, nous en voyons des références dans l’institution de la sainte cène. Jésus a particulièrement attiré l’attention sur ce moment à venir où il s’assiéra avec son peuple pour célébrer le festin du royaume de Dieu dans les cieux. Cette grande célébration n’est pas encore arrivée. Chaque fois que nous célébrons la sainte cène dans ce monde, nous ne devrions pas seulement regarder aux accomplissements passés du Christ, mais aussi à ce festin à venir. Nous n’avons encore que peu expérimenté le royaume de Dieu. Nous avons expérimenté l’inauguration du royaume dans la vie, la mort et la résurrection du Christ, mais nous attendons encore la consommation finale à venir du royaume. Par conséquent, lorsque nous célébrons la sainte cène, nous y voyons non seulement un signe des choses qui se sont déjà produites, mais aussi un signe et un sceau de celles à venir.

Dans l’Ancien Testament, Israël, le peuple de Dieu, célébrait la Pâque une fois l’an. Cette Pâque laissait présager un accomplissement futur, le sacrifice de l’Agneau pascal sur le mont du Calvaire. Aujourd’hui, chaque fois que nous célébrons la sainte cène, nous regardons aussi vers l’avenir, vers cette promesse du festin des noces de l’Agneau avec son épouse. Ainsi considérée, la sainte cène est un avant-goût du ciel. Un jour, nous verrons l’Époux dans toute sa gloire, et nous verrons l’Église qui lui sera offerte dans sa perfection. C’est l’orientation future de la sainte cène.


Cet article est tiré du livre : Qu’est-ce que la sainte cène ? de R. C. Sproul