Quel solide fondement ! (David Powlison)

Nous avons vécu des épreuves, nous en vivons aujourd’hui et nous en vivrons encore. Nous ne manquons certes pas de modèles pour nous encourager à être honnêtes et exposer nos expériences personnelles ! Pensons aux épreuves d’Abraham, de Jacob et de Joseph. Pensons au peuple d’Israël, d’abord esclave puis errant dans le désert. Pensons à Naomi et à Anne. Pensons à David et à Jérémie. Pensons à Jésus et à Paul. Ils ont parlé ouvertement de leurs afflictions et ont révélé les voies de Dieu par leur chagrin, leurs prières, leurs paroles, leurs enseignements et leur adoration, et ce, au milieu d’expériences réelles.

J’ai choisi How Firm a Foundation [Quel solide fondement !] parce qu’il exprime la manière dont l’auteur chrétien anonyme a saisi la grâce de Dieu à l’œuvre dans la souffrance. Lisez les paroles de ce cantique avec soin. N’hésitez pas à souligner ce qui vous frappe ou à écrire vos premières impressions.

Quel solide fondement le Seigneur a posé

Pour la foi de ses saints, dans sa Parole parfaite !

Que peut-il ajouter qu’il n’a pas déjà dit

À toi qui, en Jésus, ton refuge as trouvé ?

« Ne crains rien, car je suis avec toi, ne promène pas des regards inquiets,

Car je suis ton Dieu et je t’aiderai quoi qu’il arrive.

Je te fortifie, je viens à ton secours et tu ne seras pas ébranlé.

Je te soutiens de ma droite triomphante et omnipotente.

Lorsque je t’appellerai à traverser de grandes eaux,

Les fleuves de la souffrance ne te submergeront pas ;

Car je serai avec toi pour bénir tes épreuves

Et sanctifier tes détresses les plus profondes.

Lorsque tu passeras par le feu,

Ma grâce suffira et sera ton bien suprême.

La flamme ne te brûlera pas, car je veux simplement

Consumer tes impuretés et purifier ton or.

Même dans sa vieillesse mon peuple témoignera

De mon amour souverain, éternel, immuable.

Quand leur tête sera couronnée de cheveux blancs,

Je les porterai encore comme des agneaux jusqu’au paradis.

Je n’abandonnerai jamais, jamais, à ses ennemis,

L’âme qui a trouvé en Jésus son repos.

Même si les profondeurs de l’enfer cherchaient à l’ébranler,

Je ne la délaisserai jamais, non jamais je n’abandonnerai cette âme. » (Traduction libre)

2 observations générales sur le cantique : l’auteur et la voix

1. Qui a écrit ce cantique ?

Un des attraits particuliers de ce cantique vient du fait qu’il est anonyme. Seuls Dieu et l’auteur lui-même savent qui l’a écrit. Dans un monde obsédé par le mérite et la reconnaissance des performances, ce cantique représente l’offrande simple et sincère d’un inconnu à Dieu.

Quelles grandes souffrances cette personne a-t-elle endurées ? Nous l’ignorons. Pourtant, son expérience intime de la présence de Dieu dans les épreuves se dégage de chaque strophe. L’auteur était-il un homme ou une femme ? Était-il jeune ou âgé ? Marié ou célibataire ? Noir, brun ou blanc ? Riche, pauvre ou de la classe moyenne ? Baptiste, presbytérien ou anglican ? Nous l’ignorons. Quels que soient le nom de cette personne et le désespoir qui l’affligeait, nous reconnaissons l’intervention personnelle du Seigneur par ses paroles bienfaisantes. Les mots de ce frère ou de cette sœur nous atteignent dans nos plus grands maux. Puisque ce cantique est anonyme, il devient plus facile de se l’approprier et d’en faire un canal de la grâce dans nos vies.

2. Quelle est la voix qui nous parle ?

Nous ne prenons pas toujours conscience que chaque cantique adopte une perspective qui nous permet de reconnaître un locuteur et un auditeur. Par exemple, bon nombre de cantiques, à l’instar de plusieurs des Psaumes, chantent directement à Dieu. Dans le chant Sois seul ma vision, nous lui exprimons nos besoins et notre amour.

Les paroles de certains cantiques, comme celles de certains des Psaumes, parlent de Dieu aux autres. En chantant « Grâce infinie qui vint sauver un pécheur tel que moi », nous proclamons ce que le Seigneur a fait pour nous. Par le cantique Ô peuple fidèle, nous  encourageons nos frères et nos sœurs à se lever et à adorer le Seigneur.

Comme c’est le cas pour le Psaume 103, nous nous chantons parfois un cantique à nous-mêmes. Par ces paroles : « Paix, ô mon âme, ton Sauveur veille sur toi », nous appelons notre cœur à espérer en dépit des tumultes et des inquiétudes. Quant à « Éveille-toi, mon âme, éveille-toi, oublie tes craintes coupables », nous exhortons notre cœur à l’espérance lorsque nous nous sentons écrasés sous le poids du péché.

Que nous parlions à Dieu, aux autres ou à nous-mêmes, nous exprimons notre foi, nos besoins et notre joie. Or, « Quel solide fondement ! » adopte une autre voix. Dans la première strophe, nous parlons de Dieu et nous encourageons mutuellement à écouter ce qu’il a dit, mais dans le reste du cantique, Dieu s’adresse directement à chacun de nous. D’ailleurs, les cinq dernières strophes sont placées entre guillemets. Ce sont les paroles mêmes du Seigneur. Nous chantons ces paroles, mais nous en sommes également les auditeurs, comme c’est le cas pour le Psaume 50.5-23.

L’auteur du cantique montre qu’il connaît en profondeur les luttes et les besoins de ceux qui souffrent

Ce principe est important, en particulier dans la souffrance. Les personnes qui souffrent ont besoin d’entendre la voix de Dieu et de savoir, par expérience, que Dieu œuvre en eux avec un but précis. Lorsque nous entendons, croyons et savons qu’il est avec nous, un grand changement s’opère, même si la situation reste la même. Livrés à nous-mêmes, nous avançons à l’aveuglette. Les problèmes nous obsèdent, nous dérangent, nous dépriment. Nous nous raccrochons au moindre espoir, mais ils sont tous vains. Dieu semble invisible, silencieux, lointain. Les menaces, la douleur et la privation font entendre leur voix haut et fort, tandis que la voix de la foi est à peine perceptible. La confusion et le chagrin sont omniprésents. Le souvenir de la souffrance efface tous les autres, mais les mots nous manquent pour la décrire avec exactitude. Nous ne ressentons plus la puissance du nom de Jésus-Christ.

Livrés à nous-mêmes, nous sommes absorbés par la pression et la douleur

Nous nous répétons les bonnes réponses, mais avons l’impression de réciter l’annuaire téléphonique. Nous formulons des prières répétitives, presque irréelles, des stéréotypes chrétiens. Jamais personne ne s’adresserait à quelqu’un de cette manière. En même temps, la bataille qui fait rage à l’intérieur est loin d’être répétitive et irréelle. La pression et la douleur nous absorbent complètement. Nous nous sentons pris dans un tourbillon de crainte, d’angoisse, de regret, de confusion, d’amertume, de vide et d’incertitude.

Ce type de réaction n’a rien d’étonnant. On lit dans Exode 6.9, par exemple, que « l’angoisse et la dure servitude » ont empêché le peuple d’écouter. Leur situation pesait si lourd sur leurs épaules que les paroles de Moïse n’ont produit aucun effet. Je soupçonne que nous nous sommes tous trouvés dans une situation semblable à un moment ou à un autre de notre vie. Quelqu’un a cru nous apporter un message important et utile, mais ses paroles se sont avérées vides de sens et inutiles.

Le Seigneur dit ce qu’il fait et fait ce qu’il dit

Dieu était pourtant à l’œuvre pour briser la spirale descendante du désespoir et de l’écoute déficiente. La suite du récit de l’Exode montre que le Seigneur dit ce qu’il fait et fait ce qu’il dit. Les souffrances du peuple de même que son incapacité à entendre et à voir n’ont pas disparu en un instant, mais au chapitre 15, le peuple voit, il entend et il chante avec une joie légitime provenant du cœur.

La voix et la main du Seigneur ne nous touchent-elles pas encore davantage à notre époque ? Le Saint-Esprit œuvre de manière puissante et intime en ces jours de nouvelle création, pour transmettre à nos cœurs les paroles, la présence et l’amour de Dieu. Ceux qui souffrent s’éveillent pour entendre la voix de leur Père et voir la main de leur Sauveur au milieu des plus grandes souffrances.

Il faut écouter ce que dit Dieu, savoir par expérience qu’il fait ce qu’il dit et ressentir la force et l’importance de son œuvre

Dieu ne ment jamais. Il ne déçoit jamais, bien que, dans sa sagesse, il agisse pour briser nos faux espoirs afin de nous libérer de nos illusions. Quand nous marchons dans la vallée de l’ombre de la mort, nous n’avons pas à craindre le moindre mal. Il est avec nous. Le bonheur et la grâce nous accompagnent. C’est là l’œuvre qu’il accomplit. La voix de Dieu a plus de profondeur que la souffrance, plus d’éclat que les ténèbres, plus de permanence que les privations et plus de vérité que les circonstances.

Alors le courage revient

Nous nous éveillons, nous y croyons, et le courage revient. Nous expérimentons la réalité de ses paroles. Le monde change et nous changeons aussi. Sa voix donne un nouveau sens aux épreuves. Son œuvre présente, passée et à venir modifie l’impact et l’issue de tout ce qui nous arrive. En grandissant, la foi crée en nous une humanité plus honnête et plus sensée ; fini les propos sombres et inintelligibles. Nous ressemblons de plus en plus à Jésus, l’homme de douleur habitué à la souffrance, l’homme selon le cœur de Dieu qui, ayant aimé les siens, a mis le comble à son amour pour eux.


Cet article est tiré du livre : La grâce de Dieu dans la souffrance de David Powlison