3 exemples d’occultisme dans l’histoire de l’Église ? (David Powlison)

On dit souvent des personnes dont l’histoire est mêlée à l’occultisme qu’elles ont besoin d’une sorte de délivrance démoniaque. Cette affirmation est invariablement étayée par des témoignages de première main concernant le fait que ces personnes deviennent embourbées dans les ténèbres et à quel point il est difficile de s’en libérer ou à quel point elles deviennent confuses ou viles, en plus d’une aura de mal presque palpable que de telles personnes émettent. Mais en interprétant de telles expériences et en y réagissant, les individus qui souhaitent aider ignorent souvent les exemples frappants de la Bible concernant ceux qui trafiquent avec le côté obscur. Le modèle de ministère et la description du processus de changement sont étonnamment uniformes. Il a un aspect uniformément et manifestement «normal ». La délivrance de l’occultisme, qui constitue un péché, n’inclut jamais une quelconque forme de délivrance d’esprits maléfiques. Nous examinerons trois exemples.


L’exemple de Manassé


Tout d’abord, Manassé s’est entièrement livré au mal lorsqu’il a agi « selon les abominations des nations » (2 R 21.2). Sa biographie ressemble à une encyclopédie d’activités occultes : il a voué un culte à de multiples idoles; a fait passer ses fils par le feu comme sacrifice ; a eu recours à la voyance, aux augures et à la sorcellerie ; a consulté des médiums et des nécromanciens. Manassé a tué d’autres personnes en plus de ses fils; il a « rempli Jérusalem» de « sang innocent » (2 R 24.4). La conclusion de cette liste de transgressions semble être le comble de l’euphémisme : « Il fit de plus en plus ce qui est mal aux yeux de l’Éternel, afin de l’irriter » (2 R 21.6).

Qu’est-il donc arrivé à Manassé ? Les prophètes ont rapporté à Manassé les paroles de Dieu sans détour (2 R 21.10 ; 2 Ch 33.18). Il n’y a prêté aucune attention. Dieu a fait pleuvoir sur lui des conséquences douloureuses. Il a été capturé avec des crochets, lié de chaînes et conduit en exil. Puis Manassé a changé. Au milieu de sa détresse, il s’est humilié devant Dieu, implorant sa clémence. Dieu a été ému par sa supplication et l’a restauré, dans sa miséricorde. Manassé a fini sa vie en homme de foi (2 R 21.10 ; 2 Ch 33.18).

Notez le modèle : 1) une profonde immersion dans des pratiques viles; 2) un ministère tranchant de la Parole; 3) des conséquences négatives en raison de la rigidité; 4) une foi profondément repentante; 5) la restauration et une vie fructueuse. Le degré de perversité spirituelle dans son péché n’a changé ni le mode de ministère ni les dynamiques du changement. Plus tard, nous regarderons comment les Écritures dépeignent l’éviction de démons. Ici, il vaut la peine de noter que lorsque le problème est un asservissement moral à Satan, la délivrance démoniaque n’est jamais pratiquée.


L’exemple de Simon

Deuxièmement, Philippe proclamait Christ à Samarie, alors qu’un homme nommé Simon y pratiquait les arts magiques avec beaucoup de puissance (Ac 8.9-24). Lorsque Simon a entendu l’Évangile, il a cru et a été baptisé. Il a vu des signes et des œuvres de puissance accomplies par Philippe, y compris des esprits impurs chassés et d’autres guérisons (8.6,7,13). Il a vu le Saint-Esprit donné par les mains de Pierre et de Jean et il a proposé de l’argent pour s’acquérir cette puissance pour son propre compte. Bien des chrétiens soupçonneraient immédiatement une forteresse démoniaque à l’œuvre dans l’âme de Simon, une « chauve-souris dans la grotte » de sa vie avant sa conversion. Leur ministère aurait eu pour approche de chercher à la chasser.

Si l’exorcisme avait été la façon de régler les péchés d’un adepte de l’occultisme, le moment semblait ici tout indiqué. Mais Pierre suit une voie bien différente. Il s’adresse directement à Simon, tenant l’homme responsable à la fois de son comportement et de ses motifs, l’appelant à la repentance. Voici les paroles de Pierre (Ac 8.20-23).

Que ton argent périsse avec toi, puisque tu as cru que le don de Dieu s’acquérait à prix d’argent! Il n’y a pour toi ni part ni lot dans cette affaire, car ton cœur n’est pas droit devant Dieu. Repens-toi donc de ta méchanceté, et prie le Seigneur pour que la pensée de ton cœur te soit pardonnée, s’il est possible ; car je vois que tu es dans un fiel amer et dans les liens de l’iniquité. Il s’agit là de la réprimande personnelle la plus longue de la Bible tout entière. C’est un péché que de s’adonner à des pratiques occultes et de convoiter. Le péché est géré par la repentance, pas l’exorcisme.

L’Église du premier siècle

Troisièmement, il vaut la peine de noter que lorsque la Bonne Nouvelle de Jésus Christ a percé dans les nations, la plupart des convertis chrétiens du i er siècle étaient issus d’arrière-plans sertis d’idolâtrie, de polythéisme, de pratiques occultes et de vénérations démoniaques. Les exceptions à cette règle sont mentionnées : les juifs monothéistes et leurs prosélytes païens et quelques philosophes rationalistes (Ac 17). Mais la majorité d’entre eux adoraient le côté obscur. Les épîtres du Nouveau Testament ont été écrites à ces personnes.

Voilà où nous apprenons comment l’Église doit exercer son ministère : dire la vérité précisément pour convaincre tout en étant rempli de miséricorde, prier dans une attitude honnête et dépendante, vivre selon ce que nous affirmons croire, adorer ensemble, faire du bien de manière authentique pour combler les besoins humains, admettre et se repentir de nos manquements, et ainsi de suite. Le fait qu’une personne était issue d’un arrière-plan d’occultisme ne changeait rien au plan de match. Paul, Pierre, Jacques et Jean ont développé le plan de match pour ce type de personnes. Dans notre monde occidental contemporain, les idolâtres manifestes, les adeptes de l’occultisme et les adorateurs de Satan nous semblent inhabituels. Mais ce sont des méthodes de ministère «normales » qui sont indiquées pour de tels péchés, tout comme pour chaque autre forme de péché.


Cet article est tiré du livre : Comprendre le combat spirituel de James K. Beilby