Pourquoi voulez-vous aller au paradis ?

Alors que je suivais un cours à l’église dans ma vingtaine, nous avons abordé le sujet du paradis – ce à quoi il ressemblera et pourquoi nous voudrions y aller. Je me souviens très bien qu’un des animateurs de la classe a dit, très sérieusement : « J’ai hâte d’avoir mon manoir et ma Maserati ! »

Maintenant, étant donné le peu que je connaissais de cet homme (et combien je peux moi-même être parfois négligent avec les mots), je ne vais pas supposer que sa déclaration a capturé l’ensemble de ses désirs les plus profonds pour le ciel. Cependant, elle a eu un effet immédiat et durable sur moi. Alors que je méditais sur une vague image mentale d’un manoir céleste avec une voiture de sport de luxe garée à l’extérieur, cela m’a rempli d’un profond sentiment de vide. Ce n’est pas parce que les grandes maisons et les voitures de luxe n’ont jamais eu beaucoup d’attrait pour moi, mais parce que l’expression la plus claire et la plus passionnée de l’anticipation de quelqu’un de la joie du paradis ce matin-là ne mentionnait pas Dieu.

Je ne sais pas comment j’aurais pu l’exprimer à l’époque, mais je savais intuitivement que si Dieu n’était pas, de loin, la plus grande joie du paradis, si la récompense éternelle des chrétiens était essentiellement une forme améliorée des choses terrestres que nous apprécions le plus maintenant, ce ne serait pas un paradis du tout – du moins pas un paradis que je voulais. L’idée avait le son de la vanité de l’Ecclésiaste. Elle m’a laissé un arrière-goût de désespoir.

Ce cours a été un moment de clarté pour moi. J’ai commencé à voir que je n’aspirais pas tant à la vie éternelle qu’à l’unique chose qui rendrait la vie éternelle digne d’être vécue. Je ne désirais pas tant les délices créés du paradis que l’unique chose qui rendait ces délices délicieux. Au fond, ce que je voulais vraiment, c’était, selon les mots du vieil hymne, la « source de la joie de vivre », la chose même qui rendait le paradis céleste. Je voulais Dieu.

Le paradis sur chaque page

En parlant du « paradis », j’utilise simplement le terme abrégé courant pour désigner tout ce qu’un chrétien vit après la mort de nos corps déchus, de l’état intermédiaire (2 Corinthiens 5.8) à la résurrection de nos corps (Jean 5.28-29) et à la nouvelle création (Romains 8.18-21) – tout ce que nous anticipons dans « le siècle à venir » (Luc 18.29-30).

Dans un sens, la Bible nous dit relativement peu de choses sur les spécificités du paradis. Les descriptions du paradis sont souvent analogiques ou symboliques, encadrées par des images archaïques que nous pourrions trouver étranges. Dans un autre sens, cependant, la Bible parle du paradis un peu partout, et de manière très pertinente pour nous. À presque chaque page, la Bible ne parle pas tant des manoirs et des Maserati qui pourraient venir, mais de la grande Satisfaction à laquelle nos âmes aspirent profondément.

C.S. Lewis l’a exprimé ainsi : « Il y a eu des moments où je pense que nous ne désirons pas le paradis ; mais plus souvent, je me retrouve à me demander si, au fond de notre cœur, nous avons jamais désiré autre chose. » (Le problème de la souffrance, 150) Ce dont il parle, c’est du désir au cœur de tous nos désirs, de la soif qui n’est jamais étanchée par tout ce que nous trouvons dans ce monde : notre désir de Dieu.

Notre désir inassouvissable

Lewis appelle ce désir central « la signature secrète de chaque âme, le désir incommunicable et inapplicable, la chose que nous désirions avant de rencontrer nos femmes ou de nous faire nos amis ou de choisir notre travail, et que nous désirerons encore sur notre lit de mort, lorsque l’esprit ne connaîtra plus ni femme, ni ami, ni travail » (152).

Ce « désir inassouvissable » est une expérience quotidienne pour nous à des degrés plus ou moins importants. Sa présence est omniprésente dans nos activités. Pourtant, étancher cette soif nous échappe dans tous les puits terrestres auxquels nous nous abreuvons. Et aucun manoir céleste ou Maserati ne la satisfera non plus. Une seule chose le pourra. Comme le dit Randy Alcorn :

Nous pouvons imaginer que nous voulons un millier de choses différentes, mais Dieu est celui que nous désirons vraiment. Sa présence apporte la satisfaction ; son absence apporte la soif et la nostalgie. Notre désir du Ciel est un désir de Dieu. (Heaven, 165 ; trad. Le paradis)

Dieu lui-même est « la source d’eau vive » ; en dehors de lui, toute autre citerne que nous creusons nous laissera à sec (Jérémie 2.13). Lui seul peut nous donner la boisson qui mettra fin à jamais à notre soif la plus profonde (Jean 4.14). Notre soif inextinguible, notre besoin inassouvi, est un désir de Dieu (Psaume 63.1-2). C’est ce que révèle la Bible de bout en bout.

Le paradis des paradis

Nous entendons ce désir de Dieu tout au long des Psaumes, en particulier ceux qui expriment le vide brisé des citernes terrestres :

Qui d’autre ai-je au ciel ?

Et sur la terre je ne prends plaisir qu’en toi.

Mon corps et mon cœur peuvent s’épuiser,

Dieu sera toujours le rocher de mon cœur et ma bonne part. (Psaume 73.25-26)

Nous entendons cela dans leurs déclarations selon lesquelles « mieux vaut un jour dans tes parvis que 1000 ailleurs » (Psaume 84.11) et que Dieu était « ma joie et mon allégresse » (Psaume 43.4).

Nous voyons ce désir chez le prophète Moïse, qui « considérait l’humiliation attachée au Messie comme une richesse plus grande que les trésors de l’Égypte, car il avait le regard fixé sur la récompense à venir » (Hébreux 11.26) – la seule récompense qu’il désirait vraiment : Dieu (Exode 33.18).

Nous voyons ce désir chez l’apôtre Paul quand il dit : « je considère même tout comme une perte à cause du bien suprême qu’est la connaissance de Jésus-Christ mon Seigneur » ou « je me suis laissé dépouiller de tout et je considère tout cela comme des ordures afin de gagner Christ » (Philippiens 3.8) – le seul prix qui lui importait vraiment (Philippiens 3.14).

Et nous entendons ce désir sur les lèvres mêmes du Seigneur Jésus : « Or, la vie éternelle, c’est qu’ils te connaissent, toi, le seul vrai Dieu, et celui que tu as envoyé, Jésus-Christ. » (Jean 17.3) Dieu ne se contente pas de nous donner la vie éternelle, il est la vie, la source et l’essence même de la vie éternelle (Jean 11.25-26).

En ce sens, la Bible est en grande partie un livre sur le paradis. Car au centre de l’histoire de la rédemption, au sommet de la révélation biblique, nous découvrons que la raison même pour laquelle Jésus est venu sur terre, la raison pour laquelle il a « souffert [sur la croix brutale] et ce une fois pour toutes, pour les péchés. Lui le juste, il a souffert pour des injustes », c’était pour nous « conduire à Dieu » (1 Pierre 3.18). Et en nous donnant Dieu, il nous donne le paradis. Dieu, dans son intégralité trinitaire, est lui-même notre vie, notre gain ultime, notre grande récompense, notre joie extrême, notre part pour toujours et notre foyer éternel. Il est le Paradis même du paradis.

Substance, Soleil, Océan

Peu de gens ont vu le paradis des paradis aussi clairement dans les Écritures que Jonathan Edwards :

Trouver son bonheur en Dieu est le seul bonheur dont nos âmes peuvent être satisfaites. Aller au paradis, pour jouir pleinement de Dieu, est infiniment meilleur que les plus plaisants conforts ici-bas. Les pères et les mères, les maris, les épouses ou les enfants, ou la compagnie des amis terrestres ne sont que des ombres, mais Dieu en est la substance. Ce ne sont que des rayons épars, mais Dieu est le soleil. Ce ne sont que des ruisseaux, mais Dieu est l’océan.

Cela ne dévalorise pas les ombres, les rayons épars, les ruisseaux de ce monde. Tout bon don vient de Dieu (Jacques 1.17). Mais c’est le don de lui-même qui donne à tout autre don sa valeur inestimable en premier lieu. Ils ne se dévaluent que lorsqu’ils sont séparés de la Substance, du Soleil, de l’Océan.

Et tous les dons bons et parfaits que nous recevrons de Dieu dans l’âge à venir, qu’il s’agisse de manoirs et de Maseratis ou de tout ce qu’il a préparé pour nous, seront bien meilleurs que ceux que nous avons reçus et expérimentés dans cette vie (1 Corinthiens 2.9). Mais malgré tout, ils ne seront jamais comparables à la Joie des joies, l’Amour des amours, la Lumière de la lumière, la Vie de la vie, le Paradis des paradis. Car Dieu sera toujours, comme le dit Lewis dans Un visage pour l’éternité, le seul endroit satisfaisant « d’où vient toute la beauté ».


Cet article est une traduction de l’article anglais « Why Do You Want to Go to Heaven? » du ministère Desiring God par Timothée Davi.