L’utilité de la théologie biblique (David Helm)

La discipline de la théologie biblique nous demande de prendre du recul pour considérer la vue d’ensemble de ce que Dieu a dit et fait, afin de saisir comment tout cela se rapporte à l’épicentre de sa révélation : la mort et la résurrection de son Fils. Je définis parfois cette discipline comme une méthode de lecture de la Bible qui permet de suivre le déroulement progressif du plan de rédemption de Dieu en Christ.

La discipline de la théologie biblique est une partie nécessaire de la prédication, car elle donne les moyens d’éviter une prédication purement intellectuelle ou moralisatrice. Pour dire cela de façon positive, elle vous conduit, de plein droit, au cœur de l’Évangile chrétien à partir de textes particuliers dans la Bible, tout comme Jésus a démontré, dans Luc 24, que toutes les Écritures le concernaient. Elle permet de rester concentré sur l’essentiel.

Comment la théologie biblique fonctionne-t-elle ? Comment l’utiliser à juste titre dans notre prédication textuelle ? Comment avoir recours à la théologie biblique dans la préparation du sermon ? Je pense que trois choses sont nécessaires :

  1. Avoir une théologie biblique.
  2. Se laisser diriger par le Nouveau Testament.
  3. Établir les bons liens avec l’Évangile.

1. Avoir une théologie biblique

On ne peut pas utiliser ce qu’on n’a pas. La première étape consiste donc à développer une théologie biblique. La meilleure façon de le faire est de lire la Bible régulièrement et intégralement. Rien ne pourra mieux vous préparer à établir des connexions que d’avoir une connaissance profonde de la Bible dans son ensemble. Prenez l’habitude de lire l’Écriture régulièrement dans un esprit de prière. Recherchez la ligne mélodique de chaque livre. Plus vous passerez de temps à en considérer la perspective d’ensemble, meilleure en sera votre compréhension1.

Bien sûr, alors que vous développez petit à petit votre propre théologie biblique, vous devez tout de même toujours établir des connexions dans la préparation de votre sermon, et cela chaque semaine. N’oubliez pas, cependant, que l’on doit procéder d’une manière respectueuse de l’Histoire et des écrits bibliques. Ce n’est pas aussi simple que de se poser la question : Où est Jésus dans mon texte ? Il ne se cache pas sous chaque rocher ou derrière chaque arbre. Il vous faut commencer par des questions un peu plus nuancées. Par exemple, vous pouvez vous demander :

  • Comment l’Évangile influence-t-il ma compréhension du texte ?
  • Comment mon texte anticipe-t-il ou reflète-t-il l’Évangile ?

Néanmoins, cela ne suffit pas.

2. Se laisser diriger par le Nouveau Testament

Les premiers théologiens bibliques (dans le sens où ce sont eux qui ont unifié les testaments) sont les auteurs du Nouveau Testament. On peut difficilement tourner une page du Nouveau Testament sans y voir une référence explicite à l’Ancien Testament, pour ne pas mentionner les innombrables allusions qui y sont faites. De toute évidence, c’est une aide précieuse pour tous ceux qui s’intéressent à la théologie biblique. Le Nouveau Testament est en effet une mine d’or en matière de méthodes théologiques bibliques. Si votre texte renvoie à un autre texte ou s’y relie (dans le même testament, mais en particulier entre les deux testaments), vous avez là un bon point de départ2.

Ces deux premiers moyens d’utiliser la théologie biblique dans la préparation de nos sermons établissent un fondement solide. Vous aurez besoin d’une théologie biblique, c’est-à-dire une compréhension de la Bible dans son intégralité et de l’agencement de ses éléments entre eux. Vous aurez aussi besoin de comprendre comment le Nouveau Testament est lié à l’Ancien Testament, et comment l’Ancien Testament annonce le Nouveau. Toutefois, et ceci est important, vous aurez besoin d’outils pour établir des connexions précises, même si les citations du Nouveau Testament ne sont pas explicites.

3. Établir les bons liens avec l’Évangile

Si ce que j’ai soutenu au cours des quelques paragraphes précédents est juste, alors la difficulté réside dans le fait d’établir les bons liens avec l’Évangile à partir du texte sur lequel vous prêchez. Voici quatre genres de connexions qui, selon moi, vous aideront à vous engager dans une réflexion théologique biblique :

  • L’accomplissement prophétique ;
  • La trajectoire historique ;
  • Les thèmes ;
  • Les analogies.

Certes, ces catégories se chevauchent considérablement. L’accomplissement prophétique peut se révéler par un thème ou une analogie. Une analogie peut comprendre un thème. Un thème peut inclure un sens de trajectoire historique. Il peut y avoir d’autres catégories distinctes. L’important, ce n’est pas la façon de définir et d’organiser ces catégories, mais leur légitimité. Ces catégories ne sont qu’un point de départ.

Avec ces outils en main, j’espère que vous voyez à quel point la théologie biblique est importante pour pouvoir prêcher Christ à partir de toute l’Écriture. Souvenez-vous qu’il y a trois choses essentielles que vous devez faire afin d’avoir recours à la théologie biblique. Tout d’abord, acquérez une théologie biblique qui vous servira de fondement. Ensuite, quand vous le pouvez, laissez-vous diriger par le Nouveau Testament dans l’interprétation des passages de l’Ancien Testament. Enfin, commencez à utiliser ces quatre outils pour établir de bonnes connexions avec l’Évangile.


1. Il y a aussi de bonnes sources secondaires de théologie biblique. J’ai débuté par la Biblical Theology (Théologie biblique) de Geerhardus Vos. Il a compris que la Bible était divisée en époques (mosaïque, prophétique et néotestamentaire). Je suis passé de M. Vos à Jonathan Edwards en lisant A History of the Work of Redemption (Une histoire de l’œuvre rédemptrice). Il scinde le cours de l’histoire en trois périodes historiques également : de la chute à l’Incarnation, de l’Incarnation à la résurrection et de la résurrection à la fin du monde. Ensuite, j’ai lu Gospel and Kingdom (l’Évangile et le royaume), de Graeme Goldsworthy. Selon lui, le « royaume » est le thème dominant qui cimente la Bible entière (je vous recommande de commencer par M. Goldsworthy). Si vous souhaitez une lecture simplifiée, lisez God’s Big Picture (La vue d’ensemble de Dieu), de Vaughan Roberts. Si vous voulez une lecture encore plus simple (accessible à un enfant de 6 ans), lisez La Bible en 400 dessins.

2. J’utilise presque chaque semaine un index qui accompagne la 28e édition du Nestle-Aland. Même si vous ne lisez pas le grec, ce glossaire est utile, car il répertorie chaque allusion et citation de l’Ancien Testament dans le Nouveau Testament.


Cet article est tiré du livre : La prédication textuelle de David Helm