Le rôle de la théologie systématique (David Helm)

La théologie biblique est un excellent point de départ pour la réflexion théologique. Si vous travaillez votre prédication en développant vos compétences en théologie biblique par une pratique régulière, cela vous permettra de bien avancer dans cette phase de la préparation. Toutefois, une autre branche de la théologie a aussi un rôle à jouer dans le cadre de la réflexion théologique : la théologie systématique.

Si la théologie biblique vous aide à discerner le déroulement progressif du plan de rédemption de Dieu en Christ, la théologie systématique vous aide à synthétiser tout ce que dit la Bible sous forme de doctrines. Elle organise l’Écriture d’une manière logique et hiérarchique, et non pas historique  ou chronologique (comme vous le feriez en théologie biblique).

D. A. Carson définit la théologie systématique comme étant « la branche de la théologie qui cherche à approfondir l’ensemble et les parties de l’Écriture en montrant leurs connexions logiques (plutôt que purement historiques)1 ».

Néanmoins, je pense qu’une mise en garde est de rigueur. S’il est vrai que je préconise une approche systématique dans la prédication, c’est toutefois très différent du fait d’enseigner des systèmes. Voici ce que dit Charles Simeon sur le sujet : « Dieu n’a pas révélé sa vérité à l’aide d’un système ; il n’existe aucun système dans la Bible. » Le résultat de cette conviction est simple : « Mettez de côté tout système et retournez à la Bible ; cherchez à recevoir ses paroles avec un esprit de soumission, tout simplement, sans vous soucier de quelque système que se soit. Soyez des chrétiens de la Bible, et non pas les chrétiens d’un système2 ». M. Simeon a raison. On ne devrait pas être des prédicateurs asservis à un système. Néanmoins, il y a trois avantages pratiques à intégrer la théologie systématique dans votre réflexion théologique.

  1. Elle vous maintient dans la foi.
  2. Elle vous permet de vous connecter à l’Évangile à partir de divers genres littéraires.
  3. Elle développe votre aptitude à parler aux non-chrétiens.

1. Elle vous maintient dans la foi

Réfléchir en termes de théologie systématique au cours de la préparation de votre sermon vous offre un énorme avantage : elle vous fournit un cadre. Elle vous maintient dans l’orthodoxie. Quand vous ferez votre exégèse, vous tomberez inévitablement sur des passages difficiles qui vous obligeront à faire des choix exégétiques délicats. Étant donné qu’aucun d’entre nous n’est parfait, les erreurs sont inévitables. Quand vous commencerez à jongler avec des conclusions difficiles concernant votre texte, la saine doctrine vous servira de guide.

Par exemple, une exégèse superficielle de Jacques 2.14.26 pourrait vous amener à conclure que Jacques est en train de saper la doctrine paulinienne du « salut par la foi seule ». En soumettant votre étude sur ce passage à la réflexion théologique systématique, vous apprendrez que le discours de Paul sur le salut ne contredit pas les propos de Jacques, mais les éclaire. Même si vous ne résolvez pas tous vos problèmes, vous verrez que l’Écriture aide à interpréter l’Écriture ; vous éviterez ainsi d’opposer inconsciemment l’Écriture à elle-même et de rejeter une compréhension orthodoxe de l’inerrance de l’Écriture.

2. Elle vous permet de vous connecter à l’Évangile à partir de divers genres littéraires

C’est un fait, certains genres se prêtent moins bien à l’usage de la théologie biblique que d’autres. Il est facile de créer des liens entre la théologie biblique – la grande histoire de la rédemption – et les genres qui se présentent principalement sous forme de récit. En même temps, la poésie de l’Ancien Testament peut ne pas vous ouvrir la fenêtre sur la grande histoire de la Bible comme vous auriez pu l’espérer. De même, il peut être difficile d’établir, au moyen de la théologie biblique, des liens avec les épîtres de Nouveau Testament qui contiennent des arguments logiques.

En revanche, les genres présentant beaucoup de discours ou de poésie peuvent être plus facilement connectés à l’Évangile par la théologie systématique. Ces genres ont tendance à parler plus fréquemment de concepts fondamentaux comme la foi, la grâce, la justification, le péché et autres. Donc, quand un psaume mentionne le fait de se repentir du péché, ou lorsque Paul parle de la foi et des œuvres, on y trouve une porte d’accès légitime vers le concept théologique de l’Évangile.

3. Elle développe votre aptitude à parler aux non-chrétiens

Je suppose que la plupart des non-chrétiens qui viennent dans nos églises ne sont pas comme l’eunuque éthiopien, sincèrement désireux de mieux comprendre Ésaïe. Au contraire, je devine qu’ils auront davantage tendance à soulever des questions sur le problème du mal, de Dieu, de la culpabilité, de la rédemption et autres sujets de ce genre. Les réponses à ces questions découlent de catégories systématiques. Par conséquent, relier votre texte à la théologie systématique dans le cadre de votre sermon peut, en effet, être la meilleure façon d’attirer un non-chrétien à s’intéresser à la Parole de Dieu. Par exemple, supposons qu’un non-chrétien écoute votre sermon et se pose des questions quant à la notion de « péché » dans votre texte. Une manière utile d’enseigner sur le péché peut être de se pencher sur cette catégorie systématique et de comprendre qu’il existe trois grandes métaphores pour le péché : le poids, la dette et la tâche. Ainsi, alors que votre auditeur pourrait ne pas saisir initialement l’idée de « péché » qui se trouve dans votre passage, vous pouvez intégrer la doctrine plus large du péché dans votre sermon d’une façon qui lui permet de comprendre.


1. D. A. Carson, « Unity and Diversity in the New Testament : the Possibility of Systematic Theology » [Unité et diversité dans le Nouveau Testament : la possibilité d’une théologie systématique], dans Scripture and Truth [L’Écriture et la vérité], D. A. Carson et John D. Woodbridge, éd., Grand Rapids, Mich., Baker, 1983, p. 69.70.

2. Ces deux citations proviennent des réflexions de A. W. Brown sur le temps passé avec Charles Simeon dans le cadre de ses « temps de conversation avec les étudiants de Cambridge ». Abner William Brown, Recollections of the Conversation Parties of the Rev. Charles Simeon, M.A. : Senior Fellow of King’s College, and Perpetual Curate of Trinity Church, Cambridge [Souvenirs des conversations du révérend Charles Simeon, M.A. : agrégé supérieur du King’s College et vicaire perpétuel de la Trinity Church, à Cambridge], Londres, Hamilton, Adams & Co, 1863, p. 269.


Cet article est tiré du livre : La prédication textuelle de David Helm