L’importance de se rassembler entre pasteurs (Brian Croft)

De nos jours, les pasteurs sont de plus en plus découragés. Plusieurs facteurs expliquent ce phénomène, le plus fréquent étant la solitude. Les pasteurs sont reconnus pour s’isoler dans leur église et disparaître sous leurs tâches. Par conséquent, ils ont tendance à croire qu’ils sont les seuls à subir la pression et les exigences du ministère.

La principale solution à ce découragement réside dans la communion volontaire et intentionnelle avec d’autres pasteurs, mais pas n’importe quels pasteurs. Il faut choisir des pasteurs qui ont une vision commune. Favoriser ce genre de communion était notre but lorsqu’un ami pasteur et moi avons créé, il y a deux ans, une association de pasteurs que nous avons appelée Pastoral Fellowship for Practical Theology. Dans cet article, j’explique comment nous avons mis sur pied cette association, quelles personnes nous avons l’intention de rassembler, ce que nous espérons accomplir, ce en quoi consistent nos réunions et quels résultats nous avons pu constater à ce jour.

Comment nous avons mis sur pied une association de pasteurs

Très tôt au début de mon ministère, on m’a enseigné l’importance de communier avec d’autres pasteurs. Ainsi, lorsque Jim (un de mes bons amis pasteurs) m’a proposé de mettre sur pied une association de pasteurs, j’étais très intéressé. Plusieurs raisons nous laissaient croire que ce serait une bonne idée. L’une d’entre elles étant que j’avais des liens avec un réseau de pasteurs que Jim ne connaissait pas et vice-versa. Jim et moi avons donc décidé que chacun de nous allait demander à un pasteur que nous connaissions et en qui nous avions confiance de se joindre à nous pour discuter des possibilités de former une association.

Tous les quatre, nous avons commencé à nous rencontrer une fois par mois pour apprendre à nous connaître, communier, prier les uns pour les autres et considérer si la mise sur pied d’une association de pasteurs était un projet sage et potentiellement fructueux. En plus d’être d’accord pour dire que ce projet serait une occasion de rencontrer et d’encourager d’autres pasteurs, nous avons réalisé que chacun de nous œuvrait stratégiquement aux quatre coins de la ville, et que nous connaissions tous des pasteurs partageant notre vision que les autres ne connaissaient pas. C’est ainsi que s’est formée l’équipe de leaders qui allaient fonder notre association appelée Pastoral Fellowship for Practical Theology.

Qui nous voulons rassembler

En réfléchissant à qui nous inviterions dans notre association, nous avons constaté que nous devions créer un modèle pour nous permettre de regrouper les pasteurs qui partagent notre vision sur des sujets importants, sans être toutefois trop rigides afin de ne pas mettre inutilement de côté un pasteur qui aurait grand besoin de ce genre de groupe. Nous nous sommes mis d’accord sur ces quatre caractéristiques principales pour déterminer qui nous allions inviter :

  • Un attachement envers l’Évangile biblique de Jésus-Christ
  • Un usage régulier de la prédication textuelle comme source de nourriture de l’assemblée
  • Une emphase sur le rôle central de l’Église locale
  • Un engagement envers le rôle de pasteur, qui est de prendre soin des âmes de son troupeau pour lequel il aura à rendre compte.

Bien que les membres de notre groupe soutiennent différentes positions concernant le gouvernement d’église, le baptême, et la théologie réformée, nous avons décidé qu’il pouvait y avoir des désaccords entre nous concernant ces questions sans que cela affecte la pertinence de l’association. Nous avons aussi restreint la liste d’invités aux pasteurs à temps plein, aux pasteurs bi-vocationnels, aux anciens et aux pasteurs auxiliaires puisque nous savions qu’inclure les stagiaires et les pasteurs en formation allait réduire la transparence recherchée entre nous. C’est un principe que nous continuons d’appliquer. Cette association compte maintenant 50 pasteurs, et environ 30 à 35 d’entre eux assistent à chaque réunion.

Ce que nous espérons accomplir

Notre objectif principal apparaît dans notre nom : Pastoral Fellowship for Practical Theology (Association pastorale pour la théologie pratique). Notre but est de former un groupe de pasteurs partageant les mêmes idées afin de communier et de nous encourager les uns les autres par l’enseignement et la discussion de sujets portant sur la théologie pastorale.

Autrement dit, nous voulons nous épauler à travers les difficultés et les responsabilités théologiques qui sont reliées au travail pastoral. Les pasteurs ont besoin de savoir qu’ils ne sont pas seuls lorsqu’ils s’occupent de personnes difficiles à gérer, accompagnent des personnes profondément blessées, travaillent d’arrache-pied sur leur prédication chaque semaine, gèrent des conflits entre leaders, luttent contre leurs propres péchés et, sous le poids de toute cette pression, essaient de cultiver leur amour pour leur femme et d’être un bon berger pour leurs enfants. De plus, il est important pour les pasteurs d’avoir de bonnes bases théologiques concernant des sujets qui touchent directement le travail du ministère pastoral.

Durant les deux dernières années, moi et les trois autres fondateurs de l’association avons été énormément encouragés par les fruits qui ont découlé de cet objectif, par la grâce de Dieu. J’en discuterai plus loin.

En quoi consistent nos rencontres

Que faisons-nous lorsque nous nous réunissons ? Voici à quoi ressemble une réunion typique.

Nous nous rencontrons une fois tous les deux mois, sauf durant l’été. Chaque réunion dure de midi à quatorze heures. Nous fournissons le repas à tous et offrons au moins un livre gratuit. Après avoir mangé, nous nous dirigeons vers une autre salle où nous écoutons un enseignement, discutons et prions.

Généralement, nous nous divisons les tâches à tour de rôle : l’un enseigne, l’un dirige la discussion et un autre dirige le temps de prière qui tournera autour du sujet discuté. Il nous arrive de recevoir des invités spéciaux pour enseigner à notre groupe de pasteurs, si la providence de Dieu fait en sorte qu’ils soient de passage dans notre ville.

Jim et son église ont généreusement accepté de nous accueillir et de nous fournir le repas. Je m’occupe généralement de fournir les livres gratuits en contactant des organismes généreux (comme 9Marks !) et des éditeurs qui souhaitent servir les pasteurs en leur donnant des livres gratuits. À quelques reprises, les églises des trois autres pasteurs nous ont aidés à couvrir les frais de ces rencontres. Toutefois, dans l’ensemble, ces coûts sont minimes comparé aux bienfaits que nous retirons de ces rassemblements.

Des fruits inattendus

Ces moments passés ensemble ont porté des fruits inattendus. Je n’en mentionnerai que deux.

Tout d’abord, même si notre groupe de pasteurs fondateurs espérait que notre affection les uns pour les autres augmente grâce à ce temps passé ensemble, nous avons été surpris par la profondeur de l’amour que nous avons développé les uns pour les autres. Durant les mois où nous n’avons pas de rencontre, nous nous réunissons pour déjeuner et pour nous encourager mutuellement. Sans exception, l’Esprit de Dieu agit en nous de façons inattendues chaque fois que nous nous rencontrons.

Nous avons aussi été surpris par la distance que certains pasteurs étaient prêts à parcourir pour assister à nos rencontres. De plus, plusieurs ont créé des liens avec d’autres qu’ils ne connaissaient pas et qui habitent près d’eux. Cela les a amenés à vouloir se rencontrer régulièrement. La façon dont ces rencontres ont multiplié la création de nouveaux groupes nous a énormément encouragés et nous a remplis d’une joie inattendue.

Les pasteurs ont besoin les uns des autres

Grâce à notre groupe, chacun s’est rappelé cette réalité importante : les pasteurs se découragent et ont besoin les uns des autres. Nous servons peut-être chacun une église différente, mais nous sommes tous appelés à la tâche de berger et nous devons tous répondre au souverain berger (1 Pi 5.4). Plus nous aurons l’occasion de nous serrer les coudes et de nous encourager mutuellement à tenir ferme jusqu’au jour où le souverain berger apparaîtra, mieux nous nous porterons lorsque ce jour arrivera.