Les racines profondes de l’idolâtrie religieuse (J. D. Greear)

La racine du péché

À la source, notre péché est mu par le fait que nous désirons une chose plus que nous ne désirons Dieu. Le changement religieux aborde les effets du péché sans remédier à l’idolâtrie qui produit ce péché à la base. Souvent, la religion n’est en fait qu’une autre manière d’obtenir ce que nous désirons plus que tout.

Voici un exemple : Tim Keller raconte l’histoire d’un jeune qu’il connaissait à l’université et dont la vie de débauche était notoire. Les « exploits » sexuels du jeune homme étaient cependant enracinés dans quelque chose de plus profond que la simple convoitise de sa chair. Ses conquêtes sexuelles constituaient pour lui une source d’identité. Cela prouvait qu’il était un homme, lui gagnait l’admiration de ses camarades, et lui procurait un sentiment de pouvoir sur les femmes.

Lors de sa première année d’université, ce jeune homme s’est impliqué auprès d’un ministère étudiant et « a été sauvé ». Il est bientôt devenu « enflammé pour Jésus » et a rendu un témoignage audacieux et inspirant quant à son nouvel engagement envers Christ.

Pourtant, Tim Keller ajoute que quelque chose clochait toujours à propos de ce jeune homme. Il n’était pas agréable d’être en sa compagnie. Si on discutait avec lui, il ne manquait jamais de démontrer qu’il avait raison et que l’autre avait tort. Lors d’études bibliques, il voulait que tous trouvent ses opinions meilleures que celles des autres. Il cherchait toujours la position importante.

Selon toute apparence, il donnait l’impression d’aimer Jésus. Il s’était repenti de sa vie de débauche. Il assistait à toutes les études bibliques et témoignait audacieusement pour Jésus. Néanmoins, il semble qu’il ait simplement échangé la débauche avec la religion comme manifestation extérieure de son désir réel. Ce qu’il voulait vraiment — la « racine de son idole » — était le pouvoir sur les autres[i].

Il ne s’agit pas d’une conversion à Christ. C’est une nouvelle façon de suivre une vieille idole.

La véritable adoration

La véritable adoration est une obéissance à Dieu basée sur l’unique raison de se réjouir en Dieu. Il y a une différence fondamentale entre servir Dieu pour avoir quelque chose en retour, et le servir pour l’avoir, lui, encore plus. À l’université, j’ai dû compléter au moins un cours en beaux-arts pour obtenir mon diplôme. Je me rappelle que la liste des cours facultatifs comportait un volet musique classique, un sur la poésie, et un autre sur le théâtre. Aucune de ces options ne m’intéressait vraiment, mais je me disais que le cours de théâtre me donnerait sans doute l’occasion de travailler en équipe pour monter des saynètes, et que ce serait plus agréable qu’être assis à écouter des œuvres musicales ou à réciter des vers.

Erreur. La moitié du cours consistait à mémoriser les noms d’obscurs metteurs en scène français, et l’autre moitié, à visionner des vidéos d’hommes en collants, bondissant et se dandinant sur la scène. Chaque semaine, je laissais ma masculinité à la porte en entrant dans la classe. Mais j’avais besoin d’une bonne note dans ce cours pour garder ma moyenne ; j’ai donc enduré, étudié, et réussi à obtenir un « A ».

Tout cela date de plus de quinze ans. Beaucoup de choses ont changé depuis. Je me suis marié. Nous avons trois filles. Et ma femme et moi avons maintenant un abonnement au centre d’arts de notre ville où nous payons le prix fort pour assister à… hum, du théâtre. Des hommes en collants s’y dandinent sur scène. Or, j’apprécie cela… non pas les hommes en collants, mais le reste.

N’est-ce pas ironique ? À l’université, j’ai utilisé le théâtre de manière à en tirer profit. J’ai étudié fort pour avoir une bonne note pour avoir un bon emploi pour avoir de l’argent. Alors que maintenant, j’utilise mon argent durement gagné pour aller au théâtre. Le théâtre était un moyen de faire de l’argent, c’est maintenant le but pour lequel je gagne de l’argent.

La vraie religion consiste à servir Dieu pour n’y gagner rien d’autre que Dieu lui-même. De nombreuses personnes se servent de la religion comme moyen d’obtenir quelque chose de la part de Dieu : bénédictions, récompenses ou même le fait d’échapper au jugement. C’est pénible à la fois pour nous et pour Dieu. Mais lorsque Dieu constitue la seule récompense, le christianisme devient passionnant. Le sacrifice est transformé en joie.

En d’autres mots, être actif sur le plan religieux dans une Église, même une bonne Église, ne signifie pas nécessairement que vous soyez devenu un vrai adorateur de Dieu. Il se peut que vous ayez simplement découvert que la religion constitue un moyen commode d’accéder aux idoles que vous chérissez : respect, orgueil, réussite, bonne famille, ou prospérité.


Cet article est tiré du livre : Évangile de J. D. Greear


[i] Pour en savoir plus sur la racine des idoles nous vous suggérons la lecture du livre : Les idoles du coeur et la foire aux vanités, de David Powlison.