Usines à idoles (J. D. Greear)

Qu’est-ce qu’une idole ?

Une idole constitue tout qui prend la place de Dieu dans notre vie. Nous ne pouvons envisager la vie sans cette chose. L’idole est une chose que nous considérons comme un besoin essentiel à notre bonheur et même à notre vie.

Les idoles sont les choses auxquelles nous accordons le plus de poids. Or, elles deviennent si lourdes que nous ne pouvons imaginer la vie sans elles. Une idole n’est pas nécessairement une chose mauvaise en soi. C’est souvent une chose bonne que nous avons transformée en chose « divine », et qui devient par conséquent mauvaise pour nous.

Dans Exode 20.1-5, Dieu dit qu’une idole est une chose (a) devant laquelle on « se prosterne » et donc qui commande l’obéissance. C’est aussi une chose que (b) l’on « sert », et en conséquence que l’on recherche, car on n’imagine pas pouvoir vivre sans elle. Ce faisant, elle contrôle les émotions. L’idée même d’en être privé est terrifiante. Enfin, c’est aussi une chose qu’on (c) aime plus que Dieu. Dieu éprouve envers nous un amour jaloux, et si posséder une chose nous procure plus de bonheur que Dieu lui-même, c’est qu’elle est devenue une idole. Tim Keller a dit qu’une idole se cache derrière nos rêves les plus chers, nos cauchemars les plus effrayants et nos émotions les plus tenaces[1].

Jean Calvin a affirmé que le cœur humain est une « usine à idoles » qui cherche constamment à conférer à des créatures une valeur divine. L’idolâtrie se cachait derrière le premier péché, et se cache derrière chaque péché depuis.

Alors, quelle est-elle pour vous ? À quoi avez-vous attaché une importance divine dans votre vie ? Si vous répondez aux questions suivantes en toute honnêteté, vous commencerez probablement à remarquer quelques thèmes récurrents. Ces derniers sont probablement ce que vous avez substitué à Dieu.

Le test « détecteur d’idoles »

  • Quel est votre plus grand espoir quant à l’avenir ? La réussite professionnelle ? Un certain salaire ? Être propriétaire de votre maison ? Posséder une résidence secondaire au bord de la mer ? Vous marier ? Voir vos enfants grandir et connaître le succès ? Obtenir le respect de vos coéquipiers ? Jouer dans une ligue professionnelle ? Être aimé et respecté par vos collègues ?

    Pour vous, quelle est la chose sans laquelle la vie ne vaut pas la peine d’être vécue ?
  • Que craignez-vous le plus de perdre ? Quelle chose vous est absolument essentielle ? Votre famille ? Votre travail ? L’amour de votre mari ou de votre femme ? Le respect de vos enfants ?

    J’ai déjà été obsédé par mes investissements de retraite parce que j’avais peur de faire une erreur quelconque, de tout perdre, et de devoir travailler à un taux horaire à saluer les gens à l’entrée du Wal-Mart. Posséder de l’argent en banque est une sécurité que je considère souvent comme nécessaire pour mener une belle vie. Par conséquent, la crainte de le perdre me rend souvent inquiet.

    Parfois, je crains de perdre mon influence dans l’Église. Je crains que l’âge me rende usé et dépassé et que les gens cessent alors de venir m’écouter prêcher. Je fais ce cauchemar récurrent où j’arrive à l’église un dimanche matin où tout le monde est allé dans une autre église écouter un nouveau pasteur plus impressionnant. J’arrive dans notre grand auditorium et il n’y a que ma femme et moi, et elle est assise dans la première rangée en train d’écouter un sermon de Matt Chandler sur son baladeur numérique.

    Je ne dis pas qu’on devrait se réjouir ou même demeurer indifférent lorsqu’on perd de bonnes choses. Il s’agit plutôt de savoir si l’on considère la perte d’une de ces choses comme insoutenable.
  • Si vous pouviez changer une chose vous concernant en ce moment, quelle serait-elle ? Perdriez-vous quinze kilos ? Changeriez-vous votre apparence ? Votre état civil ? Votre emploi ? Votre voisinage ? Voudriez-vous voir vos enfants revenir à la maison ?

    Quelle que soit votre réponse, il s’agit probablement d’une chose qui, selon vous, peut vous procurer un bonheur inaltérable. Il n’y a rien de mal à vouloir améliorer son sort. Néanmoins, si nous croyons que le bonheur est impossible sans que se produise d’abord un changement quelconque, nous avons une idole.
  • Quelle est la chose pour laquelle vous avez consenti les plus grands sacrifices ? Le sacrifice et l’adoration vont presque toujours de pair. Qu’est-ce qui a sollicité les plus grands efforts de votre part ? L’obtention d’une bourse d’études ? Le corps parfait ? Décrocher l’emploi rêvé ? Devenir le meilleur dans votre domaine ? Atteindre un certain niveau de revenu ?

    Les choses auxquelles vous attachez le plus d’importance sont celles que vous poursuivez avec le plus d’acharnement.
  • Qu’y a-t-il que vous n’arrivez pas à pardonner et pour quelles raisons ? Un ex-mari a sali votre réputation et vous a dérobé les meilleures années de votre vie ? Votre femme vous a trompé et humilié publiquement ? Un partenaire en affaires irresponsable ou peu scrupuleux a ruiné votre entreprise ? Une amie proche est partie avec votre petit ami ? Un conducteur ivre a tué votre enfant ?

    Souvent, notre incapacité à pardonner est liée au fait qu’on nous a volé une chose sans laquelle nous ne pensons pas pouvoir être heureux. Il n’y a rien de mal à regretter profondément la perte de telles choses. Toutefois, lorsque vous n’arrivez pas à pardonner à quelqu’un, c’est souvent parce qu’on vous a ôté une chose de laquelle vous dépendiez pour votre sécurité, votre bonheur, ou votre vie. Une personne vous a ôté une chose que vous estimiez être irremplaçable, et vous la détestez pour cela.

    Qu’est-ce qui vous a laissé plein d’amertume ? Que vous est-il arrivé dans le passé que vous ne pouvez pas laisser derrière vous ? Avez-vous été oublié lors d’une promotion, ou trompé de sorte que vous n’avez pas pu saisir une occasion ? Est-ce le fait d’avoir été abusé par un parent ou d’avoir été trahi par un conjoint ou un ami ?

    L’amertume est presque toujours liée à l’idolâtrie. On vous a pris quelque chose que vous jugiez essentiel à votre vie.
  • À quel moment vous sentez-vous le plus important ? Quand marchez-vous la tête haute ? Qu’espérez-vous que les gens apprennent à votre sujet ? Êtes-vous toujours en train de parler de votre emploi, de l’emploi que vous comptez décrocher lorsque vous serez diplômé ou de l’université d’où vous avez obtenu votre diplôme ? Cherchez-vous constamment des occasions de montrer votre maison ou votre voiture ? Votre cœur est-il rempli d’orgueil lorsque vous parlez de vos enfants ? Si vous êtes pasteur, aimez-vous qu’on vous demande la taille de votre Église ? Ou au contraire, détestez-vous qu’on le fasse parce qu’elle est petite ? Aimez-vous qu’on vous compare favorablement à d’autres pasteurs ?

    Votre identité est ce qui contribue le plus à votre sentiment d’importance. Vous y accordez le plus de poids.
  • Qu’est-ce qui vous déprime le plus ? Le fait que vos enfants ne vous téléphonent jamais ? Que votre relation de couple ne semble pas s’améliorer ? Que vous ayez atteint un certain âge sans être marié ? Que vous ne receviez pas la reconnaissance que vous estimez qu’on vous doit [2]? Est-ce le peu de choses que vous avez accomplies ? Le fait que, malgré tous vos efforts, votre Église ne grandit pas ? La dépression est enclenchée lorsqu’une chose que nous estimions essentielle à notre bonheur ou à notre vie nous est refusée. (Veuillez noter : je ne cherche pas à minimiser certains facteurs physiologiques de la dépression qui sont souvent présents. Je dis simplement que notre dépression est souvent alimentée par notre idolâtrie.)
  • Où trouvez-vous du réconfort lorsque ça ne va pas ? Peut-être, plongez-vous tête première dans le travail pour oublier que votre femme vous ignore et que vos enfants s’éloignent de vous ? Ou peut-être trouvez-vous refuge dans les bras d’un amant ou d’une maîtresse ?

    Un plaisir sensuel, comme la pornographie ou la bouffe réconfortante ? Peut-être l’alcool ou la drogue ?

    Peut-être vous concentrez-vous sur un fait à votre sujet qui vous réconforte. Je me suis souvent réconforté lors de déceptions en me rappelant un talent que je possédais. À l’école secondaire, lorsque j’étais déprimé à cause de ma carrière athlétique qui ne décollait pas, je me disais que mes capacités scolaires me démarquaient.

    Ma femme luttait contre un léger trouble alimentaire au collège. Elle croyait qu’elle devait avoir un très beau corps pour avoir de la valeur. Mais elle trouvait aussi du réconfort dans la nourriture. Elle était déprimée, car elle ne voyait pas comment elle pouvait être heureuse si elle ne perdait pas de poids. Sa dépression la conduisait vers la bouffe réconfortante. C’était un cercle vicieux engendré par le fait que deux de ses dieux étaient en conflit l’un avec l’autre.

Ces questions mettent-elles à jour certains schémas dans votre vie ? Augustin disait que certains sentiments comme la peur, l’anxiété, la tristesse, et la dépression profonde sont « la fumée des feux » qui montent des autels de nos idolâtries. Suivez la fumée et vous arriverez à une chose qui a pris la place de Dieu.


Cet article est tiré du livre : Évangile de J. D. Greear


            [1] Pour une étude approfondie de l’idolâtrie nous vous suggérons la lecture du livre : Les idoles du coeur et la foire aux vanités, de David Powlison.

            [2] Pour ceux d’entre vous qui sont aux prises avec cette même idole, J. D. Greear suggère le livre Quand les hommes ont plus d’importance que Dieu.