Les problèmes d’ordre sexuel au sein du mariage (David Powlison)

Nous nous trompons nous-même, ainsi que d’autres personnes, si nous affirmons que le mariage règle les problèmes liés aux péchés sexuels, à la tentation, à la souffrance, au sentiment de culpabilité, à la honte et à la confusion. Des péchés de tout genre peuvent se perpétuer au sein de la vie conjugale. Des vestiges de déchirements intérieurs et de peurs de toutes sortes peuvent encore exercer une influence. Cependant, Jésus fait « toutes choses nouvelles », et cela concerne aussi le sexe dans le cadre du mariage. En voici quelques exemples :

Le sexe dans le cadre du mariage

Un des conjoints a peut-être besoin d’apprendre que le sexe est une bonne chose, et non pas quelque chose de sale. On peut se détendre et se donner librement, au lieu de se crisper et de s’inquiéter de ce que l’on subira. Le plaisir ne vous trahira pas. Votre conjoint est fidèle, vous pouvez lui faire confiance. Seule une confiance fondamentale en Dieu, plus vaste et plus profonde, peut vous procurer la liberté d’accorder une confiance simple et un amour généreux à un autre être humain qui, effectivement, vous laissera tomber à un moment ou à un autre et vous offensera de quelque manière.

Une autre personne aura peut-être besoin d’apprendre des façons toutes nouvelles d’être stimulé sexuellement. Si vos fantasmes et votre fornication d’autrefois étaient nourris de nymphomanie, de gymnastique copulatoire et de sexe oral, il se peut que votre conjoint, ce cadeau que Dieu vous a donné, préfère au contraire des moments tendres et tranquilles au creux de vos bras. Vos extases à vif dans votre immoralité passée ont peut-être atteint des points plus élevés sur l’échelle de Richter qu’aujourd’hui dans votre mariage. Toutefois, il vous faut apprendre que l’ampleur des joies réelles et des trésors éternels s’avère immensément plus profonde et plus satisfaisante.

Quelqu’un d’autre pourrait avoir besoin de comprendre que la félicité sexuelle n’est pas le but de la vie et la quintessence de l’amour. Au cours de votre vie conjugale, il se peut que vous ou votre conjoint viviez des difficultés, sexuelles ou autres. Vous aurez tous deux à apprendre qu’il y a une raison pour laquelle « l’amour est patient » vient en premier lieu dans la description de Paul (1 Co 13.4). Vous devez toujours repousser la convoitise immorale.

Il vous faudra également maîtriser vos désirs sexuels normaux durant certaines périodes, pour des raisons variées : des problèmes en fin de grossesse ou durant le post-partum, des séparations obligées en raison du travail ou de l’engagement militaire, un jeûne volontaire de sexe dû à des besoins plus pressants, une diminution du désir sexuel et de la stimulation liée à l’âge, les conséquences du cancer de la prostate, le prolapsus vaginal ou d’autres problèmes physiques, la perte de votre conjoint. L’intimité sexuelle pourrait même prendre fin des années avant que la mort vienne séparer un mari et sa femme. S’aimeront-ils encore ?

Un autre individu lutte peut-être avec des souvenirs pénibles associés au sexe à cause d’un viol, de l’abus sexuel durant l’enfance ou d’autres agressions. Le renouvellement et le rétablissement de la confiance peuvent s’avérer un processus extrêmement long.

Il se peut que d’autres couples mariés aient besoin d’abandonner des habitudes destructrices dans leur relation, telles que les petits jeux, la manipulation, le don dans le but d’obtenir quelque chose, l’évitement, le troc du sexe pour des faveurs, la moue… Même des péchés criminels graves – agressions sexuelles sadiques, violence ou viol – peuvent se produire chez un couple marié.

D’autres encore devront démanteler le lien psychique qui fait du sexe une jauge de succès ou d’échec, de bonne ou mauvaise performance, et une validation de l’identité de l’individu. Alors que Christ redéfinit et recentre cette dernière, il change ce que le sexe signifie. Il peut devenir un moyen facile et efficace de donner, ou un plaisir simple, aussi normal que de manger son petit-déjeuner. Il peut s’avérer un endroit où l’on est en sécurité et où il est possible de parler des échecs, des luttes, de les confier à Dieu dans la prière. Il est possible que certains couples se retrouvent devant le problème d’un manque de réactivité sexuelle : dans les termes d’au- trefois, « l’impuissance » et la « frigidité » ; dans le jargon clinique, « la dysfonction érectile » et « le trouble de l’excitation sexuelle ».

Du côté masculin, le Viagra, le Cialis et le Levitra offrent une solution purement chimique pour ces symptômes. Il se peut que le problème comporte un important élément biologique, sans lien avec l’âge. Or, la biologie se trouve toujours enchevêtrée avec le spirituel : l’anxiété de performance, le refus d’accepter les diminutions qu’impose le vieillissement, l’identité qui repose sur la capacité sexuelle, une rupture entre le sexe et l’amour ou un sentiment de culpabilité en rapport avec des relations sexuelles avant le mariage. En outre, les médias, la consommation de pornographie et la fornication pra- tiquée dans le passé peuvent également créer chez l’individu des attentes irréalistes quant à ses capacités.

Certains seront peut-être tentés de comparer leur partenaire actuel avec ceux du passé ou avec ceux de leurs fantasmes, ou encore entretiendront-ils une idéalisation fantaisiste de ce à quoi la bénédiction du mariage devrait ressembler. En revanche, le sexe empreint de sagesse requerra que chaque individu aime sa propre femme, son propre mari.

D’autres encore continueront à lutter contre d’anciennes habitudes de convoitise. Il se peut que ces personnes soient tentées par le flirt, l’infidélité, les représentations pornographiques, la mastur- bation sous la douche ou les rêveries d’expériences passées.

Et pour finir, tout le monde aura à résister à une variété infinie de colères, d’anxiétés, de murmures, d’égoïsmes et d’incrédulités. Chacun ressent le poids des difficultés quotidiennes. Les péchés et les difficultés de tous les jours, qui ne sont pas d’ordre sexuel, ne disparaîtront pas. D’autres fautes et d’autres embûches peuvent encombrer la chambre à coucher de problèmes d’une tout autre nature qui affecteront grandement l’intimité sexuelle. Les compas- sions de Christ, sans cesse renouvelées, remanieront votre sexualité, entre autres, en transformant vos inquiétudes, votre irritabilité (et tout le reste), qui se dressent en réaction aux pressions de la vie.

Vous avez compris ce dont je parle… La vie conjugale n’est pas un jardin de délices sexuels sans aucune complication. Dieu, qui a commencé en vous une bonne œuvre, mènera à bonne fin ses desseins au jour de Jésus-Christ. Sa rédemption touchera toute forme de ténèbres. On ne parviendra ni à rendre justice à « une sexualité meurtrie » ni à se montrer miséricordieux, à moins que l’on traite le problème dans son entier. Jésus travaille à nos côtés, et nous nous réjouissons qu’il ne s’occupe pas seulement des immoralités sexuelles qui sont apparentes.


Cet article est tiré du livre : Il fait toutes choses nouvelles de David Powlison