Les anges, bons et mauvais (Frederick Leahy)

L’élection chez les anges

L’Écriture parle de bons et de mauvais anges, de « saints anges » et d’« anges qui n’ont pas gardé leur dignité » (Jude 6). Les anges se tiennent sous une obligation morale, étant récompensés pour leur obéissance et punis pour leur désobéissance.

Les bons anges forment les armées de Dieu. Ils sont toujours prêts à exécuter « ses ordres, en obéissant à la voix de sa parole » (Psaume 103:20). Les anges déchus composent l’armée de Satan, les puissances des ténèbres, qui cherchent à détruire les œuvres de Dieu.

Jésus décrit la présence de l’ivraie parmi le blé comme l’œuvre d’un ennemi (Matthieu 13:28), et Pierre parle de « votre adversaire, le diable » (1 Pierre 5:8). Les anges, bons et mauvais, existent en très grand nombre (Matthieu 26:53 ; Marc 5:9).

Les anges ne forment pas une race mais une compagnie

Dieu créa chacun d’eux séparément, et rien dans le monde angélique ne correspond à la descendance ou à la procréation (Matthieu 22:30). Par conséquent, chaque ange déchu connut une chute individuelle, c’est-à-dire de son plein gré. En revanche, étant une race, l’humanité tomba dans le péché en une seule fois par l’entremise d’Adam, son ancêtre et son représentant fédéral (Romains 5:19). Tous les anges furent créés saints et participaient au « très bon » de l’évaluation divine sur la création. Toutefois, l’Écriture parle des anges qui n’ont pas péché comme des « anges élus » (1 Timothée 5:21). Certains anges firent donc l’objet d’un décret d’élection qui les préserva du péché.

La prédestination des anges

Les anges non élus, tout en étant créés saints, ne se trouvaient pas dans l’impossibilité de pécher, comme la suite le démontra. Un examen de 1 Timothée 5:21, où figure l’expression « les anges élus », de 2 Pierre 2:4 et de Jude 6, qui parlent des « anges qui ont péché» et « des anges qui n’ont pas gardé leur dignité », révèle que tout comme les hommes, les anges furent prédestinés. Il s’avère dangereux de spéculer dans ce domaine ; nous croyons et déclarons ce qui a été révélé. Là où notre compréhension de la révélation comporte des lacunes, n’essayons jamais de combler celle-ci par un raisonnement de notre logique. Contentons-nous de déclarer avec l’Écriture que seule une partie de l’armée céleste fut mise à l’épreuve, ou créée avec la possibilité de pécher, et que ces anges péchèrent délibérément.

En revanche, le décret divin d’élection garantissait la persévérance des anges élus. Au contraire des hommes élus, ceux-ci n’ont nul besoin d’être délivrés du péché. Ils ne voient donc pas en Christ leur Médiateur mais leur Chef. Ils le servent et obéissent à ses ordres (Matthieu 26:53). Quant au décret divin concernant les anges qui ont péché, nous faisons face à un mystère. Le rideau de la révélation demeure étroitement tiré ici. Probablement par amour, Dieu désire que l’origine du mal nous reste une énigme déconcertante, dans cette vie tout au moins. L’inévitabilité du péché par un décret de Dieu qui le permet reste un mystère insoluble pour les limitations de l’intelligence humaine.

Les activités des anges bons

Elles revêtent une riche variété. Dans l’Écriture, nous voyons les anges élus adorer Dieu (Matthieu 18:10), se réjouir de ses œuvres (Job 38:7), exécuter sa volonté (Psaume 103:20), le servir pour contrôler les affaires des nations (Daniel 10:12,13,21 ; 11:1 ; 12:1), veiller sur les intérêts des églises locales (1 Timothée 5:21 ; 1 Corinthiens 11:10), assister et protéger les croyants (1 Rois 19:5 ; Daniel 6:22) et punir les ennemis de Dieu (Actes 12:23).

Tout croyant jouit du ministère général de l’ensemble des anges

Aucun passage biblique n’encourage à croire qu’il existe un ange gardien pour chaque chrétien. On cite Matthieu 18:10 en faveur de l’idée de l’ange gardien : « Leurs anges dans les cieux voient continuellement la face de mon Père qui est dans les cieux. » Mais les termes utilisés dans ce texte ne permettent pas de conclure nécessairement en l’existence d’un ange gardien spécial pour chaque enfant de Dieu. Il paraît plus sage d’interpréter ce passage à la lumière de l’affirmation de l’épître aux Hébreux (1:14), selon laquelle tout croyant jouit du ministère général de l’ensemble des anges, ce qui est bien mieux.

Parfois les anges prennent part à des « missions exceptionnelles », comme lors de certains événements dans la vie des patriarches, de la remise de la loi et de la naissance, résurrection et ascension du Seigneur (Actes 7:53 ; Galates 3:19 ; Hébreux 2:2). De même, lors du retour de Christ et du jugement dernier, ils joueront de nouveau un rôle important. Même si leur mission ne consiste pas à appliquer la providence habituelle de Dieu, on peut dire qu’ils interviennent dans sa providence spéciale à l’égard de l’Église. Leur action, occasionnelle et exceptionnelle, survient seulement sur l’ordre spécifique de Dieu. Les anges ne s’interposent jamais entre nous et Dieu. Comme les miracles, les apparitions de ces créatures célestes marquent l’inauguration de nouvelles époques et de nouveaux développements du dessein rédempteur de Dieu. On les voit lors de l’achèvement de la création, de la remise du décalogue, de la naissance du Sauveur, de la tentation de Jésus au désert, de son agonie à Gethsémané, de sa résurrection, de son ascension et du jugement dernier.

Michel et Gabriel

L’Écriture nomme deux anges saints : Gabriel et Michel. Gabriel (« le puissant » ou « héros de Dieu »), associé à la transmission et l’interprétation des révélations divines, jouit de toute évidence d’un rang très élevé. Il hâte la réalisation des plans de Dieu pour le salut des hommes. Il apparaît à Daniel pour lui annoncer le retour de la captivité et fixer son attention sur la venue du Messie (Daniel 8:16 ; 9:21). Dans le Nouveau Testament, Gabriel apparaît à Zacharie pour lui annoncer la naissance de Jean-Baptiste et à Marie pour celle du Sauveur (Luc 1:11,26). Frédéric Godet l’appelle : « l’évangéliste céleste ». À une époque de ténèbres, de découragement et de sévère mise à l’épreuve de la foi, Dieu envoie un ange dont le nom rend témoignage à la puissance de la divinité. Sa venue auprès du peuple de Dieu confirmait le caractère irréversible du dessein bienveillant de Dieu.

Michel (« qui est semblable à Dieu ? ») paraît doté d’une dignité plus grande encore et porte le qualificatif d’« archange » (Jude 9). Le livre de Daniel le présente comme un « chef », « l’un des principaux chefs » (10:13,21), suggérant ainsi qu’il existe une prééminence parmi les rangs des anges, même si cette gradation n’implique pas nécessairement l’existence d’une hiérarchie céleste comme on l’affirme parfois. Contrairement à de nombreux commentateurs et théologiens, l’Écriture ne parle pas d’archanges au pluriel ; le mot revient à deux reprises dans le Nouveau Testament, à chaque occasion employé au singulier et une fois même précédé de l’article défini. Le sens du nom donné à cet ange puissant s’avère très significatif. « Qui est semblable à Dieu ? » Placé à la tête même des armées célestes, il est habité par une seule pensée : la distance infinie qui le sépare du Créateur. « À la tête de tous les anges, il ressent plus que tout autre sa propre indignité » (Godet). Michel est présenté comme un vaillant serviteur de l’Éternel qui combat les puissances du mal, les ennemis de Dieu et de son peuple.

Les activités des anges déchus

Les anges déchus ont leurs activités aussi. Ils ne cessent de s’opposer à Dieu et s’efforcent de déjouer l’accomplissement de sa volonté. La tentation de nos premiers parents en Éden, les épreuves de Job et d’autres événements semblables illustrent ces objectifs impies. Ils s’opposent également au bien-être temporel et éternel de l’homme (Luc 13:11,16 ; Actes 10:38 ; 2 Corinthiens 12:7 ; 1 Thessaloniciens 2:18). Toutefois, ils exécutent les plans de Dieu malgré eux (1 Rois 22:23 ; 1 Corinthiens 5:5 ; 1 Timothée 1:20). Ils offrent leur allégeance à un ange déchu de haut rang. Satan se révolta contre Dieu et devint le chef de tous les autres anges rebelles. Sous sa direction, ils s’unissent en une confédération du mal, d’où les expressions : « Satan et ses anges » et « le prince des démons ».

Satan

La Bible lui attribue différents noms, comme Satan (l’adversaire), le diable (le calomniateur), Apollyon (le destructeur) et Bélial (l’indigne ou le méchant). Les Juifs l’appelaient Béelzébul 2 et le considéraient comme le prince des démons. Satan est aussi appelé le « dragon », nom associé aux puissances païennes dans leur opposition au peuple de Dieu (Ézéchiel 29:3 ; Jérémie 51:34), et le « serpent » (Apocalypse 20:2), nom qui rappelle sa ruse. L’apôtre Paul écrit : « De même que le serpent séduisit Ève par sa ruse, je crains que vos pensées ne se corrompent et ne se détournent de la simplicité à l’égard de Christ » (2 Corinthiens 11:3).

Ces différents noms attribués au malin soulignent sa puissance, sa méchanceté, sa ruse et son inimitié.3 Si on accepte l’Écriture comme la Parole infaillible de Dieu, il nous faut alors accepter ses déclarations concernant Satan. Charles Hodge écrit : « Si on poussait à ses conclusions la règle d’interprétation qui fait fi de la doctrine biblique sur Satan et son influence, elle balaierait également toutes les autres doctrines de l’Écriture. Certains l’ont fait afin de vider le sens des doctrines du sacrifice, de la justification, du ciel et de l’enfer. » Si nous nous permettons de modifier une seule doctrine de l’Écriture, ou si nous cherchons à la reformuler à l’aide de ce qu’on appelle avec légèreté «la pensée moderne», plus rien ne nous arrête sur le chemin d’un rejet total de l’autorité de la Bible comme unique révélation divine.

« Ne pas croire en l’existence et en la personnalité de Satan a souvent été le premier pas vers l’incrédulité à l’égard de Dieu. » (J. C. Ryle)


Cet article est tiré du livre : Satan, vaincu et chassé de Frederick Leahy