L’Écriture prétend-elle être suffisante ?

Y a-t-il une réponse biblique qui condamne cet abandon coupable de l’Écriture comme source suffisante ? Bien sûr que oui. De nombreux passages de la Bible enseignent que les Écritures sont une révélation qui suffit parfaitement en vue de « tout ce qui contribue à la vie et à la piété » (2 Pi 1.3).

Le passage de 2 Corinthiens 9.8, par exemple, est rempli de superlatifs quant aux ressources tout à fait suffisantes que Dieu pourvoit : « Et Dieu peut vous combler de toutes ses grâces, afin que, possédant toujours en toutes choses de quoi satisfaire à tous vos besoins, vous ayez encore en abondance pour toute bonne œuvre » (italiques pour souligner). C’est là une déclaration étonnamment complète. Prétendre que la philosophie humaine doit compléter la simple vérité de l’Écriture, ou que cette dernière ne peut pas répondre à certaines questions de société et à certains problèmes individuels, c’est contredire, dans ce verset, le témoignage de Paul qui est pourtant divinement inspiré.

Quand Jésus a demandé au Père de sanctifier les croyants, il a prié : « Sanctifie-les par ta vérité ; ta parole est la vérité » (Jn 17.17). « Sanctifier » signifie « mettre à part, éloigner du péché, être saint et séparé pour Dieu ». La sanctification englobe l’ensemble du concept de maturité spirituelle. Jésus enseignait ainsi que chaque aspect de la sainteté du croyant est l’œuvre de la Parole de Dieu (et non pas la Parole de Dieu à laquelle il faut ajouter autre chose).

En fait, suggérer que la Bible seule est insuffisante, c’est embrasser l’opinion même qui se trouve au cœur de pratiquement toutes les sectes qui se prétendent chrétiennes. Celles-ci ont presque toutes en commun la croyance que les gens ont besoin de la Bible et d’autre chose en plus, comme les écrits de quelque prophète ou voyant « illuminé », les décrets de la tradition ecclésiastique, ou les conclusions de la science et de la philosophie séculière. Par conséquent, nier que l’Écriture suffit, c’est adopter une hérésie séculaire. Mais l’Écriture enseigne invariablement que tout de la sainteté du croyant est l’œuvre de la toute suffisante Parole de Dieu (voir Jn 17.17).

Dans sa première lettre aux Corinthiens, Paul décrit comment Dieu l’a instruit, lui et les croyants de Corinthe : « Et nous en parlons, non avec des discours qu’enseigne la sagesse humaine, mais avec ceux qu’enseigne l’Esprit, employant un langage spirituel pour des choses spirituelles » (2.13). Par le Saint-Esprit, Dieu dispense sa sagesse aux croyants. Sa Parole est si vaste, si efficace, et si complète que, d’après le verset 15, les croyants peuvent juger de (apprécier et évaluer) « tout ». Les chrétiens qui connaissent les Écritures peuvent avoir une telle capacité de discernement de tout parce que, d’après le verset 16, ils ont « la pensée de Christ ».

La pensée de Christ est la pensée parfaite de Dieu : omnisciente, suprême, et sans aucune insuffisance. Elle est tout ce dont l’Église a besoin pour comprendre un problème quelconque, pour répondre à n’importe quel besoin ou pour démêler toute situation. Et elle nous est révélée dans l’Écriture d’une manière qui répond à tous nos besoins spirituels.

Dans l’Évangile selon Marc, Jésus lance un défi aux pharisiens (12.24) : « N’êtes-vous pas dans l’erreur, parce que vous ne connaissez ni les Écritures ni la puissance de Dieu ? » Toutes leurs erreurs – comme toute méprise spirituelle, quel qu’en soit le contexte – découlent d’un manque de connaissance et de compréhension de la Parole de Dieu. Remarquez également que Jésus a assimilé la connaissance des Écritures à l’expérience de « la puissance de Dieu ». Certains évangéliques modernes semblent penser que si l’Église veut être puissamment utilisée, elle ne doit pas se contenter de proclamer la Bible. C’est le point de vue de nombreux membres de mouvements charismatiques qui insistent sur le fait que les signes et les prodiges s’avèrent un complément nécessaire à l’annonce de la vérité de la Parole de Dieu. D’autres, dont certains des spécialistes les plus influents du mouvement pour la croissance des Églises, soulignent également que si la prédication biblique n’est pas complétée par d’autres programmes, l’Église ne pourra jamais apporter le salut efficacement aux perdus. Ils se trompent lourdement, en ignorant que le message de l’Évangile lui-même « est la puissance de Dieu pour le salut » (Ro 1.16, italiques pour souligner).

Comment Jésus a-t-il réagi en face de Satan qui le tentait (Mt 4.1-11) ? A-t-il utilisé une formule d’exorcisme compliquée pour le lier ou le précipiter dans l’abîme ? Non, il a simplement répliqué au diable à trois reprises en disant « Il est écrit » et a ainsi réfuté les tactiques maléfiques de l’ennemi en citant les paroles de l’Écriture. Ainsi, Christ lui-même a exercé la puissance de Dieu par le biais de sa Parole, et ce fut efficace pour déjouer la tentation de Satan.

La puissance de Dieu ne se trouve ni dans une source de connaissance mystique et extrabiblique, ni dans l’utilisation de signes, de prodiges et d’énoncés extatiques, ni dans les connaissances de la psychologie et de la philosophie séculières, ni dans une mystérieuse perception des besoins profonds des gens. Elle réside au contraire uniquement dans la Parole de Dieu, inspirée, infaillible et inerrante. Lorsque les croyants lisent, étudient, pratiquent et appliquent l’Écriture, ils se rendent compte qu’elle est suffisamment efficace pour faire face à toutes les situations de la vie.

Jésus a également déclaré : « Heureux plutôt ceux qui écoutent la parole de Dieu, et qui la gardent ! » (Lu 11.28.) Il indiquait ainsi que tout ce qu’il faut, au point de vue spirituel, se trouve dans l’écoute de la Parole de Dieu et dans l’obéissance à celle-ci. Généralement, nous assimilons l’adjectif « heureux » à un frisson émotionnel ou à un sentiment d’excitation momentané. Mais ici, Jésus utilise ce terme pour parler d’un état de bonheur ; une vie accompagnée de paix et de joie, ayant un sens et de la valeur, de l’espérance et de l’épanouissement, une existence qui est fondamentalement heureuse et satisfaite. L’obéissance à la Parole suffisante de Dieu donne accès à ce genre de vie. Je le répète, l’Écriture est la réponse à tous les défis de la vie.

Dans le seizième chapitre de l’Évangile selon Luc, Jésus raconte la parabole de Lazare (le mendiant couvert d’ulcères) et de l’homme riche. À sa mort, Lazare est allé dans le sein d’Abraham, l’endroit de bénédiction. L’homme riche s’est retrouvé dans le lieu des tourments après son décès. Dans sa souffrance, ce dernier supplie Abraham :

« Je te prie donc, père Abraham, d’envoyer Lazare dans la maison de mon père ; car j’ai cinq frères. C’est pour qu’il leur atteste ces choses, afin qu’ils ne viennent pas aussi dans ce lieu de tourments. » Abraham répondit : « Ils ont Moïse et les prophètes ; qu’ils les écoutent. » Et il dit : « Non, père Abraham, mais si quelqu’un des morts va vers eux, ils se repentiront. » Et Abraham lui dit : « S’ils n’écoutent pas Moïse et les prophètes, ils ne se laisseront pas persuader même si quelqu’un des morts ressuscitait »(Lu 16.27‑31).

Le point de vue de l’homme riche est le même que celui de beaucoup de gens aujourd’hui ; ils semblent toujours exiger une sorte de confirmation surnaturelle d’une vérité spirituelle. Ils s’imaginent que les simples déclarations de l’Écriture et la puissance de l’Évangile ne suffisent pas. Mais le Seigneur, au moyen de cette parabole, a affirmé le contraire et a déclaré que même s’il allait lui-même ressusciter d’entre les morts, les miracles ne sont pas nécessaires pour que l’Évangile puisse faire son œuvre de transformation dans la vie des gens. Pourquoi ? Parce que la Parole de Dieu, sous l’inspiration et l’illumination du Saint-Esprit, est suffisamment puissante – elle est toute suffisante dans ce qu’elle enseigne sur la rédemption et la sanctification.

Hébreux 4.12 est un autre verset important qui déclare que l’Écriture s’avère foncièrement suffisante : « Car la parole de Dieu est vivante et efficace, plus tranchante qu’une épée quelconque à deux tranchants, pénétrante jusqu’à partager âme et esprit, jointures et moelles ; elle juge les sentiments et les pensées du cœur. » L’auteur affirme essentiellement que l’Écriture est unique et que, pour le croyant, il n’existe pas d’arme spirituelle qui lui soit supérieure. La Parole de Dieu pénètre dans l’être intérieur et la nature même d’une personne. Comment est-ce possible ? Étant vivante et puissante, plus tranchante que n’importe quel autre outil spirituel, elle est capable de pénétrer plus profondément et de couper de manière plus précise et plus véridique que n’importe quelle autre ressource à laquelle une personne pourrait avoir recours. Utilisée de manière efficace et correcte, l’Écriture révèle les pensées et les intentions les plus profondes du cœur humain, de sorte que « tout est nu et découvert aux yeux de celui à qui nous devons rendre compte » (v. 13). Ainsi, la Bible peut opérer ce que la psychanalyse ne pourra jamais accomplir. Elle est suffisante pour pénétrer et mettre à nu la partie la plus profonde de l’âme d’une personne.

Le passage de Jacques 1.25 témoigne également du fait que l’Écriture est entièrement suffisante : « Celui qui aura plongé les regards dans la loi parfaite, la loi de la liberté, et qui aura persévéré, n’étant pas un auditeur oublieux, mais se mettant à l’œuvre, celui-là sera heureux dans son activité. » L’expression « la loi parfaite, la loi de la liberté » est une autre manière de désigner la Parole de Dieu, complète et suffisante. Là encore, le bonheur, la satisfaction, l’épanouissement et tout ce qui concerne la vie et la conduite du croyant sont indissociables de l’obéissance à la Parole de Dieu.

L’apôtre Pierre écrit : « Désirez, comme des enfants nouveau-nés, le lait spirituel pur, afin que par lui, vous croissiez pour le salut » (1 Pi 2.2). La croissance et la maturité spirituelles, ce processus de sanctification qui conduit le chrétien vers la ressemblance à Christ, sont liées au désir du croyant d’obtenir le « lait spirituel pur » – la Parole de Dieu. D’ailleurs, les nouveau-nés ne veulent rien d’autre que du lait et sont même incapables de digérer d’autres aliments. Pierre explique que, tout comme un nourrisson désire ardemment le lait pour son alimentation et sa croissance, les croyants animés de ce même désir et de ce même besoin devraient vivement s’attacher à la Parole de Dieu. Elle leur fournit toutes les ressources dont ils ont besoin pour atteindre la maturité spirituelle (voir 2 Pi 1.3).

C’est Paul qui a fait les déclarations les plus explicites et les plus complètes, sur l’Écriture et le fait qu’elle est puissante et suffisante, dans son message d’adieu aux anciens de l’Église d’Éphèse : « Vous savez que je n’ai rien caché de ce qui vous était utile, et que je n’ai pas craint de vous prêcher et de vous enseigner publiquement et dans les maisons […], car je vous ai annoncé tout le conseil de Dieu, sans en rien cacher […] Et maintenant je vous recommande à Dieu et à la parole de sa grâce, à celui qui peut édifier et donner l’héritage avec tous les sanctifiés » (Ac 20.20,27,32). Pour Paul, aucune partie de la révélation de Dieu n’était sans importance, ou lacunaire, en vue de la croissance spirituelle. Il ne considérait pas non plus qu’une quelconque section soit inefficace pour résoudre les problèmes de la vie.

L’Ancien Testament est tout aussi clair à ce sujet. Le passage de Deutéronome 6.4‑9 constitue le résumé fondamental de la doctrine pour le peuple d’Israël :

Écoute, Israël ! l’Éternel, notre Dieu, est le seul Éternel. Tu aimeras l’Éternel, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta force. Et ces commandements, que je te donne aujourd’hui, seront dans ton cœur. Tu les inculqueras à tes enfants, et tu en parleras quand tu seras dans ta maison, quand tu iras en voyage, quand tu te coucheras et quand tu te lèveras. Tu les lieras comme un signe sur tes mains, et ils seront comme des fronteaux entre tes yeux. Tu les écriras sur les poteaux de ta maison et sur tes portes.

C’était une façon simple de résumer les innombrables commandements que Dieu avait donnés à Moïse. Mais la loi de Dieu – sa Parole révélée – était et demeure l’unique ressource pour nourrir la vie et la piété. Partout où ils allaient, les enfants de Dieu devaient toujours méditer et appliquer les paroles du Dieu vivant. Ces paroles devaient accaparer leur attention, étant pour eux la source et le centre de tout. À présent, cela s’avère toujours le dessein que Dieu a pour la vie de son peuple.


Cet article est extrait du livre : « Renouvelez vos pensées » de John MacArthur