Comment l’intelligence humaine a-t-elle été gaspillée ?

Au terme de l’acte de la création, « Dieu vit tout ce qu’il avait fait, et voici, c’était très bon » (Ge 1.31). Adam et Ève vivaient en saine communion avec Dieu et avaient reçu le mandat de dominer toute sa création (Ge 1.26‑30). Devant eux ainsi que leur progéniture, une vie de félicité terrestre se dessinait, avant que le péché n’entre en scène.

Le passage de Genèse 3.1‑7 décrit le coup dévastateur d’une grande portée qui a été asséné à l’intelligence humaine et qui a affecté tous les êtres humains qui sont venus par la suite. Il ne fait aucun doute que Satan a fait la guerre à Dieu et à la race humaine dans ce passage monumental, où le
champ de bataille s’est avéré l’entendement d’Ève. En fin de compte, Ève a échangé la vérité de Dieu (Ge 2.17) contre le mensonge de Satan (Ge 3.4,5) et, depuis, l’esprit humain n’a plus jamais été le même.
Dans sa forme primitive, la méthode empirique puise en fait son origine dans Genèse 3, lorsqu’Ève a conclu (après que Satan a semé dans son esprit des graines de doute sur la fiabilité de son Créateur – Ge 3.4) que la seule façon de décider si Dieu avait raison ou tort, c’était de vérifier au moyen de sa propre intelligence et de ses propres sens. Dans son épître aux Romains, en parlant de ceux qui suivraient le chemin spirituellement périlleux d’Ève puis d’Adam, Paul l’a expliqué ainsi (1.25) : « Ils ont changé la vérité de Dieu en mensonge, et [ils] ont adoré et servi la créature au lieu du Créateur. »

En un rien de temps, Ève a essentiellement adhéré au mensonge de Satan et a cru qu’elle avait le choix, soit de décider de désobéir en mangeant le fruit ou d’opter pour l’obéissance en s’abstenant d’en consommer. Elle a pensé qu’elle seule pouvait déterminer quel était le meilleur choix au moyen de sa propre intelligence ; le commandement de Dieu ne faisait plus autorité. La révélation verbale du Créateur ne dictait plus ce qui était bien et ce qui était mal dans sa vie. Les instructions de Dieu, qui faisaient autorité, étaient tout à coup devenues facultatives parce que, selon Satan, il y avait désormais d’autres alternatives.

« La femme vit que l’arbre était bon à manger et agréable à la vue et qu’il était précieux pour ouvrir l’intelligence ; elle prit de son fruit, et en mangea ; elle en donna aussi à son mari, qui était auprès d’elle, et il en mangea » (3.6). On trouve ici la naissance du premier effort de recherche empirique et de raisonnement inductif de l’histoire. Dans le premier acte de rébellion humaine, Ève a décidé de soumettre l’arbre à trois tests pour savoir qui, de Dieu ou de Satan, avait raison.

La première épreuve était celle de l’évaluation matérielle. En examinant l’arbre, elle a vu que son fruit était « bon à manger ». Il possédait une valeur nutritive. Ève a pu tenir le raisonnement suivant : Satan a peut-être raison. Dieu s’est peut-être montré trop restrictif en m’empêchant de connaître toute la joie que la vie peut m’offrir et l’accès à tous les fruits du jardin.

À partir de cette hypothèse positive, elle a soumis l’arbre à un deuxième examen. Elle a constaté que le fruit était « agréable à la vue ». Il lui serait donc non seulement avantageux pour nourrir son corps, mais
il comporterait également une valeur émotionnelle ou esthétique. Elle l’a scruté et s’est rendu compte qu’il était « agréable à la vue ». Pour traduire ce sentiment en langage postmoderne, disons qu’admirer l’arbre lui procurait un sentiment de bien-être.

Ève n’était cependant pas encore satisfaite. Elle voulait aller jusqu’au bout dans ses investigations. Peut-être s’est-elle dit : je vais faire un pas de plus. C’est alors qu’elle a effectué le test final. Elle a regardé l’arbre et a constaté qu’il était précieux « pour ouvrir l’intelligence ». Il possédait une valeur intellectuelle qui la rendrait intelligente comme Dieu.

Au milieu de ses réflexions, Ève a vu et conclu que l’arbre était effectivement bon. Il répondait à ses besoins sur les plans physique, esthétique et intellectuel. Son entendement en a déduit que Dieu avait tort ou qu’il avait menti ; la ruse de Satan avait réussi à l’éloigner de la vérité absolue et indéfectible de Dieu. L’esprit humain était sur le point d’être à jamais corrompu. La séduction a mené Ève à la désobéissance, car elle a rejeté les instructions de Dieu : elle a pris du fruit de l’arbre et en a mangé. Adam n’a pas tardé à l’imiter (3.6).

Paul résume ainsi l’acte désastreux d’Ève : « Toutefois, de même que le serpent séduisit Ève, je crains que vos pensées ne se corrompent et ne se détournent de la simplicité à l’égard de Christ » (2 Co 11.3 ; voir 1 Ti 2.14). La séduction de l’esprit d’Ève par la tromperie de Satan et la désobéissance flagrante d’Adam ont entraîné la corruption de leur âme et, par conséquent, de celle de tous les humains qui naîtraient d’eux (Ro 5.12).

C’est ainsi que l’entendement humain a été corrompu par le péché. L’esprit de l’homme était affaibli à un point tel que la communion avec Dieu n’était plus humainement possible, et que la capacité de voir et de
comprendre la vie à partir du point de vue de Dieu avait disparu. La race humaine était désormais éloignée de son Dieu et de son Créateur. En conséquence, les deux êtres humains créés par Dieu à l’origine, ainsi que chacun de leurs descendants, ont subi un bouleversement brutal sur le plan de leur relation avec Dieu et avec le monde dans lequel il les avait placés.

  1. Ils ne s’intéresseront plus aux pensées de Dieu, mais ils se tourneront vers celles des hommes (Ps 53.2 ; Ro 1.25).
  2. Ils n’auront plus la perception spirituelle, mais Satan les aura rendus aveugles quant à la gloire de Dieu (2 Co 4.4).
  3. Ils ne seront plus sages, mais ils seront insensés (Ps 14.1 ; Tit 3.3).
  4. Ils ne seront plus vivants pour Dieu, mais plutôt morts dans leurs péchés (Ro 8.5-11).
  5. Ils ne s’attacheront plus aux choses d’en haut, mais ils préféreront les choses de la terre (Col 3.2).
  6. Ils ne marcheront plus dans la lumière, ils avanceront, au contraire, dans les ténèbres (Jn 12.35,36,46).
  7. Ils ne posséderont plus la vie éternelle, mais seront destinés à la mort spirituelle, c’est-à-dire à la séparation éternelle d’avec Dieu (2 Th 1.9).
  8. Ils ne vivront plus dans le royaume de l’Esprit, mais dans celui de la chair (Ro 8.1-5).

Cet article est extrait du livre : « Renouvelez vos pensées » de John MacArthur