L’attaque contre le concept selon lequel la Bible nous suffit

Le dogme selon lequel nous avons tout ce qu’il nous faut dans les Écritures est sans doute la doctrine la plus attaquée dans l’Église à notre époque. Même les personnes qui reconnaissent du bout des lèvres l’auteur, l’inspiration et l’inerrance de la Bible hésitent parfois à affirmer qu’elle est suffisante. Le résultat est pratiquement le même que celui d’un déni de l’autorité biblique, car il détourne les gens de la Bible vers la recherche d’autres « vérités ».

Qu’entend-on par l’affirmation : « l’Écriture est suffisante » ? Nous voulons dire que la Bible est un guide adéquat pour toutes les questions de foi et de conduite. Elle nous donne toutes les vérités dont nous avons besoin pour vivre en toute piété. La Confession de foi de Westminster de 1647 l’exprime ainsi : « Tout le conseil de Dieu, c’est-à-dire tout ce qui est nécessaire à la gloire du Seigneur, ainsi qu’au salut, à la foi et à la vie de l’homme est expressément consigné dans l’Écriture ou doit en être déduit comme une bonne et nécessaire conséquence ; rien, en aucun temps, ne peut y être ajouté, soit par de nouvelles révélations de l’Esprit, soit par les traditions humaines1. »

L’Église, dans l’ensemble, ne croit tout simplement plus à ce principe. Le chrétien moyen semble supposer qu’il a besoin de quelque chose de plus que les Écritures pour l’aider à se tirer d’affaire dans ce monde moderne. Les librairies chrétiennes regorgent de livres offrant des conseils glanés dans d’autres ressources que la Bible, sur presque tous les sujets imaginables : l’éducation des enfants, les rôles de l’homme et de la femme dans le christianisme, la réussite et l’estime de soi, les relations, la croissance de l’Église, la direction de celle-ci, le ministère, la philosophie, et ainsi de suite. Divers spécialistes autoproclamés, qui prétendent avoir découvert une vérité profonde qui ne serait pas révélée dans les Écritures, sont maintenant devenus des éléments familiers du paysage évangélique. Le caractère suffisant de la Bible subit des attaques et l’effet sur la vision collective du monde dans le mouvement évangélique est désastreux.

Nous en voyons la preuve dans le fait que tant de pasteurs et de responsables d’Églises doutent maintenant que l’Écriture offre une nourriture suffisante pour les saints. Ils veulent compléter l’enseignement biblique au moyen de divertissements et d’idées tirées de sources séculières. De toute évidence, ils ne croient pas que l’étude, l’enseignement et l’application de la seule Parole de Dieu suffisent à eux seuls pour répondre aux besoins spirituels des gens. Et ils ne sont apparemment pas convaincus que la prédication de la Bible soit suffisamment attrayante pour les non-croyants. Ils insistent plutôt sur l’idée selon laquelle, dans la culture actuelle qui est dictée par les médias et centrée sur l’aspect visuel, le message doit être amplifié par de la musique, du théâtre, de l’humour et des discours extrabibliques sur le développement personnel. Les principes bibliques seuls ne sont pas jugés suffisamment « pertinents ». De nombreuses Églises remplacent la prédication par des divertissements charnels. À mesure que le temps passe il est de plus en plus rare de voir des pasteurs qui enseignent la Bible, nourrissant soigneusement, minutieusement et de manière ininterrompue les membres de leur Église, à l’aide d’une juste compréhension de la Parole de Dieu qui est profonde, claire et qui convainc de se repentir.

Voulez-vous des preuves supplémentaires de la perte de confiance des évangéliques quant au fait que l’Écriture est suffisante ? Vous le constatez dans la montée du mysticisme évangélique, la croyance que les chrétiens ont besoin d’écouter Dieu leur parler directement à travers de fortes impressions dans leur esprit, une voix dans leur tête, ou d’autres moyens mystiques. Certains évangéliques sont devenus obsédés par Satan et par les pouvoirs démoniaques. Ils s’imaginent pouvoir commander aux démons simplement en leur parlant. Un tel mysticisme n’est en réalité rien d’autre qu’un tâtonnement dans le monde occulte. Il découle d’une perte de confiance dans l’Écriture comme seule ressource nécessaire. Ceux qui ne sont pas convaincus que la Bible constitue une révélation suffisante de la vérité seront continuellement à la recherche d’autres « révélations » et de nouvelles expériences mystiques. Ce faisant, ils ouvrent toute grande la porte aux pires sortes de ruses démoniaques.

Au cours des vingt-cinq dernières années, nous avons été témoins de l’abandon de l’Écriture comme provision suffisante dans un autre domaine : celui de l’expérience conjugale et familiale. Autrefois, les chrétiens croyaient que s’ils étudiaient la Parole de Dieu et qu’ils obéissaient à ses principes, ils auraient une vie de famille qui honorerait Dieu et ils formeraient un couple épanoui et agréable au Seigneur. Mais aujourd’hui, on assiste à une prolifération de nouvelles techniques et il existe une pléthore de concepts, d’astuces et d’opinions qui ne proviennent pas de la Parole. Ils sont présentés comme étant les véritables clés pour la résolution des problèmes familiaux. Tout cela indique que les chrétiens ne croient plus que la Bible est une source d’instruction suffisante concernant ces questions.

Récemment, j’ai lu un article dans une revue réputée et autrefois connue pour sa défense des principes de la Réforme, notamment le fait que l’Écriture nous suffit. Malheureusement, l’auteur du texte en question expliquait pourquoi il avait mis de côté sa confiance en une telle vision de la Bible. Il disait avoir lu les résultats d’un sondage indiquant que le taux de divorce parmi les « chrétiens nés de nouveau » est aussi élevé, voire plus encore, que celui qu’atteignent les couples non chrétiens. Il déclarait que ces résultats de sondage l’avaient amené à conclure que la Bible n’a tout simplement pas toutes les réponses pour maintenir les couples chrétiens unis. Cet homme, un professeur du Nouveau Testament dans un des meilleurs séminaires évangéliques, a décidé que les directives bibliques sur le mariage sont simplement trop rudimentaires pour s’avérer efficaces dans notre monde moderne. En résumé, il affirmait avoir abandonné l’idée selon laquelle la Bible nous suffit à cause des données d’un sondage d’opinion.

Pourtant, des générations de chrétiens peuvent témoigner que l’enseignement de la Bible sur la vie conjugale – s’il est respecté – est suffisant pour que les couples réellement centrés sur Christ restent sains et épanouis. N’acceptons pas aveuglément les données d’un sondage qui prétend prouver que le mariage des personnes nées de nouveau aurait un taux d’échec supérieur à celui des incroyants. D’une part, aucune enquête d’opinion ne pourra jamais déterminer avec précision qui est « né de nouveau » et qui ne l’est pas. L’enquête citée classait les gens comme ayant vécu la nouvelle naissance s’ils revendiquaient une quelconque croyance en Christ, même si, plus loin, certaines de leurs réponses révélaient qu’ils ne comprenaient pas les points fondamentaux de l’Évangile. De plus, l’on n’y précisait pas si le divorce avait eu lieu avant ou après la conversion de la personne, ce qui en invalide les conclusions.

D’autre part, aucun mariage ne se termine par un divorce à moins que l’un des partenaires – ou les deux – désobéisse à l’enseignement biblique clair sur la façon de vivre avec son conjoint dans l’amour et la compréhension (voir 1 Pi 3.1-7). L’échec des mariages soi-disant chrétiens aujourd’hui n’est pas une preuve de l’insuffisance de l’Écriture ; cela démontre plutôt la faiblesse et l’ignorance de ceux qui prétendent croire qu’il s’agit de la Parole de Dieu.


Cet article est extrait du livre : « Renouvelez vos pensées » de John MacArthur