Le Sauveur souffrant – Psaume 22 (Michael Barrett)

La première partie du Psaume 22 décrit trois aspects de la souffrance que Christ endure à la croix. Il souffre devant le Dieu saint (Psaume 22.2-6), il souffre aux mains des hommes cruels (Psaume 22.7-12) et il souffre dans toute sa personne, corps et âme (Psaume 22.13-19). Les premières lignes mènent au cœur de l’expiation. Dans son agonie, Christ s’écrie : «Pourquoi m’as-tu abandonné ?» La réponse à sa question est simple : Dieu abandonne son Fils pour pouvoir accorder le pardon à ses élus. Lui qui n’a pas connu le péché, Dieu l’a fait péché pour eux. Chargé de mon péché et de ma culpabilité, il a subi de plein fouet toute la colère de Dieu, une colère juste et nécessaire à l’encontre de mon péché. Alors que Christ souffre sur la croix, Dieu le traite conformément à ce que je mérite. Je reconnais mon incapacité complète à expliquer l’abandon total de Christ exprimé ici. Cela me dépasse. Son cri révèle à quel point le péché offense le Dieu saint. Il exprime aussi la grâce absolue de Dieu, qui livre son Fils unique comme le seul vrai Sauveur. Comment peut-on oser dire qu’il existe un autre chemin vers Dieu ?

La cruauté des hommes

Le deuxième couplet décrit la cruauté des hommes. Dans leur aveuglement spirituel, ils sont capables de regarder la croix en face et de rejeter malgré tout le Sauveur. Remarquez le parallèle frappant entre le verset 7 et Ésaïe 53, qui décrit la manière naturelle dont les hommes incroyants perçoivent Christ. Méprisé et rejeté, il était vraiment un homme de douleur. Notez que les railleries des spectateurs, des chefs religieux et des soldats rassemblés autour de la croix en Matthieu 27 et Luc 23 reflètent avec une précision remarquable les versets 8 et 9 du Psaume 22. À la croix, celui qui faisait l’objet des louanges des anges purs subit la moquerie d’hommes insignifiants. Il était impossible alors de regarder la croix de Christ sans réagir. C’est encore vrai aujourd’hui. Mieux vaut rendre hommage au Fils, comme le recommande le Psaume 2, que se joindre aux moqueurs et aux incrédules voués à la destruction éternelle.

L’agonie de Christ

Le dernier couplet décrit l’agonie terrible de Christ à la croix. Elle est en partie intérieure, alors qu’il endure la haine que la foule lui jette à la figure. Cette foule semblable à des bêtes lui inflige une souffrance supérieure à celle des coups de fouets et des clous. Les qualificatifs abondent : «de nombreux taureaux», un «lion qui déchire et rugit», des «chiens» sauvages, méchants et affamés, un «buffle» sauvage (Psaume 22.13,14,17,22). Et elle est en partie physique : Christ endure une torture inimaginable. Une angoisse brûlante le prive de ses forces ; ses os se sont disloqués, son corps distendu ; il ressent une soif intolérable ; ses mains et ses pieds sont percés (Psaume 22.15-18). À toutes ces blessures s’ajoute la honte de la nudité. Ils ont pris ses vêtements et tiré au sort sa tunique, sa dernière maigre possession (Psaume 22.19).

Quand Adam et Ève entraînent toute l’humanité dans la malédiction et le péché, Dieu, dans sa grâce, pourvoit à des vêtements pour couvrir la honte de leur nudité. Alors qu’à la croix, le Seigneur Jésus renverse la malédiction, même cette marque de la grâce divine lui est refusée. Il paie le prix du péché dans la honte la plus complète. Je vois dans sa nudité un double paradoxe. D’une part, bien que nu, il tisse les vêtements du salut pour son peuple et les revêt d’une robe de justice (Ésaïe 61.10). D’autre part, ce qui ressemble à une défaite totale est en réalité sa victoire suprême. Les soldats avaient l’habitude de se partager le butin de ceux qu’ils avaient vaincus. Mais les possessions de Jésus étaient si maigres qu’un tel partage ne leur rapporterait rien. Ils jettent donc les dés pour savoir qui remportera le trophée. Il semble que les méchants l’ont emporté sur Christ. Or, l’ironie de la situation est que Christ triomphe par sa mort. La croix écrase la tête du serpent. La victoire de Christ sur Satan et sur la mort se manifeste trois jours plus tard lorsque le Seigneur ressuscite d’entre les morts.


Cet article est tiré du livre : Commençant par Moïse… de Michael Barrett