Le dernier « cantique du Serviteur » – Ésaïe 52:13-53:12 (Michael Barrett)

Si ce dernier «cantique du Serviteur» était tout ce que je sais de l’Évangile, j’en saurais beaucoup. Cela suffisait à Philippe pour témoigner à l’Éthiopien : «Commençant par ce passage, [il] lui annonça la bonne nouvelle de Jésus» (Actes8:35). Dans les limites de cette étude, il m’est impossible de rendre justice à la plénitude et à la beauté de cette description du Serviteur souffrant. Aucune étude ne pourra jamais en mesurer la profondeur. Pourtant, une simple lecture suffit déjà à élever le cœur vers des sommets spirituels. Ce cantique présente une théologie très profonde et un arrangement poétique qui en fait un véritable chef-d’œuvre. Il se développe sur cinq strophes de trois vers chacune. Je me contenterai de synthétiser le message principal de chaque strophe, mais je vous encourage à passer du temps à méditer ce passage dans la prière et à vous délecter du message de ce chant si riche en théologie messianique. Je n’ai pas besoin de beaucoup d’indices messianiques pour trouver Christ dans ce chant ; il y apparaît avec clarté à l’œil nu.

Un survol des thèmes développés

La première strophe (Ésaïe 52.13-15) offre un survol des thématiques développées dans le reste du cantique, en soulignant surtout la victoire et l’élévation du Serviteur. Il sera élevé et glorifié, mais le chemin de la victoire passe par les affres de la souffrance et de l’humiliation. Il souffre avec une telle intensité qu’il en est défiguré au point de ne plus ressembler à un homme (d’être un «non-homme» dans le texte d’origine). C’est pourtant ainsi qu’il purifie beaucoup de nations.

L’humiliation du Serviteur

La deuxième strophe (Ésaïe 53.1-3) décrit l’humiliation et le rejet du Serviteur. Il subit cela parce que rien en lui ne permet de voir qu’il est le roi attendu. D’origine modeste, d’apparence quelconque, il n’a rien qui démontre sa royauté. En conséquence, les hommes le méprisent, se détournent de lui et l’abandonnent. Sa vie entière se caractérise par la misère («habitué à la souffrance»), ce qui lui vaut le titre d’«homme de douleur» (Ésaïe 53.3). Il n’a rien d’attrayant aux yeux des hommes ; seul l’œil de la foi est en mesure de voir sa beauté.

La souffrance du Serviteur

La troisième strophe (Ésaïe 53.4-6) décrit de manière frappante la souffrance que le Serviteur subit à la place de son peuple. Il souffre à la fois dans son corps et dans son âme à cause de nos péchés ; sa souffrance et sa douleur en manifestent les conséquences terribles. Cette douleur atteint son paroxysme au moment où Dieu le transperce avec violence pour que les siens obtiennent la paix et le pardon. L’Éternel prend l’initiative de cette exécution substitutive et, afin de m’amener à Dieu, le Serviteur prend sur lui les coups que je mérite (cf. 1 Pierre 2.24,25). Ce passage décrit déjà l’œuvre expiatoire de Christ, même si je dois attendre le Nouveau Testament pour apprendre qu’il l’a accomplie sur une croix romaine.

L’obéissance du Serviteur

La quatrième strophe (Ésaïe 53.7-9) souligne son obéissance volontaire dans la souffrance. Notez la précision des prophéties concernant les événements de sa passion, de son arrestation et de son procès, de sa mort et de sa mise au tombeau. Dans son humilité, il a permis aux hommes de l’affliger sans chercher à se défendre, «lui qui, injurié, ne rendait point d’injures, maltraité, ne faisait point de menaces» (1 Pierre 2.23). Après son arrestation et son procès injuste, il fut retranché de la terre des vivants, avec violence et brutalité, à la place de son peuple. Puis on le mit au tombeau. Ce chapitre offre le récit complet de la passion de Christ. Les seuls détails que le Nouveau Testament y ajoute sont les noms de Judas, Pilate, Hérode et Joseph d’Arimathée.

Le Serviteur élevé

La cinquième strophe (Ésaïe 53.10-12) est le point culminant du passage. Sa mission accomplie, le Serviteur est élevé dans la gloire. Sa souffrance et sa mort n’ont pas été vaines. Le Serviteur accomplit les desseins éternels de Dieu en s’offrant lui-même en sacrifice expiatoire, payant ainsi pour son peuple la totalité de la dette du péché. Dieu est pleinement satisfait de l’œuvre de Christ. En récompense à son obéissance absolue, le Serviteur verra la postérité promise, prolongera ses jours et connaîtra les délices de l’Éternel. Cette promesse suit l’annonce de sa mort expiatoire et prédit ainsi sa résurrection victorieuse et son exaltation méritée. Christ est pleinement satisfait de son œuvre. La connaissance de Christ justifie les pécheurs qui ont part à son héritage en devenant cohéritiers avec lui. Pour sa part, le croyant est pleinement satisfait de Christ. Il n’est pas surprenant qu’on parle souvent de l’évangile selon Ésaïe.


Cet article est tiré du livre : Commençant par Moïse… de Michael Barrett