Le Saint-Esprit, la troisième personne de la trinité

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En tant que chrétiens, nous acceptons cette formule historique de la nature de Dieu selon laquelle « Dieu est un en essence et trois en personne ». Autrement dit, Dieu est trinitaire, c’est-à-dire qu’il constitue une trinité. Cela signifie qu’il y a trois personnes au sein de la divinité. En théologie, ces trois personnes sont considérées comme étant distinctes. Les différences entre les trois, le Père, le Fils et le Saint‑Esprit sont réelles sans être intrinsèques. Cela revient à dire qu’il n’y a qu’une seule essence dans la divinité, et non pas trois. En tant qu’êtres humains, chaque personne que nous rencontrons est un être distinct. Une personne constitue un être, et l’inverse est aussi vrai. Mais en Dieu, il n’y a qu’un seul être avec trois personnes. Nous devons maintenir cette distinction afin de ne pas glisser vers une forme de polythéisme, considérant les trois personnes de la divinité comme étant trois dieux distincts.

Aucun d’entre nous ne peut sonder les profondeurs de la Trinité de manière exhaustive, mais nous pouvons avancer petit à petit vers une meilleure compréhension. Les mots existence et subsistance peuvent nous aider à cet égard.

Existence et subsistance

L’un des jeux auxquels j’aimais jouer avec mes étudiants séminaristes consistait à leur poser la question suivante : « Dieu existe-t-il ? » Ce à quoi ils répondaient tous : « Bien sûr que Dieu existe. » Je leur disais alors : « Non, Dieu n’existe pas, » et c’était toujours amusant de voir les regards horrifiés qui apparaissaient sur leur visage alors qu’ils commençaient à se demander si leur professeur avait renoncé au christianisme et à sa foi. Mais j’avais rapidement pitié d’eux et je leur expliquais alors qu’en affirmant que Dieu n’existe pas je jouais à un petit jeu philosophique.

Le mot « exister » vient du latin existare, qui signifie « ressortir de ». Il signifie donc littéralement « se démarquer ». Cela ne veut pas nécessairement dire que si vous existez, vous êtes exceptionnel dans ce que vous faites. La question évidente est la suivante : de quoi un être qui existe se démarque-t-il ?

Le concept de l’existence trouve ses racines dans la philosophie de l’Antiquité, à l’époque où les philosophes se souciaient de la question de l’être. Cette dernière nous préoccupe également aujourd’hui ; en effet, lorsque nous faisons une distinction entre Dieu et nous-mêmes, pour nous il est l’être suprême, et nous sommes des êtres humains. Toutefois, cette distinction prête quelque peu à confusion. Les deux descriptions utilisent le mot être, et nous nous tournons donc vers des adjectifs qualificatifs pour trouver la dissimilitude qu’il y a entre Dieu et nous : il est suprême et nous sommes humains. En réalité, la grande différence entre Dieu et l’homme se trouve dans l’être lui-même. Dieu est purement être, ayant sa vie en lui-même et par lui-même de toute éternité. L’être humain est une créature, quelqu’un dont l’existence même dépend à chaque instant de la puissance de l’être suprême. En revanche, Dieu ne dépend de rien et il ne tire son existence de rien. Il a en lui-même le pouvoir d’être.

Quand les philosophes de l’Antiquité parlaient de l’existence en utilisant le mot latin qui signifie « ressortir de », ils entendaient par là qu’exister, c’est ressortir de l’être. Qu’est-ce que cela veut dire ? Imaginez deux cercles qui ne se chevauchent pas. Le premier cercle représente « être » et le second le « non-être, » un terme sophistiqué qui veut dire « rien ». Imaginez maintenant un bonhomme-allumette placé entre les deux cercles avec les bras tendus d’un côté et de l’autre. L’un des bras touche le cercle « être » et l’autre, le cercle « non-être ». C’est là une image de l’humanité. Nous participons à l’être, mais en même temps, nous sommes toujours à un pas de l’anéantissement. La seule façon pour nous de survivre est de maintenir notre lien avec le cercle intitulé « être », car il représente celui en qui, comme l’a dit l’apôtre Paul, « nous avons la vie, le mouvement et l’être » (Ac 17.28a) – c’est-à-dire Dieu. Mais même si nous participons à cet être et que nous sommes soutenus par lui, nous nous trouvons à deux doigts du non-être.

Notre croquis de ce personnage imaginaire illustre ce que les philosophes avaient à l’esprit lorsqu’ils parlaient de ressortir de l’être. Nous pourrions dire que les êtres humains sont en état de « devenir ». Nous subissons des changements. Ce que nous sommes aujourd’hui est différent de ce que nous étions hier et de ce que nous serons demain, ne serait-ce que par cette réalité que nous vieillissons de vingt-quatre heures lorsque nous passons d’un jour à un autre. C’est cette facette de l’état d’être humain, le changement, qui définit l’existence. Le changement, les générations, la décomposition, la croissance et le vieillissement sont autant de caractéristiques de notre vie. Dieu, en revanche, est éternellement constant. Il est le même hier, aujourd’hui et éternellement.

En somme, lorsque les philosophes parlaient d’existence, ils définissaient ce que signifie être une créature. Ainsi, quand je me livrais à mon petit jeu avec mes étudiants au séminaire, quand j’affirmais que Dieu n’existe pas, je ne voulais pas dire qu’il n’y a pas de Dieu, mais je déclarais simplement que Dieu n’est pas une créature. Il n’est pas assujetti à l’espace et au temps, soumis au changement, aux différentes générations et à la décomposition. Il est toujours et éternellement ce qu’il est. Il est « JE SUIS ».

Lorsque nous parlons des trois personnes en Dieu, nous n’utilisons généralement pas le mot existence, mais plutôt le mot subsistance. Quelle est la différence entre ces deux mots ? Dans notre vocabulaire habituel, nous utilisons le mot subsistance pour parler de quelqu’un qui vit dans la pauvreté. Nous parlons d’une économie de subsistance, dans laquelle on ne reçoit qu’un maigre salaire, ou d’un régime alimentaire de subsistance, qui n’apporte que les nutriments de base. Notons toutefois que ce mot comporte le préfixe sub-, qui signifie « sous ». Ainsi, la subsistance est une existence qui se trouve sous une entité autre que la sienne. Cette idée est implicite dans le concept de la Trinité. Dieu est un seul être ayant trois subsistances, trois personnes distinctes. Elles subsistent au sein de l’être qu’est Dieu.

La nature personnelle de l’Esprit Saint

Le fait que le Saint‑Esprit soit une personne se voit de multiples façons dans les Écritures. L’une des principales preuves de cette réalité tient au fait que la Bible utilise de manière répétée et cohérente des pronoms personnels pour se référer à lui. Il est appelé « il », « lui », et cetera, et non « ça ». Il accomplit également des choses que nous associons à sa personnalité. Il enseigne, il inspire, il guide, il conduit, il est affligé, il nous convainc de péché, et bien d’autres choses encore. Les objets impersonnels ne se comportent pas de cette manière. Seule une personne peut faire tout cela.

Dans les Écritures, le Saint-Esprit est considéré non seulement comme une personne, mais aussi comme pleinement divin. C’est ce qui ressort d’une étonnante histoire tirée du livre des Actes des Apôtres :

Mais un homme nommé Ananias, avec Saphira sa femme, vendit une propriété, et retint une partie du prix, sa femme le sachant ; puis il apporta le reste, et le déposa aux pieds des apôtres. Pierre lui dit : Ananias, pourquoi Satan a-t-il rempli ton cœur, au point que tu mentes au Saint‑Esprit, et que tu aies retenu une partie du prix du champ ? S’il n’avait pas été vendu, ne te restait-il pas ? Et, après qu’il a été vendu, le prix n’était-il pas à ta disposition ? Comment as-tu pu mettre dans ton cœur un pareil dessein ? Ce n’est pas à des hommes que tu as menti, mais à Dieu (Ac 5.1‑4).

Ananias et Saphira ont péché en prétendant que le don qu’ils apportaient à l’Église revêtait plus de valeur qu’il n’en avait en réalité. Ils ont menti sur la nature de leur offrande à Dieu. Je pense que Pierre était davantage préoccupé par l’état de leur âme que par la somme d’argent qu’ils venaient d’offrir. Remarquez cependant les mots que Pierre emploie dans son reproche à Ananias et à Saphira. Il commence par demander : « Ananias, pourquoi Satan a-t-il rempli ton cœur, au point que tu mentes au Saint‑Esprit ? » Mais il conclut en disant : « Ce n’est pas à des hommes que tu as menti, mais à Dieu. » Ainsi, le mensonge qu’Ananias a dit au Saint‑Esprit a, en réalité, été adressé à Dieu. Cela signifie clairement que le Saint‑Esprit est Dieu.

Les attributs et les œuvres de Dieu

En outre, le Nouveau Testament décrit souvent le Saint‑Esprit comme ayant des attributs qui sont clairement divins. Par exemple, il est éternel (Hé 9.14) et omniscient (1 Co 2.10,11). De plus, il s’agit d’attributs incommunicables, d’attributs divins qui ne peuvent pas être présents chez l’homme.

Nous voyons dans les Écritures que l’Esprit a participé aux œuvres trinitaires de la Création et de la rédemption. Le chapitre 1 de Genèse montre que le Père a ordonné que le monde vienne à exister. Le Nouveau Testament nous dit que l’agent par lequel le Père a fait naître l’univers est le Logos, la deuxième personne de la Trinité, notre Seigneur Jésus‑Christ : « Toutes choses ont été faites par elle, et rien de ce qui a été fait n’a été fait sans elle » (Jn 1.3). Cependant, l’Esprit a également été impliqué dans la Création : « L’Esprit de Dieu se mouvait au-dessus des eaux » (Ge 1.2b). C’est de l’action énergisante de l’Esprit qu’est née la vie.

Le plus important, c’est que la rédemption est une œuvre trinitaire. Le Père a envoyé le Fils dans le monde (1 Jn 4.14). Le Fils a accompli toute l’œuvre nécessaire à notre salut – en menant une vie d’obéissance parfaite et en mourant pour obtenir en notre faveur une satisfaction parfaite (Ph 3.9 ; 1 Co 15.3). Mais toutes ces choses ne nous sont d’aucune utilité tant qu’elles ne s’appliquent pas à nous personnellement. C’est pourquoi le Père et le Fils ont envoyé le Saint‑Esprit dans le monde pour nous accorder le salut (Jn 15.26 ; Ga 4.6). Dans le Nouveau Testament, le rôle du Saint‑Esprit consiste principalement à appliquer l’œuvre de Christ aux croyants.

Savez-vous qui est le Saint-Esprit ? Avez-vous une conception du Saint-Esprit qui implique une relation personnelle ? Ou bien reste-t-il pour vous un concept vague, brumeux, abstrait ou une force illusoire et informe ? En elle-même, une force est impersonnelle, abstraite. Mais le Saint‑Esprit est tout autre. Il est une personne qui fournit au peuple de Dieu les moyens de vivre la vie chrétienne. Dans les prochains chapitres, nous examinerons quelques-unes des manières par lesquelles il s’acquitte de cette mission.


Cet article est extrait du livre : «Qui est le Saint-Esprit ?» de R.C. Sproul