Le cadre biblique en évangélisation (Irving Hexham)

La Bible commence par proclamer la grande vérité selon laquelle Dieu a créé les cieux et la terre. Elle poursuit en racontant l’histoire de la création de l’humanité en énonçant très clairement que tous les hommes ont été créés à l’image de Dieu. Compte tenu du fait que Dieu est le Créateur de toutes choses, il n’y a rien d’étonnant à ce que Dieu ait parcouru sa création et qu’il ait vu que tout ce qu’il avait créé était très bon (Ge 1).

Aujourd’hui, beaucoup de gens dénigrent le récit biblique, car ils y voient le vestige d’une ère préscientifique. Ils disent : « Les chrétiens ne comprennent‑ils pas que nous savons maintenant que la vie découle d’un processus d’évolution ? Les histoires bibliques sont des fables n’ayant pas lieu d’être dans le monde moderne. » Or, bien que cette perception des choses soit répandue, elle est fausse. Elle ne tient aucun compte du caractère unique du récit biblique de la Création ni du fait que celui‑ci nous renseigne réellement au sujet du monde et de la place que nous y occupons.

Ce que la plupart des non‑croyants, et même certains chrétiens, ne comprennent pas, c’est à quel point le récit de la Genèse est révolutionnaire. Pour commencer, il nous indique que le monde que Dieu a créé était et est bon. Il se peut que cela ne semble pas très profond, mais ce l’est. Ce récit contredit plusieurs perceptions inhérentes à des philosophies et à des religions répandues. Par exemple, selon des traditions anciennes appartenant à la philosophie grecque et romaine, on voit le monde comme étant essentiellement mauvais. Les bouddhistes et les hindous conçoivent le monde comme une illusion à laquelle nous devons échapper. D’une manière ou d’une autre, ces religions et d’autres enseignent que la terre et le monde matériel qui nous entourent sont fondamentalement mauvais, une chose à surmonter et à laquelle nous soustraire.

Platon (428‑347 av. J.‑C.) concevait la véritable essence de l’être humain en tant qu’âme immortelle prise dans un corps physique. Or, la Bible réfute catégoriquement cette opinion. Elle enseigne que les choses matérielles et le monde sont bons, et non mauvais, et qu’ils sont là pour que les êtres humains en jouissent.

La Bible indique que Dieu a créé l’humanité, ce qui signifie que tous ceux que nous connaissons et avons rencontrés sont faits à son image. Ainsi, tous les êtres humains sont à même d’entrer en relation avec Dieu et les uns avec les autres. La Bible nous enseigne que, peu importe à quel point les gens sont différents entre eux, ou semblent l’être, ils ont une humanité en commun. Ici encore, cet enseignement contraste tout à fait avec de nombreuses conceptions du monde aujourd’hui répandues.

Ce ne sont pas leur ascendance ni leur culture qui font des gens qui ils sont fondamentalement, mais le fait que Dieu les a créés à son image. Bien entendu, nous ne devons pas penser naïvement que notre vécu, nos parents, notre culture et nos ancêtres n’exercent aucune influence sur nous. Notre histoire personnelle a son importance et façonne notre perspective et notre vie. Quelle qu’elle soit, elle ne peut cependant rien ôter à l’image de Dieu en nous et en tous ceux que nous rencontrons.

La croyance selon laquelle Dieu a créé les êtres humains à son image a pour corollaire le rejet de l’idée que les races ont évolué à partir d’ancêtres différents et sont donc essentiellement différentes. Les chrétiens se sont fortement opposés à ce que l’on connaissait vers la fin du dix-neuvième siècle et au début du vingtième siècle comme un « racisme scientifique1 » et devraient continuer aujourd’hui à y résister. Selon la perspective biblique, il n’existe pas de races humaines ; il n’y a qu’une seule race issue d’ancêtres qu’elle a en commun. L’histoire d’Adam et Ève, aussi curieuse peut-elle sembler à nos contemporains, encourage les chrétiens à rejeter le racisme et tout ce qui en découle.

Qu’est‑ce que cela a à voir avec les religions du monde et la société à la pluralité religieuse croissante dans laquelle nous vivons pour la plupart ? Les premiers chapitres du livre de la Genèse établissent non seulement le fondement de tout ce qui suit dans la Bible, mais encore ils nous procurent le contexte dans lequel s’inscrit notre compréhension des religions du monde. Ils décrivent un monde dans lequel l’humanité a commencé en entretenant une relation avec Dieu et une bonne compréhension de lui. Dans Romains 1.19-23, Paul écrit que les êtres humains continuent d’avoir le sentiment que Dieu existe et que la création témoigne elle‑même de son existence.

Ce ne sont pas leur ascendance ni leur culture qui font des gens qui ils sont fondamentalement, mais le fait que Dieu les a créés à son image.

La Bible nous amène à nous attendre à ce que les êtres humains cherchent Dieu et à comprendre qu’à cause de la chute, une telle recherche les conduirait à adhérer à de fausses traditions religieuses tout en adorant le seul vrai Dieu. Bien que la Bible condamne clairement l’adoration mal placée, elle ne méprise ni le besoin qu’a l’être humain de Dieu ni sa connaissance innée de lui, même s’il la réprime parfois2.

Le grand leader chrétien Augustin d’Hippone (354‑430 apr. J.‑C.) a bien exprimé le désir ardent que tous ont de Dieu dans son livre intitulé Les Confessions. Il déplorait le fait que des gens adoraient Dieu sans le connaître, ou du moins sans en avoir reçu une révélation. Augustin en a conclu que cette montée des religions non chrétiennes était attribuable au caractère naturel de la recherche humaine de Dieu et au fait que, pour connaître le vrai Dieu, nous avons tous besoin de directives. Voilà la tâche d’évangélisation qui nous incombe. La grande question est de savoir comment nous y prendre.


Cet article est tiré du livre : À la rencontre des religions du monde de Irving Hexham.


  1. Voir Elazar Barkan, The Retreat of Scientific Racism, Cambridge, Cambridge University Press, 1992 ; Saul Dubow, Scientific Racism in Modern South Africa, Cambridge, Cambridge University Press, 1992.
  2. Romains 1.19-23.