L’alliance mosaïque (Michael Barrett)

Dieu a choisi Israël pour être la nation particulière d’où serait issu son Fils. Dans sa grâce, il explique son alliance aux Israélites et la renouvelle avec eux (cf. Romains9.4,5). Toutes les nations bénéficieront de la venue de Christ, mais Israël joue un rôle unique dans les desseins de Dieu. Quel privilège ! La grande tragédie est que la Parole «est venue chez les siens, et les siens ne l’ont point reçue» (Jean1:11). Pourtant, Paul affirme : «Ainsi tout Israël sera sauvé, selon qu’il est écrit : Le libérateur viendra de Sion, et il détournera de Jacob les impiétés ; et ce sera mon alliance avec eux, lorsque j’ôterai leurs péchés» (Romains 11.26,27). En comparant Romains 9 et 11, deux aspects semblent ressortir de l’alliance de Dieu avec Israël, l’un passé et l’autre actuel.

Dieu s’est souvenu de son alliance

L’aspect passé concerne les événements qui se produisent après la délivrance du peuple Israël. Dieu s’est souvenu «de son alliance avec Abraham, Isaac et Jacob» (Exode 2.24). Il délivre le peuple de l’esclavage et fait de lui une nation. L’Exode d’Égypte est le «Jour de l’Indépendance» d’Israël, la naissance de leur nation. À leur arrivée au mont Sinaï, Dieu conclut une alliance avec eux (Exode 19). Croire que cette alliance diffère de manière fondamentale de l’alliance abrahamique est une erreur herméneutique et théologique, car c’est l’avancement de l’alliance abrahamique qui conduit la nation à cet endroit. Opposer ces deux alliances néglige à la fois le contexte immédiat et le fondement que Dieu a révélé au préalable. Il serait étrange que Dieu délivre le peuple de l’esclavage selon les termes de l’alliance abrahamique pour ensuite remplacer celle-ci par une autre alliance. Avec l’alliance mosaïque, Dieu renouvelle et étend ses promesses précédentes. Rappelons-nous qu’il est impossible d’isoler légitimement un texte de son contexte. Dieu s’attend à ce qu’on prenne en compte ce qu’il a déjà dit. Je suggère que l’alliance mosaïque possède la même essence que toutes les autres : le message de l’Évangile de Christ.

Chaque alliance fait néanmoins avancer la connaissance de cet Évangile et se concentre sur un aspect particulier de la révélation. L’alliance mosaïque en révèle deux. Le premier concerne l’œuvre de Christ. Les alliances avec Adam, Noé, Abraham et David identifient de manière toujours plus précise la personne du Messie ; l’alliance avec Moïse, elle, révèle son ministère de médiation. Elle est une réflexion théologique dans laquelle l’Éternel explique ce que la Postérité doit faire pour renverser la malédiction du péché et devenir la bénédiction annoncée pour le monde. Les rituels, les sacrifices et les cérémonies complexes liés au tabernacle dépeignent l’œuvre de Christ. Ces images sont remplies de sa personne. Elles sont donc un endroit stratégique où le chercher.

Une réponse à la promesse de Christ

Le deuxième aspect concerne la réponse nécessaire à la promesse de Christ. L’existence de ce dernier n’est pas en soi ce qui sauve. Si rien d’autre n’était nécessaire, personne ne périrait jamais, puisque l’existence de Christ est un fait incontestable. S’approprier à titre personnel Christ par la foi est ce qui sauve. La promesse alliancielle de la venue de Christ et de son œuvre suffisante est inconditionnelle, et rien n’a pu empêcher son accomplissement. Mais il existe des conditions au salut. La foi et la repentance de l’individu sont la condition pour qu’il puisse faire l’expérience de Christ et de son œuvre. C’est ce que l’Éternel présente au peuple en Exode 19.5, un texte souvent très mal interprété. Dans sa grâce, il leur offre son alliance : «Maintenant, si vous écoutez ma voix [mes paroles] et si vous gardez mon alliance, vous m’appartiendrez [vous serez pour moi comme un trésor] entre tous les peuples.» À moins de définir le mot «alliance» d’une manière totalement différente (et il n’y a aucune raison de le faire), obéir à ce commandement équivaut à obéir à l’Évangile. Obéir aux termes de cette alliance ne revient pas à rejeter la promesse, loin de là ; obéir, c’est accepter et recevoir la grâce.

Dieu ordonne à Abraham : «Marche devant ma face, et sois intègre. J’établirai mon alliance entre moi et toi» (Genèse 17.1,2). Abraham crut en Dieu. Le patriarche devait répondre à ce que l’Éternel avait révélé, et il le fit en obéissant à l’alliance et en la gardant. De la même manière, le Nouveau Testament décrit les termes nécessaires au salut individuel. La conversion consiste à croire et à se repentir. Selon l’apôtre Paul, les hommes condamnés à la destruction éternelle sont «ceux qui n’obéissent pas à l’Évangile de notre Seigneur Jésus» (2 Thessaloniciens 1.8,9). Jérémie avait déjà tenu un discours similaire : «Maudit soit l’homme qui n’écoute point les paroles de cette alliance» (11.3).

Il n’y a aucune différence entre obéir à l’Évangile en 2 Thessaloniciens et obéir à l’alliance et la respecter en Exode 19. Ne pas obéir à l’alliance revient à rejeter le message de l’Évangile de Christ. Obéir à l’alliance équivaut à croire en l’Évangile. L’homme doit s’approprier la promesse à titre personnel, comme le montre le fait que Moïse renouvelle cette même alliance avec la génération suivante dans le livre du Deutéronome. La réponse des parents ne garantissait pas celle des enfants. La responsabilité de croire et d’obéir revient à chacun de manière individuelle. C’est ce que Moïse prêche dans le cadre de cette alliance de grâce conclue avec le peuple. C’est ce que tout prédicateur fidèle de l’Évangile proclame aujourd’hui. Face aux affirmations de Jésus-Christ, tout homme doit répondre pour lui-même, à l’époque de Moïse comme aujourd’hui. Si tu as entendu parler de Jésus, la question est toujours : Que vas-tu faire de Jésus ?

Le contexte canonique de l’alliance mosaïque

Une dernière réflexion me semble utile pour aider à garder l’alliance mosaïque dans une perspective appropriée par rapport aux alliances précédentes. Des centaines d’années séparent le contexte historique de la Genèse de celui de l’Exode, mais le contexte canonique est le même. Je veux dire par là que les deux livres ont été écrits par le même homme, environ à la même époque et pour les mêmes personnes. En d’autres termes, la Genèse et les différents rituels du tabernacle servent tous deux à instruire le même peuple. Dans la Genèse, Dieu révèle sa fidélité et sa détermination infaillible à sauver son peuple à travers la Postérité promise ; dans les rituels du tabernacle, il révèle l’œuvre de cette Postérité.

À travers la Genèse, il décrit la foi justificatrice d’Abraham, une foi que même les auteurs du Nouveau Testament utilisent pour expliquer la foi qui sauve ; et ceci, à l’adresse du même peuple à qui il ordonne d’obéir à son alliance et de la respecter. La centralité de la Postérité et la foi en la Postérité indiquent ce que signifie obéir à l’alliance. Il est toujours utile d’interpréter la Bible dans son contexte. La Genèse est le contexte théologique dans lequel il faut comprendre l’Exode. Cela vaut aussi bien pour Israël que pour nous. La Genèse est le «contrepoids» théologique qui empêche Israël d’interpréter la loi cérémonielle hors du contexte de la Postérité promise. Certains n’ont pas cru en l’Évangile ou l’ont mal interprété, mais cela n’annule pas les desseins fidèles de Dieu (cf. Romains3.3), pas plus que l’incrédulité et les déformations de l’Évangile ne peuvent aujourd’hui altérer les desseins de Dieu en Christ.


Cet article est tiré du livre : Commençant par Moïse… de Michael Barrett