La pertinence de la repentance (Paul Helm)

Pourquoi la repentance ? Dans l’expérience de l’individu, la conversion chrétienne marque le début de sa recréation en tant que personne. Elle est le commencement de la restauration de l’image divine chez l’homme, le début de sa recréation en tant qu’« homme nouveau », membre de la nouvelle humanité sous la direction du dernier Adam (1 Corinthiens 15:45). La rédemption et la restauration des pécheurs par Christ sont l’œuvre de Dieu, accomplies sur sa propre initiative. 

La publication et l’annonce de la bonne nouvelle sont l’œuvre de Dieu, accomplies sur sa propre initiative par le moyen de la révélation divine. De la même manière, c’est Dieu qui, sur sa propre initiative, applique l’œuvre salvatrice de Christ à l’individu, l’unit à Christ et lui permet de bénéficier de la mort et de la résurrection de ce dernier. La rédemption est l’œuvre de Dieu, à la fois dans son accomplissement objectif et dans son application subjective. En ce sens, l’œuvre de la conversion est tout à fait pertinente.

La relation fondamentale qui unit Dieu à son humanité est morale et spirituelle

Il existe un autre sens dans lequel la repentance est tout à fait pertinente dans le dessein divin de recréation des hommes et des femmes en Christ. La relation fondamentale qui unit Dieu à son humanité est morale et spirituelle. L’homme a été créé pour être en communion avec Dieu, uni à lui dans une relation de cœur à cœur où règnent l’amour et la confiance, une relation fondée sur la loi divine de l’amour. C’est une relation unique. Elle n’est pas comparable à l’amitié humaine, aussi profonde soit-elle, car l’amitié unit deux personnes égales et revêt un caractère informel. Pour qu’une telle communion puisse être restaurée par Christ, elle doit s’accompagner du changement moral et spirituel adéquat. On ne parle pas seulement d’un changement dans le statut moral (la culpabilité est enlevée grâce à l’expiation de Christ), mais aussi d’une transformation dans la relation personnelle, d’où la promesse : 

« Je mettrai ma loi au-dedans d’eux, je l’écrirai dans leur cœur » (Jérémie 31:33 ; Hébreux 10:16).

La repentance est un élément indispensable

La conversion est donc une nécessité. Il faut s’y attendre dès lors que, dans sa grâce, Dieu œuvre pour restaurer la relation brisée entre lui et ceux qui sont créés à son image. La repentance en est un élément indispensable. Il est regrettable qu’on l’associe souvent à quelque chose d’entièrement négatif, voire de dur, en la considérant presque exclusivement en termes de ce dont on se repent. Or se repentir signifie « changer de mentalité ». Il ne s’agit pas de simplement faire le vide dans son esprit, et certainement pas de réduire ou fermer son esprit. C’est un renouvellement de l’esprit. Benjamin Warfield le décrit comme :

« Le changement de mentalité fondamental par lequel nous ne tournons pas le dos seulement à un péché ou même à certains péchés, mais à tout péché. Un changement dans lequel nous tournons résolument le visage vers Dieu et son service ; un changement dont le fruit est une vie transformée. »

La repentance consiste à la fois dans le rejet de la vie passée, le « vieil homme », et dans l’approbation et l’adoption de ce qui est bon et saint. L’accent se place donc sur ces deux aspects. La véritable repentance implique de se détourner des idoles afin de servir le Dieu vivant et vrai (1 Thessaloniciens 1:9).

Comment est-il raisonnablement et légitimement possible de s’attendre à bénéficier d’une communion profonde avec Dieu, de la « connaissance » de Dieu, tout en cautionnant encore les anciennes habitudes de vie qui sont le fruit d’une attitude et d’un comportement coupables ? Ce n’est possible qu’en s’autorisant une hypocrisie des plus flagrantes, professant aimer Dieu tout en adhérant encore aux anciennes voies. Les anciennes préférences de l’homme doivent être éradiquées, ce qui est l’œuvre de toute une vie. Mais la rupture et le changement décisifs s’effectuent à la conversion, lorsque l’individu abandonne son ancienne vie pour se délecter de la loi divine (Romains 7:22), ce qui constitue le fondement de sa communion renouvelée avec Dieu.


Cet article est tiré du livre : La conversion de Paul Helm