La lumière de Dieu amène toute vérité à la lumière (John Piper)

Grâce au christianisme, je vois tout le reste

Dans cet article, nous allons approfondir quelques pensées engendrées par le Psaume 36 : « C’est par ta lumière que nous voyons la lumière » (v. 10). Ces pensées se nourrissent aussi du catalyseur qu’est la célèbre citation de C. S. Lewis : « Je crois au christianisme comme je crois que le soleil s’est levé ; non seulement parce que je le vois, mais aussi parce que grâce à lui, je vois tout le reste. »

D’habitude, lorsque nous cherchons à avoir des convictions solides quant à une parole qui prétend être la vérité dans ce monde, nous nous servons de toute notre expérience humaine pour la tester et essayer de lui donner du sens. Ce que nous savions déjà, par expérience avant d’entendre cette parole, nous l’appliquons à cette parole pour la tester et voir si elle est à la hauteur. S’accorde-t-elle avec ce que nous savons être vrai ? À la lumière de ce que nous savons déjà, fait-elle sens ? Ce que nous savons par expérience sert de norme, d’arbitre, de mesure de la vérité.

« Je suis la Norme, l’Arbitre, la Vérité »

Mais comment réagir devant la déclaration suivante : « Je suis la Norme, l’Arbitre, la Vérité » ? Cette affirmation est unique. Elle ne ressemble pas aux autres déclarations qui se prétendent être la vérité dans ce monde. Quand la Mesure suprême de toute réalité s’exprime, vous ne pouvez pas la soumettre à la mesure de votre intelligence ou de votre expérience du monde : c’est la Mesure suprême qui les a créés ! Lorsque la Norme suprême de toute vérité et de toute beauté paraît, elle n’est pas au banc des accusés pour être jugée par des perceptions antérieures de la vérité et de la beauté que nous appelons à la barre du tribunal.

Nous voyons l’original éternel et absolu comme véritable et magnifique non parce qu’il s’harmonise avec ce que nous savons, mais parce que toute la vérité et toute la beauté que nous connaissons s’harmonisent en lui. Il en est leur étalon de mesure et leur source. Ce n’est pas la lumière de ce monde qui lui confère son sens et le rend plausible ; c’est lui qui donne son sens au monde. Il est le sens. Ce n’est pas la lumière que nous avons dans ce monde qui l’éclaire et révèle sa vérité. Il est la lumière du monde, et c’est par sa lumière que nous voyons la lumière.

« C’est par ta lumière que nous voyons la lumière »

Le verset 10 du Psaume 36 affirme : « Car c’est auprès de toi qu’est la source de la vie, et c’est par ta lumière que nous voyons la lumière. » Que signifie que par la lumière de Dieu nous voyons la lumière ? Regardons au contexte. Les cinq premiers versets du Psaume décrivent la condition de ceux qui ne connaissent pas « la crainte de Dieu » (v. 2). Au contraire, « la parole de révolte du méchant pénètre au fond de mon cœur » (v. 2). Que dit-il ? « Il se voit d’un œil trop flatteur pour reconnaître son crime et le détester » (v. 3). Le déni de Dieu et le pouvoir du péché plongent l’homme dans un monde illusoire ; il pense qu’il se suffit à lui-même et qu’il se trouve en sécurité, alors il s’abandonne à des paroles mensongères et à des actions mauvaises (v. 4,5). Il ressemble à une fourmi qui nie l’existence de la terre, ou un oiseau qui nie l’existence de l’air, ou un poisson qui nie l’existence de l’eau.

Puis, le psalmiste (David) oppose la majesté de Dieu aux illusions du méchant : « Éternel, ta bonté s’élève jusqu’au ciel, ta fidélité atteint les nuages. Ta justice est aussi haute que les montagnes de Dieu, tes jugements sont profonds comme le grand océan. Éternel, tu secours les hommes et les bêtes » (v. 6,7). L’homme qui nie l’existence de Dieu, ainsi que les bêtes qui ne connaissent pas Dieu, sont nourris et protégés par le Dieu qu’ils ignorent. L’homme et la bête peuvent être aveugles devant la gloire des hautes montagnes et des profonds abîmes, ces derniers ne disparaissent pas de la terre pour autant.

David, lui, sait l’immensité de l’amour de ce Dieu qui soutient toutes choses. Il chante son infinie valeur : « Combien ta bonté est précieuse, ô Dieu ! » (v. 8.) Qu’elle en ait conscience ou non, David confesse que toute l’humanité subsiste uniquement grâce aux soins providentiels de Dieu. La vie, le souffle et tout le reste lui sont donnés par Dieu. « À l’ombre de tes ailes, les hommes cherchent un refuge. Ils se rassasient de l’abondance de ta maison, et tu les fais boire au torrent de tes délices » (v. 8,9). Ceux et celles – les enfants de l’humanité – qui n’ont pas « la crainte de Dieu », qui se voient « d’un œil trop flatteur » et sont persuadés qu’ils sont autonomes et en sécurité loin de Dieu – ces gens-là vivent de l’abondance de la maison de Dieu sans même le savoir. Ils s’abreuvent au torrent de ses délices. Ils sont nourris et protégés par le Dieu qu’ils nient.

Comment est-ce possible ? Le verset 10 commence par la conjonction « car » qui indique la raison : « Car c’est auprès de toi qu’est la source de la vie, et c’est par ta lumière que nous voyons la lumière. » La raison pour laquelle ceux qui n’ont aucune crainte de Dieu peuvent, eux aussi, vivre et boire de la vie de Dieu, c’est que Dieu est la source de toute vie. Il n’y a pas de vie en dehors de Dieu. Et Dieu est la source de toute lumière. En dehors de Dieu, il n’existe ni lumière, ni connaissance, ni sagesse. Toute vie et toute connaissance sont dépendantes de Dieu. Si nous avons la vie, nous vivons par lui. « En effet, c’est en lui que nous avons la vie, le mouvement et l’être » (Ac 17.28). Et si nous possédons quelque connaissance que ce soit, c’est par lui que nous connaissons. « C’est de lui, par lui et pour lui que sont toutes choses » (Ro 11.36). Nous ne faisons pas la lumière sur Dieu en utilisant la lumière que nous voyons. C’est lui qui est l’origine, c’est lui la source. Si nous possédons une certaine mesure de lumière, c’est lui qui nous éclaire quant à ce que nous voyons, pas nous. 

La vrai lumière: Jésus-Christ

C’est pourquoi lorsque le Fils de Dieu est venu dans le monde – quand la Parole s’est faite chair (Jn 1.14) – il était « la vraie lumière qui, en venant dans le monde, éclaire tout être humain » (Jn 1.9). L’origine, la source, a intégré le flot de la création qui provient de lui. La lumière est entrée dans la lumière qu’il a créée. Jésus-Christ est unique. Il est réellement créature et réellement Créateur – une personne en deux natures. Il est possible de le connaître, et il est celui qui rend toute connaissance possible. Il est un point de lumière – un point de vérité et de connaissance – qui pénètre dans notre esprit, et il est la lumière par laquelle nous pouvons voir tous les points de lumière. Nous savons donc qu’il est la vérité non parce que notre lumière nous le montre, mais parce que sa lumière divine resplendit d’une gloire unique qui illumine et explique tout.

Il en est de même de sa Parole, les Écritures, qui sont organiquement reliées à la Parole incarnée. Christ étant la lumière du monde, il est la somme et l’éclat de toute la vérité de l’Ancien Testament. Et il a voulu que la lumière qu’il a apportée dans le monde soit préservée à nouveau comme la somme et l’éclat de la vérité du Nouveau Testament. Selon Herman Bavinck, l’Écriture « est le produit de l’incarnation de Dieu en Christ et, dans un sens, sa continuation ». Nous savons donc que les Écritures sont la vérité non parce que notre lumière nous le montre, mais parce que leur lumière divine resplendit d’une gloire unique qui illumine et explique tout.


Cet article est tiré du livre : Une gloire particulière de John Piper