La manière dont Dieu conduit à la foi : trois images tirées de la Bible (John Piper)

Nous allons nous arrêter sur l’étendue et la nature de la providence de Dieu dans la création, la préservation et le perfectionnement d’un peuple qui vivra éternellement « pour célébrer la gloire de sa grâce » (Ép 1.6). Cette providence s’enracine dans l’éternité, parce que la grâce que nous louerons pour toujours est « la grâce [de Dieu] qui nous a été donnée en Jésus-Christ avant les temps éternels » (2 Ti 1.9). Je ne débuterai pas mon propos là où la providence a commencé dans l’éternité passée ou bien là où elle finira dans la glorification éternelle, mais plutôt au milieu de l’échelle du temps, là où la providence divine fait irruption dans nos vies, à l’instant de notre conversion à Christ.

La question est donc la suivante : quelles sont la nature et l’étendue de la providence de Dieu dans notre venue à la foi en Christ ? L’expérience ne peut nous l’apprendre, seules les Écritures le peuvent. Les douleurs à la poitrine ne nous renseignent ni sur la nature, ni sur l’étendue d’une insuffisance cardiaque, ni sur la procédure suivie par le chirurgien lors d’une opération à cœur ouvert. Seuls les médecins sont capables de l’expliquer.

Dieu seul connait l’étendue de notre péché

Nous réalisons que nous souffrons d’une insuffisance cardiaque, l’opération chirurgicale qui s’ensuit est un succès et cette expérience a un effet transformateur sur notre vie. La raison à cela est que les médecins ont une connaissance bien plus vaste que la nôtre sur le sujet et peuvent, donc, accomplir infiniment plus que nous dans ce domaine. Il en est de même de la Parole de Dieu et de l’Esprit. Dieu seul connait la nature et l’étendue du mal dont nous souffrons, c’est-à-dire le péché.

Et lui seul sait de quelle manière sa providence nous conduit à la foi. Il nous en dit suffisamment sur cette œuvre glorieuse pour mettre un frein à notre arrogance, exalter sa grâce, nous donner de l’espérance, dynamiser notre obéissance et nous préserver jusqu’à la fin. C’est cette grande œuvre de la providence que nous examinerons dans ce chapitre et dans le suivant.

La condition de laquelle Dieu nous sauve

Au moins trois descriptions bibliques de la providence de Dieu conduisant à la foi dépeignent notre éloignement de Christ comme une mort. Nous l’avons vu dans le chapitre précédent, dans la description biblique de chaque individu avant sa conversion à Christ : « Vous étiez morts par vos offenses et par vos péchés » (Ép 2.1).

Cet état de mort comprend aussi bien un aveuglement à la vérité et à la beauté de Christ (2 Co 4.4) – « en voyant ils ne voient point » (Mt 13.13) – qu’une incapacité à saisir les choses que Dieu communique par son Esprit, en Christ : « Mais l’homme naturel […] ne peut les connaître » (1 Co 2.14). En d’autres mots, cette mort est un état « d’endurcissement de cœur » (Ép 4.18) qui ne peut se soumettre à Dieu et « ne peut [lui] plaire » (Ro 8.7,8).

Notre désir de ne pas nous soumettre à Dieu

Nous pouvons également relevé que cette incapacité n’est pas un esclavage qui nous empêcherait de faire ce à quoi nous aspirons, c’est-à-dire plaire à Dieu, mais bien une servitude due à l’ampleur de notre désir de ne pas nous soumettre à Dieu. Notre bonne volonté n’est pas emprisonnée par quelque chose d’extérieur à nous-mêmes ; notre volonté rebelle est la prison intérieure.

Notre servitude est la force accablante de notre cœur qui préfère s’autoglorifier plutôt que se soumettre à Dieu. S’il existe un espoir qu’un jour notre cœur endurci, rebelle, insoumis et mort se confie en Jésus et le chérisse, il faudrait qu’il se produise dans notre vie un événement si radical, que l’on ne pourrait que lui donner les noms de nouvelle naissance, de résurrection d’entre les morts ou de nouvelle création. D’ailleurs, ce sont précisément les noms que l’on donne à l’œuvre de la providence salvatrice de Dieu qui conduit à la foi.

La nouvelle naissance

La première de ces trois descriptions bibliques de la providence de Dieu conduisant à la foi est celle de la nouvelle naissance. Si la conséquence de notre première naissance – notre naissance naturelle par notre mère naturelle – est un état de mort spirituelle, alors nous sommes sans espoir à moins d’expérimenter une nouvelle naissance, c’est-à-dire le genre de miracle qui remplace la mort par la vie, l’aveuglement par la vue et l’endurcissement par une douce soumission. Jésus a enseigné que la nouvelle naissance est le seul espoir de voir le royaume de Dieu :

En vérité, en vérité, je te le dis, si un homme ne naît de nouveau, il ne peut voir le royaume de Dieu […] Ce qui est né de la chair est chair, et ce qui est né de l’Esprit est esprit. Ne t’étonne pas que je t’aie dit : « Il faut que vous naissiez de nouveau ». Le vent souffle où il veut, et tu en entends le bruit ; mais tu ne sais d’où il vient, ni où il va. Il en est ainsi de tout homme qui est né de l’Esprit (Jn 3.3 ; 6-8).

Ce qui est né de la chair est chair

Lorsque Jésus déclare : « Ce qui est né de la chair est chair, et ce qui est né de l’Esprit est esprit », il insinue que par notre première naissance nous n’avons pas de vie spirituelle. Notre « esprit » est mort et, au vu de son utilité pour la connaissance et l’amour de Dieu, autant dire qu’il n’existe pas. Nous ne sommes alors que « chair », dans le sens où nos capacités à nous connecter à Dieu en vue du salut sont inexistantes. La chair, qui comprend le cerveau humain, peut être extraordinaire. Elle peut créer des ordinateurs, trouver des remèdes à des maladies et envoyer un rover sur Mars ! Mais elle ne peut saisir la beauté de Christ ou se soumettre avec joie à la Parole de Dieu. Dans ce sens-là, aucun de nous n’a la vie.

Jésus a dit dans Jean 6.63 : « C’est l’Esprit qui vivifie ; la chair ne sert à rien. » C’est ce qu’accomplit l’Esprit de Dieu lors de la nouvelle naissance – il vivifie. Ainsi, lorsque Jésus déclare que « ce qui est né de l’Esprit est esprit » (3.6), il affirme, de fait, que « l’Esprit de Dieu vivifie notre esprit pour qu’il soit à présent une réalité vivante ». Nous nous réveillons, comme de la mort, à la vérité et à la beauté de Christ.

Il souffle où il veut

Jésus compare ensuite l’œuvre de l’Esprit, dans la nouvelle naissance, au souffle du vent : « Le vent souffle où il veut, et tu en entends le bruit ; mais tu ne sais d’où il vient, ni où il va. Il en est ainsi de tout homme qui est né de l’Esprit » (Jn 3.8). Le fait est que la nouvelle naissance n’est pas sous notre contrôle. « Il souffle où il veut », non pas où nous voulons. Il s’agit du pronom « il », car Jésus présente l’Esprit non comme une simple entité ou force, mais comme une personne (Jn 14.15‑18,26).

L’important à retenir dans le passage de Jean 3.8 est que l’Esprit est libre de donner la vie à qui il veut. Il n’est pas sous notre contrôle. Comment pourrions-nous l’obliger à agir alors que nous sommes morts ? Lorsqu’on naît de l’Esprit, on fait l’expérience du miracle de la vie – comme si on était debout, complètement immobile, dans une chaleur humide, et que tout à coup, sans y être pour quoi que ce soit, une brise fraîche nous caressait la joue. Ou mieux encore, comme si l’on se tenait debout, aveugle, dans la beauté de la lumière du jour, et que, brusquement, a priori sans aucune raison, on voyait ! Un miracle s’est produit ! « Mais tu ne sais d’où il vient, ni où il va ». C’est ainsi que l’Esprit agit librement pour donner la vie.

Il nous ordonne de faire ce que nous sommes incapables de faire

Vous pourriez vous poser la question suivante : Comment Jésus peut-il nous commander de naître de nouveau si, de fait, c’est l’œuvre de l’Esprit ? Il y a deux raisons à cela. La première est qu’il est juste, bon et approprié pour chaque être humain d’aimer ce qui est beau, de trouver du plaisir dans ce qui fait plaisir, d’admirer ce qui est admirable, d’adorer ce qui est infiniment digne et de se soumettre à une autorité profondément sage et bonne.

Le fait que sans conversion je déteste faire toutes ces choses n’est pas une excuse pour ne pas les faire. Si mon incapacité d’aimer Dieu, de prendre plaisir en lui, de l’admirer, de l’adorer et de me soumettre à lui est le fruit de mon exaltation propre qui surpasse mon exaltation de Dieu, cela n’en demeure pas moins une obligation pour moi. Je dois faire ce qui est juste, même si le pouvoir de mes préférences égoïstes m’en empêche. Voici, donc, la première réponse : Jésus a parfaitement le droit de m’imposer d’être juste, même si mon penchant pour le mal m’en empêche. Autrement dit, Jésus a raison de m’ordonner de naître de nouveau, même si pour cela, il est nécessaire que se produise un miracle de la providence divine.


Cet article est tiré du livre : « La providence de Dieu » de John Piper